Œuvres de Blaise Pascal/Biographies/1

Copie d'un mémoire écrit de la main de Mademoiselle Marguerite Périer
Texte établi par Léon Brunschvicg et Pierre BoutrouxHachette (I. Biographies. — Pascal jusqu'à son arrivée à Paris (1647)p. 3-22).




I

ÉTIENNE PASCAL


(1588-1651.)

Manuscrit de la Bibliothèque Mazarine à Paris, no 4552
(de la succession du P. Adry, de l’Oratoire).



COPIE D’UN MÉMOIRE
ÉCRIT DE LA MAIN
DE MADEMOISELLE MARGUERITE PERIER



Monsieur Pascal, mon grand pere, se nommoit Estienne Pascal. Il estoit fils de Martin Pascal[1], tresorier de France, et de Marguerite Pascal de Mons, qui estoit fille de M. Pascal de Mons, senechal de Clermont, dont la famille avoit esté annoblie par le roi Louis XI, en consideration des services rendus par Estienne Pascal, maistre des requestes[2].

Estienne Pascal fut envoyé à Paris pour faire ses estudes de droit, et fut recommandé par Martin Pascal, son pere, à M. Arnauld avocat, père de M. d’Andilly et de M. Arnauld[3]. Lorsqu’il eut achevé ses estudes, il revint à Clermont et acheta une charge d’eslu, et ensuite il fut president de la cour des aydes[4].

Il espousa, en 1618[5], Antoinette Begon[6].

Il en eut en 1619 un fils qui mourut aussitost apres son baptesme[7].

En 1620 il eut une fille nommée Gilberte Pascal, qui fut mariée en 1641 avec Florin Perier, conseiller à la cour des aydes, qui estoit son cousin issu de germain, sa mere[8] estant cousine germaine d’Estienne Pascal, mon grand pere.

En 1623 Estienne Pascal eut un fils nommé Blaise Pascal, mon oncle.

En 1625 il eut une fille nommée Jacqueline Pascal, qui est morte religieuse de Port-Royal.

En 1628[9] Antoinette Begon, femme d’Estienne Pascal, mourut âgée de vingt-huit ans.

En 1630 Estienne Pascal vendit sa charge de deuxieme president à la cour des aydes à son frère Blaise Pascal, et la plus grande partie de ses biens[10], qu’il mit en rente sur l’hostel de ville de Paris[11] où il se retira pour vaquer à l’éducation de ses enfants, et surtout à celle de Blaise Pascal.

En 1638, mon grand pere estant à Paris, il arriva que l’on fit de grands retranchemens des rentes sur l’Hostel de ville ; et comme son principal bien estoit de cette qualité là, ayant vendu en Auvergne ses charges, sa maison, et tous ses autres biens, pour le convertir en cette sorte de bien qu’il trouvoit plus commode dans le dessein qu’il avoit de demeurer à Paris, et d’y eslever sa famille du soin de laquelle il estoit entièrement chargé, ayant perdu sa femme, il se trouva donc très intéressé dans ces affaires. Beaucoup d’autres personnes de Paris estoient dans les mesmes termes ; et on faisoit sur ce sujet des assemblées chez M. le Chancelier Seguier[12] où se trouvoient ces personnes là. Il arriva un jour, où l’on avoit resolu un retranchement tres considerable, que quelques uns de ces messieurs qui estoient là s’emportèrent très fort : cela en excita d’autres et causa une emotion generale, et un bruit qui fit de la peine aux ministres[13]. Le jour mesme quand tout le monde se fut retiré, on avoit fort bien remarqué ceux qui y estoient, et on envoya arrester et mettre à la Bastille deux des amis de mon grand pere qui estoient de cette assemblée[14]. Mon grand pere en ayant esté averty, craignit pour luy ; et quoyqu’il fut tres asseuré de n’avoir rien dit ny rien fait qui put lui attirer cette disgrace, comme il n’en estoit pas capable, car il estoit tres moderé et tres sage, neanmoins sachant bien que dans ces occasions là on ne peut gueres discerner ceux qui ont tort d’avec ceux qui ne l’ont pas, il crut que le plus seur estoit de se retirer en Auvergne, où il jugeoit bien qu’on n’iroit pas le chercher, et il laissa à Paris ses trois enfants. Ma mere qui estoit l’ainée pouvoit avoir quinze ou seize ans, M. Pascal mon oncle douze ou treize, et ma tante neuf ou dix.

