Œuvres de François Fabié - Tome 2/Lit d’Enfants
UN trou triangulaire et noir sous l’escalier
Qui conduisait vers la charpente,
— Trou presque au ras du sol, accueillant, familier,
Douillet et tout empli d’une ombre enveloppante :
C’était mon lit, du temps que j’étais écolier.
Lit que je partageais avec mon jeune frère,
Avec les chats de la maison,
Qui souvent s’y venaient chauffer et nous distraire,
Dans la rigoureuse saison…
Doux lit d’où nous voyions celui de notre mère !
La fièvre n’y venait jamais nous visiter,
Ni l’angoisse, ni l’insomnie ;
Mais des songes, si beaux, qu’on souffre à les quitter,
Et, dès l’aube, la fraîche et joyeuse harmonie
Du moulin et de l’eau qui semblaient se hâter.
« Debout, les paresseux ! » criait une voix forte
Dans un bruit de sabots fuyant :
Notre père ! — Il fallait se lever, mais qu’importe ?
Notre mère nous embrassait en souriant,
Et des flots de soleil entraient à pleine porte.
Et, pour nous égayer tout à fait, à l’instant
Où nous quittions notre couchette.
Une pondeuse à crête rouge, en caquetant
Derrière l’oreiller, s’y glissait en cachette,
Et Chanteclair au seuil l’attendait — éclatant !