Œuvres de Florian/Fables/1/La Mort

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Œuvres de FlorianCollection des grands classiques français et étrangers (p. 15).


La Mort.


La Mort, reine du monde, assembla, certain jour,
Dans les enfers toute sa cour.
Elle voulait choisir un bon premier ministre
Qui rendît ses états encor plus florissants.
Pour remplir cet emploi sinistre,
Du fond du noir Tartare s’avancent à pas lents
La Fièvre, la Goutte et la Guerre.
C’étaient trois sujets excellens ;
Tout l’enfer et toute la terre
Rendaient justice à leurs talents.
La Mort leur fit accueil. La Peste vint ensuite.
On ne pouvait nier qu’elle n’eût du mérite,
Nul n’osait lui rien disputer ;
Lorsque d’un médecin arriva la visite,
Et l’on ne sut alors qui devait l’emporter.
La Mort même était en balance :
Mais les Vices étant venus,
Dès ce moment la Mort n’hésita plus,
Elle choisit l’Intempérance.