Quelque temps apres, il arriva que M. le cardinal de Richelieu qui aimoit passionnement la comedie prit envie d’en voir représenter une par des enfans, et chargea de ce soin madame d’Aiguillon[15], qui se mit en peine de chercher dans Paris les enfans qui pourroient donner plus de plaisir à M. le cardinal. Elle jeta les yeux d’abord sur ma tante, qui paroissoit desja beaucoup dans le monde parce qu’elle faisoit des vers. Elle en avoit mesme fait souvent pour la Reyne, qu’elle avoit eu l’honneur de luy presenter, et dont la Reyne fut tres contente ; elle estoit mesme souvent à la cour avec des dames à qui mon grand pere la confioit, n’ayant point de mere. Madame d’Aiguillon envoya donc un gentilhomme à ma mere[16] luy demander sa petite sœur pour estre une des actrices de cette comedie. Ma mere luy respondit fort tristement qu’elle estoit à Paris seule sans pere ny mere, avec son frere et sa sœur, bien affligée de l’absence de son pere ; et qu’ils n’avoient pas assez de joye ni de gaieté pour donner du plaisir à M. le cardinal, ny les uns, ny les autres. Le gentilhomme rapporta cette response à madame d’Aiguillon qui renvoya luy dire qu’elle croyoit que c’estoit le moyen de faire revenir son pere, parce que cette enfant luy ayant donné du plaisir, il luy accorderoit asseurement ce qu’elle lui demanderoit[17]. Sur cela ma mere y consentit, et donna sa petite sœur à qui on fit apprendre son rolle, qu’elle jouoit si parfaitement dans les repetitions où madame d’Aiguillon se trouvoit toujours, qu’on ne douta point qu’on ne put hasarder de luy faire demander le retour de mon grand pere.

Le jour donc estant venu que la comedie devoit estre representée devant M. le cardinal, madame d’Aiguillon convint avec ma mere que d’abord que la comedie seroit finie elle prendroit sa petite sœur, et la presenteroit à M. le cardinal, et qu’apres les premieres amitiés que M. le Cardinal luy auroit faites elle luy parleroit de cela. Et pour rendre la chose plus seure madame d’Aiguillon prevint M. le Chancelier, et le pria de s’y trouver, et de ne point s’en aller que la chose ne fut faite et d’y aider[18]. La comedie fut donc jouée[19]. La petite Pascal fit son personnage d’une maniere si surprenante qu’elle eut un applaudissement extraordinaire; car quoy qu’elle eust dix ans elle n’en paroissoit pas six, parce qu’elle estoit tres petite et tres belle ; et cet air de jeunesse, ou plustost d’enfant, qu’elle avoit estoit cause qu’on admiroit davantage de la voir entrer dans tous les sentimens qu’elle devoit exprimer : car on la voyoit par exemple paroistre tout d’un coup sur le theatre, essoufflée, saisie et effrayée comme venant d’apprendre une mauvaise nouvelle qui la surprenoit[20] ; d’autres fois pleurant et affligée, et se plaignant d’un malheur; enfin c’estoit la meilleure actrice de toute cette piece. Quand on eut fini, elle attendoit madame d’Aiguillon qui la devoit prendre pour la presenter, mais voyant qu’elle differoit trop, et que M. le Cardinal se levoit de son fauteuil pour s’en aller, elle eut peur de manquer l’occasion de luy parler de ce qui estoit le seul motif qui luy avoit fait entreprendre ce qu’elle avoit fait : elle descendit du theatre, et s’alla présenter elle mesme à M. le Cardinal qui la voyant la prit et la mit sur ses genoux, et se mit a la caresser et à luy dire mille choses obligeantes sur la manière dont elle avoit joué son rolle. Elle escouta ce qu’il luy dit, et puis se mettant à pleurer elle commença à jouër un autre personnage et à luy faire son petit compliment sur l’absence de mon grand pere, et sur la desolation où estoit la famille de n’avoir ni pere ni mere à Paris. M. le Cardinal la voyant pleurer, et n’entendant qu’à moitié ce qu’elle disoit, parce qu’elle l’entrecoupoit de sanglots, il luy demanda ce qu’elle avoit et qui la faisoit ainsy pleurer ; elle luy redit, et madame d’Aiguillon aussy, ce que c’estoit. M. le Cardinal qui craignoit de se laisser surprendre, luy dit qu’il en parleroit au roy. Mais M. le Chancelier qui estoit proche de luy, luy dit qu’il pouvoit accorder à cette enfant ce qu’elle luy demandoit[21], parce qu’il sçavoit ce que c’estoit que cette affaire là ; que c’estoit chez luy qu’elle s’estoit passée, et que M. Pascal, quoy qu’il y eut esté present, n’y avoit aucune part. Et sur cela M. le Cardinal luy dit qu’elle pouvoit mander à mon grand pere de revenir en toute asseurance, et de ne rien craindre ; aussytost elle luy dit tres joliment qu’elle avoit encore une grace à demander à son Eminence. M. le Cardinal la baisant luy dit : « Demande moy tout ce que tu voudras ; tu es trop jolie, je ne sçaurois te rien refuser. » Elle luy dit que c’est qu’elle le prioit de trouver bon que quand son pere seroit de retour il eut l’honneur de voir son Eminence pour la remercier de la grace qu’il en recevoit. M. le Cardinal luy dit que non seulement il le permettoit, mais qu’il le luy ordonnoit, et qu’il vouloit qu’il vint le voir avec toute sa famille. On manda tout cela à mon grand pere qui vint en mesme temps ; et des le lendemain qu’il fut arrivé, il alla à Ruel pour voir M. le Cardinal. Quand on luy dit que M. Pascal estoit là qui demandait à luy faire la reverence, M. le Cardinal demanda s’il estoit seul. Quand on luy eut dit que ouy, il dit qu’il ne vouloit point le voir seul, et qu’il s’en allast et revint avec toute sa famille. Le lendemain il y retourna avec ses trois enfans. M. le Cardinal le receut parfaitement bien, luy fit toutes les honnestetez possibles, luy marqua qu’il estoit bien ayse de l’avoir rendu à sa famille qui meritoit bien les soins qu’il en prenoit[22], et le mit entre les mains de son Escuyer à qui il ordonna de luy faire tout voir dans Ruel, et de les bien regaler : ce qu’il fit.

Cette rencontre là donna occasion à mon grand pere d’estre connu de M. le Cardinal, de M. le Chancelier et de madame d’Aiguillon ; et comme il avoit un tres grand merite et tout l’esprit possible, il luy estoit tres utile d’estre connu ; et dans ce temps là ou peu de temps apres il y eut bien des affaires et des troubles en Normandie ; ce qui fut cause que M. de Paris, qui y estoit alors intendant, vint à Paris, et dit à M. le Cardinal qu’il luy estoit impossible d’estre seul dans cette grande province et qu’il falloit necessairement estre deux. On luy donna mon grand pere qui y fut quelque temps avec luy, et dans la suite il y fut seul apres que ces grands mouvemens furent passez[23].

Ce fut donc là ce qui donna lieu à mon grand pere d’entrer dans cet employ ; et il s’en acquitta d’une maniere qui luy a toûjours attiré l’estime de toutes les personnes qui l’ont connu. Mais quoy qu’il eut une tres grande probité, beaucoup de capacité et qu’il remplit ses devoirs avec beaucoup d’honneur, on peut dire que tout ce qu’il faisoit n’estoit proprement l’effet que d’une vertu morale, mais point du tout d’une vertu chrestienne ; car il pensoit, comme tous les autres gens du monde font, à pousser sa fortune, à establir ses enfants, et à les eslever en gens d’honneur, selon leur condition. Il maria ma mere en ce temps là ; il la maria en Normandie, quoy que mon père fut de Clermont aussi bien que luy, et ce fut par occasion. Il y eut une commission importante dans l’intendance de Normandie que l’on manda à mon grand pere de remplir d’une personne dont le roy luy fit l’honneur de luy donner le choix ; il jetta les yeux sur mon pere qui estoit un jeune homme, desja conseiller de la cour des aydes de Clermont depuis mesme plusieurs années, l’ayant esté tres jeune. Il estoit proche parent de mon grand pere, fils de sa cousine germaine, et mon grand pere l’aimoit extremement, parce qu’il luy avoit trouvé des sa jeunesse un tres grand esprit, et beaucoup d’amour et de disposition pour toutes les sciences. Ayant donc cette occasion de le faire venir aupres de luy, il luy donna cette commission qui n’estoit que pour quelques années. Et lorsqu’il vint chez luy, il trouva en luy toutes les qualitez qu’il pouvoit souhaitter pour en faire son gendre, ainsi il le maria avec ma mere[24]. Il obtint dispense ; car ils estoient cousins issus de germains, et il ne fit pas beaucoup attention à la parenté, dont il a eu depuis du scrupule, aussy bien que mon pere et ma mere, n’y ayant point de necessité ni de cause pour la demander.

Mais Dieu fit naistre une autre occasion par sa Providence, qui donna lieu à mon grand pere et à toute sa famille de connoistre Dieu et la veritable pieté. Il y avoit en Normandie un curé dans un village nommé Rouville, qui estoit un tres grand serviteur de Dieu, qui gouvernoit sa paroisse avec une pieté tres solide, qui y preschoit et y faisoit des prosnes admirables[25]. Tout le voisinage y alloit pour l’entendre et pour s’instruire et s’édifier ; et il faisait un si grand bien à ceux qui le venoient entendre, que peu apres, sa reputation se repandant, les gentilshommes de là autour et mesme les officiers de Rouën louoïent des chambres dans ce village pour y aller coucher tous les samedis, afin d’estre à portée de ne point perdre de ces prosnes. Entre ces gentilshommes, il y en eut deux qui estoient assez proches, nommez M. Deslandes et M. de la Bouteillerie[26]. Ces deux messieurs furent si touchez de ses instructions qu’ils s’abandonnerent entierement à sa conduite, et resolurent de ne plus songer qu’à Dieu, à leur salut et à la charité pour le prochain. Ils avoient un don naturel qui faisoit qu’ils sçavoient remettre les membres rompus ou desmis ; et comme ils avoient beaucoup d’esprit et d’honneur, ils avoient des leur jeunesse estudié l’anatomie et la medecine, pour ne point hasarder, en se fiant à leur industrie naturelle, de faire quelque faute. Quand ces deux Messieurs eurent resolu de se donner entierement à Dieu, ils firent bastir chacun un petit hospital au bout de leur parc, dans leurs terres, qui se touchoient, M. Deslandes, qui avoit dix enfans, mit dix lits dans son hospital, et M. de la Bouteillerie qui n’avoit point d’enfans, en mit vingt. Ils recevoient dans les trente lits tous les pauvres qui se presentoient, et les traitoient charitablement de toutes sortes de maladies, estant bons chirurgiens et bons medecins ; mais ils preferoient ceux qui avoient besoin de leurs services pour remettre des membres.

Dans ce temps là, il arriva qu’on vint avertir un jour mon grand pere qu’il y avoit des gentilshommes dans un fauxbourg de Rouën, qui s’estoient donné un signal pour se battre en duel : mon grand pere en mesme temps voulut y aller ; mais ne pouvant y aller en carrosse, parce que toute la ville n’estoit qu’une glace et que ses chevaux n’estoient point ferrez à glace, il hasarda d’aller à pied. En y allant, il tomba et se desmit la cuisse. Il se fit apporter chez luy, et en mesme temps envoya chez M. Deslandes, pour se mettre entre ses mains et de M. son frère. Ces messieurs se trouverent absens et à dix lieues de Rouën. Ce pendant mon grand pere, qui estoit leur amy et qui avoit confiance en eux, ne voulut point que d’autres le touchassent. Il les envoya querir à dix lieues. Tous ces retardemens furent cause que cette dislocation fut tres difficile à remettre et obligea ces messieurs qui le remirent neanmoins tres bien à demeurer trois mois chez mon grand pere ne voulant point que personne le touchast qu’eux pour toutes choses generallement. Durant ces trois mois, ces messieurs, qui avoient autant de zele et de charité pour le bien spirituel du prochain que pour le temporel, remarquoient dans mon grand pere et dans toute sa famille beaucoup d’esprit, et regardant comme un tres grand dommage que tant de beaux talens fussent seulement employez à des sciences humaines dont ils connoissoient tous bien le neant et le vuide, ils s’attachèrent beaucoup à M. Pascal, mon oncle, pour le faire entrer dans des lectures de livres de pieté solide, et pour les luy faire goûter. Ils y reüssirent tres bien ; car, comme il avoit un esprit tres solide et tres bon, et qu’il n’avoit jamais accoutumé, quoy que tres jeune, à toutes les folies de la jeunesse, il connut avec ces Messieurs le bien ; il le sentit, il l’aima et il l’embrassa[27]. Et quand ils l’eurent gagné à Dieu, ils eurent toute la famille ; car lorsque mon grand pere commença à estre en estat de s’appliquer à quelque chose après un si grand mal, son fils, commençant à goûter Dieu, le lui fit goûter aussy, et à ma tante, sa sœur, qui y entra si vivement qu’elle résolut des lors de quitter le monde et de se faire religieuse ; ce qu’elle a fait depuis, où elle est morte saintement. Ils firent tous connoissance avec ce saint curé, qui avoit attiré à Dieu ces deux Messieurs, et dont Dieu se servit ensuite pour esclairer toute notre famille, et ils se soumirent à la conduite de ce saint homme qui les conduisit à Dieu d’une maniere admirable.

Mon pere et ma mere, peu de temps aprez, allerent à Rouën voir mon grand pere ; et trouvant toute la famille à Dieu et dans des sentiments d’une vraye et solide pieté, ils s’y donnerent aussy, et se conduisirent de mesme par les avis de ce saint curé qui avoit fait tant de bien aux autres. Et ma mere ayant absolument quitté le monde et tous les ajustemens et les parures du monde, elle y renonça aussi pour ses enfants, qu’elle habilla tres modestement et à qui elle n’espargna rien pour leur procurer une bonne et sainte education.

Voilà quel a esté le principe de tout le bien qui a esté dans notre famille. Mon grand pere, peu de temps après, quitta la Normandie, dans le temps de la revocation generale de tous les intendans, lors des troubles de Paris[28]. Il y avoit esté si aymé et si estimé qu’une année, le premier jour de l’an, les eschevins de Rouën, au nom de la ville, luy firent present d’une bourse de jettons d’argent, qu’ils avoient fait battre exprez, qui avoient d’un costé les armes de la ville où il y a un agneau pascal, et de l’autre, les armes de mon grand pere qui estoient aussy un agneau pascal, dans une bourse de velours bleu, brodée d’agneaux pascals d’argent, qui estoient les esmaux de ses armes.

Quand il eust quitté la Normandie, le roy l’honora de la qualité de conseiller d’Estat[29] ; et il demeura à Paris jusqu’à sa mort qui arriva deux ou trois ans apres ; et il passa ce temps là dans tous les exercices d’une pieté vraiment chrétienne[30]. Aussitost qu’il fut mort, ma tante qui lui avait déclaré son dessein de se faire religieuse et qu’il avait priée de ne le point quitter, se retira dans le monastere où elle a fini ses jours.

  1. Martin Pascal était fils de Jean Pascal, « modeste marchand bourgeois de Clermont, qui épousa Lucque Debort, fille d’un autre bourgeois » de la ville (Élie Jaloustre. Les aïeux de Pascal. Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand. Séance du 1er août 1907). Il fut receveur des Tailles, puis, en 1586, « Trésorier de France du général des Finances en la généralité du Languedoil, à Riom ». Il eut six enfants, trois fils et trois filles. Étienne Pascal était l’aîné. Voir la Généalogie de Pascal apud Faugère, Lettres. Opuscules et Mémoires de Madame Perier et de Jacqueline, sœurs de Pascal, et de Marguerite Perier, sa nièce. Paris, 1845, Appendice II, p. 476-7.
  2. « J’ai vu les lettres de noblesse qui furent accordées à Étienne Pascal, père du maître des requêtes. C’est le chef de la famille. Il était d’Ambert en Auvergne » (Note du P. Guerrier). M. Albert Orjadias (La généalogie de Pascal, Journal des Débats du 27 septembre 1907) fait remarquer que la parenté de ce maître des requêtes avec Blaise Pascal n’est pas prouvée. D’après une tradition locale, recueillie par Pierre Durand dès le dix-septième siècle, les Pascal seraient comme les Perier, de Cournon, gros bourg de la Limagne, à trois lieues de Clermont.
  3. « Mon père, dit Arnauld d’Andilly au début de ses Mémoires, estoit originaire d’Auvergne par une branche de ceux de notre race dont l’origine estoit de Provence » (Cf. Collection Michaud et Poujoulat, t. IX, p. 405). ― En 1686 Arnauld rappelait « l’ancienne amitié » qui le liait avec Mme Perier, et qui remontait au « temps qu’elle demeuroit dans une petite ruë auprez de St-Merry avec son père » (Bibl. Nat. ms 12988 f. fr., p. 223). Cette petite rue est la rue Brisemiche (vide infra, p. 293). Mais ce ne fut pas le premier domicile d’Étienne Pascal à Paris. Un acte publié par M. Gonod, daté du 25 mai i633, montre qu’à ce moment les Pascal demeuraient rue de la Tixeranderie, paroisse de St-Jean-en-Grève.
  4. C’est entre 1623 et 1625 qu’Étienne Pascal, qui était « Conseiller eslu par le roy en l’election du Bas Auvergne à Clairmont » acheta la charge de second président à la cour des Aides de Montferrand. En 1630 la cour des aides fut transférée à Clermont. Voir les actes de naissances de Blaise et de Jacqueline, infra, p. 50 et p. 143.
  5. La date du mariage d’Étienne Pascal doit être rectifiée : M. Gonod a découvert l’acte de baptême d’Anthonia Pascal, daté du 24 décembre 1617 (Recherches sur la maison où Blaise Pascal est né et sur la fortune d’Étienne Pascal son père. Clermont, 1847, p. 28)
  6. Née le 9 avril 1596 ; son père Victor Begon, marchand, fut échevin de Clermont en l’année 1606. (Élie Jaloustre, Un neveu de Pascal, Louis Perier, Clermont, 1906, p. 64).
  7. L’acte de baptême de ce fils n’a pas été retrouvé dans les archives de la paroisse St-Pierre où est consigné le baptême des autres enfants. Peut-être Marguerite Perier, dont la chronologie est ici plus précise qu’exacte, se trompe-t-elle également dans ce passage, et cet enfant mort n’est-il autre que cette Anthonia dont M. Gonod a donné l’acte de baptême.
  8. Jeanne Parrinet, fille d’Antoinette Pascal qui était la sœur de Martin Pascal.
  9. En 1626, suivant Gilberte Perier, dont le témoignage est plus direct (vide infra, p. 50).
  10. En particulier il lui vendit, pour la somme de 6 300lt, la maison qu’il avait acquise en 1614, « sise paroisse St-Pierre, dont partie est située sur les degrés des Grands Gras et partie sur la rue de la Terrasse, consistant en chambres, chapelle, boutiques etc. » (Vente reçue par Chazelles, notaire à Clermont, le 20 octobre 1633, transcrite par M. Bellaigue de Bughas pour Prosper Faugère, Mazarine, ms. 4550). La maison natale de Pascal a été décrite avec soin par Gonod, op. cit. (p. 13 sqq et le plan).
  11. Contrat du 2 janvier 1635. (Voir le reçu donné par Blaise Pascal, comme héritier d’Étienne Pascal le 12 février 1652, du quartier qui était échu en juin 1650, dans les manuscrits légués par Faugère à la Bibliothèque Mazarine, n° 4551). ― M. Gonod a signalé le nom de M. Pascal parmi les deux échevins de Clermont qui furent députés à la Cour en 1630 pour protester contre l’établissement d’un collège des Jésuites à Clermont (voir son édition des Grands Jours d’Auvergne, p. 387 et 388, et Adam, Éducation de Pascal, 1888, p. 7).
  12. Pierre Seguier (1588-1672) fut garde des sceaux en 1633 et chancelier en 1635.
  13. « Ce mesme mois, écrit Bassompierre dans ses Mémoires, les huit et trois millions de rente constituée sur les aydes et gabelles de France ne s’estant payés plusieurs quartiers auparavant, esmeurent les rentiers à faire instance au conseil pour leur payement, ce qu’ils executerent plus chaudement et avesques plus de bruit que le conseil du roy ne desiroit ; et en suitte se retirant de cheux le chancelier, ils rencontrèrent Cornuel l’intendant quy entroit cheux le surintendant, lequel ils poursuivirent avec injures, de sorte que s’il ne fut promptement entré cheux le surintendant, il eut couru fortune » (Mémoires, édités par le marquis de Chanterac, t. IV, Paris, 1877, p. 248).
  14. Ces amis étaient M. de Bourges (sans doute le conseiller du Roy, trésorier payeur de Messieurs les trésoriers de France, à qui le P. Mersenne dédia les Preludes de l’harmonie universelle 1634), Chenu et Celoron tous trois, écrit Guy Patin (Lettres, édit. Triaire, 1907, t. I p. 134), boni viri optimeque mihi noti. Sur la répercussion de ces troubles au Parlement de Paris, nous empruntons la note suivante, à l’édition des Mémoires de Mathieu Molé, par Aimé Champollion-Figeac (Paris, 1855, t. II, p, 897) : « Pendant l’audience du 26 mars 1638, les deux lieutenants de Paris vinrent dire à la Cour que : mercredi dernier (24 mars) quantité de personnes se sont encore attroupées et ont commis plusieurs insolences et voies de fait, ensuite d’assemblées faites au sujet du non-payement des rentes de la ville, ce qui tend à sédition et à émotion ; et qu’ils ont fait emprisonner trois personnes que l’on dit avoir donné occasion à telles actions. La Cour ordonna qu’il fût procédé à l’instruction et jugement des personnes arrêtées, et fit inhibition et défense à toutes personnes, de quelle qualité et condition qu’elles fussent, de s’attrouper et faire aucune assemblée, sous prétexte de payement des rentes, ni autrement, à peine d’être prises comme perturbateurs du repos public, sauf aux rentiers de s’adresser au Prévôt des marchands. »
    La Grand’Chambre avait évoqué l’arrêt ; le 29 mars une lettre de cachet interdit à la Grand’Chambre de délibérer sur le refus de payer les rentes. Les parlementaires qui résistèrent furent exilés ; Barillon, le frère aîné de M. de Morangis, dut se retirer à Tours (Voir les Mémoires d’Omer Talon, coll. Michaud et Poujoulat, p. 59).
  15. Marie de Vignerod, fille d’une sœur de Richelieu, avait épousé le marquis de Combalet, et venait de recevoir de Richelieu le titre de duchesse d’Aiguillon. Elle conserva une certaine influence après la mort de son oncle ; c’est chez elle, au Petit-Luxembourg, que Blaise Pascal, en avril 1652, exposa sa machine d’arithmétique et ses expériences d’hydrostatique. Pour les détails complémentaires voir la Vie de Jacqueline Pascal, par Madame Perier, infra, p. 148, et la lettre du 4 avril 1639, infra, p. 227.
  16. Addition du Recueil Guerrier : « Qui, quoy qu’elle n’eust que quatorze ans et demy estoit la maistresse de la maison. »
  17. Nous donnons d’après le manuscrit de la Bibliothèque Nationale f. fr. 12988, les variantes notables que fournit la version recueillie par le P. Guerrier : « Ma mere alors s’adoucit, et le pria de luy permettre d’en parler aux amis de son pere, et luy donna jour pour revenir. Les amis de mon grand pere conseillerent à ma mere d’agreer cela, et elle le fit. Alors elle pria un comedien celebre de ce temps là, nommé Mondory (qui estoit de Clermont, et qui avait pris le nom de Mondory parce que son parrain, qui estoit un homme de condition de cette ville, se nommoit M. de Mondory, qui fit ce qu’il put pour l’en empescher sans en pouvoir venir à bout), de l’instruire pour son personnage. Il l’instruisit parfaitement. » Les biographes de Mondory le font naître à Orléans ; Tallemant des Réaux à Thiers. Il était malade à cette époque. Chapelain écrit à Balzac, le 15 janvier 1689 : « Mondory est confisqué sans remede et il n’a plus que le droit de veteran sur le theatre. » Lettres, Ed. Tamizey de Larroque, t. I, p. 367.
  18. En songeant à ce que Pascal devait devenir, on ne peut s’empêcher de rappeler ici qu’en 1641, les amis de Saint-Cyran crurent, pour obtenir sa liberté, pouvoir faire appel au « crédit de Madame d’Aiguillon dont ils connaissaient le pouvoir sur l’esprit de M. le cardinal de Richelieu, son oncle. » Mémoires de Godefroi Hermant. Éd. Gazier, t. I, 1905, p. 125.
  19. On trouvera plus bas la lettre où Jacqueline elle-même raconte la représentation de l’Amour Tyrannique (p. 227).
  20. Ce détail pourrait faire allusion au Ve acte où Tiridate arrache à Cassandre les tablettes d’Orosmane à Tigrane. En tout cas le rôle de Cassandre est un rôle de confidente, qui ne comportait pas une vingtaine de vers ; mais Jacqueline, étant sans doute la plus petite des actrices de la troupe, aura pu attirer davantage l’attention (Voir Joseph Bertrand, Blaise Pascal, Paris 1891, p. 34 et 35). Parmi les autres acteurs, Tallemant des Réaux cite François Bertaut, neveu du poète, la jeune sœur de Madame de Motteville qu’on appelait Socratine, et l’une des petites Sainctot.
  21. Version du P. Guerrier : « Et Madame d’Aiguillon s’y estant jointe, il lui dit ces propres paroles : « Hé bien, mon enfant, mandez à votre pere qu’il revienne en toute assurance, et que je suis bien ayse de le rendre à une si aimable famille » car il les voyoit tous, mon oncle qui avait alors [quinze] ans, et ma mère [dix-huit] ans, tous trois parfaitement beaux. Alors ma tante, d’elle mesme sans qu’on eut pensé à le luy dire, dit à M. le cardinal : Monseigneur, j ’ay encore une grace à demander, etc. »
  22. Recueil Guerrier : « qu’il luy recommandoit ses enfans, qu’il en feroit un jour quelque chose de grand. »
  23. La version recueillie par le P. Guerrier est intéressante : « Sur la fin de 1639, il fut envoyé intendant en Normandie, où il y avoit des troubles tres grands. Les bureaux de recette avoient este pillez et des receveurs tuez. Le Parlement, qui n’avoit pas fait son devoir, fut interdit, et on envoya des officiers du parlement de Paris, pour exercer la justice. On y envoya aussi des troupes sous le commandement de M. le maréchal de Gassion, qui partit avec mon grand pere. Le Roy mit alors deux intendans en Normandie : l’un pour les gens de guerre, qui estoit M. de Paris, maistre des requestes, et l’autre pour les tailles, qui fut mon grand pere. Il trouva les choses dans un si grand desordre, qu’il fut obligé de reformer les rolles de toutes les paroisses de la généralité. Il demeura en Normandie neuf ou dix ans, il n’en sortit qu’en 1648, lorsque le parlement de Paris, durant la guerre des Princes, demanda la revocation de tous les intendans.

    « M. Pascal faisoit son devoir avec toute la droiture et toute l’equité possible ; il ne vouloit pas souffrir que ses domestiques reçussent des presents, jusques là que le secretaire qu’il avoit pris d’abord et qu’il avoit fait venir de Clermont, parce qu’il estoit son parent, ayant reçu une fois un louis d’or de quelqu’un, il le renvoya et ne voulut plus en entendre parler.

    « Il avoit de la pieté ; mais elle n’estoit pas assez esclairée ; il ne connoissoit pas encore tous les devoirs de la vie chrestienne. Semblable à ces honnestes gens selon le monde, il pensoit pouvoir allier des vues de fortune avec la pratique de l’Evangile. Mais Dieu qui avoit sur luy et sur sa famille des desseins de misericorde permit qu’il luy arrivast un accident qui fut la cause de sa conversion. »

    Les détails donnés ici par Marguerite Perier sont complétés ― et rectifiés ― par M. Ch. de Beaurepaire dans un savant mémoire : Blaise Pascal et sa famille à Rouen, de 1640 à 1647. Précis analytique des travaux de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen, 1901-1902. Pendant son séjour à Rouen Étienne Pascal ne fut sans doute que l’adjoint de M. de Paris, plus tard de M. de Miromesnil, qui seuls eurent le titre d’intendants de la Généralité de Rouen. Sa qualité exacte lui est donnée dans le récit des conférences avec Jacques Forton Saint-Ange : il est « commissaire député par Sa Majesté en la haute Normandie pour l’impôt et levée des tailles, et sur le fait de la subsistance et étapes des troupes, et autres affaires concernant les services de Sa Majesté en ladite province ».

    Sa nomination à Rouen se place entre les scènes de pillage et de meurtres qui suivirent l’édit pour le contrôle des teintures (21, 22, 23, 24 août 1639), et l’édit de novembre 1639 qui supprima le bureau des finances. Il fut témoin de la répression à laquelle le chancelier Séguier vint personnellement présider, assisté des soldats de Gassion, et dont François de Verthamont a rédigé le Diaire (publié par Floquet, Paris, 184 2; cf. Kerviler, Pierre Séguier, 1874,p. 97). Il eut durant tout son séjour à lutter contre le Parlement de la ville et contre les plaintes de la population. M. de Beaurepaire a cité les doléances hardies que dès les premiers jours de la Régence les députés des États de Normandie font parvenir au Roi dans leurs Cahiers : Art. XXVII. Messieurs les Intendans des justices commissaires, ne sont pas officiers des ordonnances de vostre Estat, ny les juges establis par les lois de vostre royaume, mais ministres envoyez pour l’execution des ordres conceus sous le nom de Vostre Majesté pour fournir plus facilement au compte du traittant en la Généralité du Rouen. » L’oraison funèbre que le Courrier burlesque de la guerre de Paris en a faite, donne assez la mesure de popularité des Intendants :

    Dans la campagne brigandans,
    Maudits tyranneaux, demy-princes.
    Malheurs attachés aux provinces,
    Facteurs du desfunct Richelieu,
    Fleaux quatriemes de Dieu.

  24. M. Ch. de Beaurepaire a publié les différents actes relatifs à ce mariage. Voici la pièce essentielle : « Le 13me de juin 1641 furent mariez Florin Perier et Gilberte Pascal en l’église Sainte-Croix-Saint-Ouen, et pour tesmoins qui ont signé furent messire Claude de Paris, conseiller du roy en ses conseils, intendant de justice, de police et finances en la province et armées, et Charles Marc, Sr de Villequier. » Le contrat est du 15 avril. Gilberte Pascal apportait en dot 21 000 livres, dont 13 500 en rentes sur l’hôtel de ville, et 7 500 représentant sa part dans l’héritage de sa mère et de sa grand mère maternelle. Voir dans le Précis analytique de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, Année 1901-1902, le mémoire déjà cité (p. 284, 304 et 310).
  25. Jean Guillebert, de Caen (1605-1666), était professeur de philosophie au Collège des Grassins, à Paris ; en cette qualité, il fit connaissance avec Arnauld, et par lui, avec Saint-Cyran, alors prisonnier à Vincennes. Il était titulaire de la cure de Rouville qui était desservie, dit Besoigne, par un Vicaire honnête homme et capable ; mais Saint-Cyran lui représenta « que son premier devoir était de remplir les fonctions de son bénéfice, toute autre affaire cessante. En 1646, M. de Barcos lui demanda de se démettre de sa cure pour venir à Paris faire l’éducation théologique de M. de Saci ; c’est par son intermédiaire que Blaise et Jacqueline Pascal entrèrent, l’année suivante, en relation directe avec Port-Royal, infra, p. 153 (Voir sur Guillebert l’intéressant chapitre que Besoigne lui a consacré dans son Histoire de l’abbaye de Port-Royal, Histoire des messieurs, t. IV, 376-383).
  26. « C’étoient, dit Besoigne, (ibid. t. IV, p. 128), deux frères ― [l’un, des Champs des Landes, l’autre des Champs de la Bouteillerie] ― , gens distingués dans leur pays par leur bravoure, mais fous du point d’honneur, toujours prêts à mettre la main à l’épée. Leur vertueux Curé ― [Jean Guillebert] ― entreprit de les gagner à Dieu. S’étant insinué dans leur esprit par ses manières douces et par l’onction de ses discours, il leur mit en mains le livre de la Fréquente Communion. Ils y apprirent ce qu’ils avoient ignoré jusque-là, je veux dire, la voie étroite de la pénitence et le vrai esprit de l’Eglise touchant l’usage des Sacremens. »
  27. La version du P. Guerrier, qui abrège tout ce récit, contient pourtant un détail fort intéressant, que le manuscrit du P. Adry n’a pas recueilli : « Ils se servirent de cette occasion pour appeler à Dieu premierement M. Pascal le fils, ensuite Mademoiselle Pascal la fille, qui estoit alors recherchée en mariage par un conseiller du Parlement de Roüen. Tous deux ensuite, quand mon grand pere fut gueri, le porterent aussy à se donner pleinement à Dieu, ce qu’il fit avez joye aussi bien que ses deux enfans. C’estoit en 1646 et à la fin de 1646 M. et madame Perier estant allez à Rouën pour le voir, et les trouvant tout à Dieu, s’y donnerent aussi pleinement, et se mirent sous la conduite d’un prestre nommé M. Guillebert, docteur de Sorbonne. « Dès ce temps là, M. Pascal resolut d’abandonner le monde pour ne songer plus qu’à Dieu, et mademoiselle Pascal voulut se faire religieuse ; mais elle ne put executer cette resolution que six ans apres, aussy tost que son pere fut mort, parce qu’il ne vouloit point qu’elle le quittast. »
  28. « Les intendants de justice et toutes autres commissions extraordinaires non vérifiées en cours souveraines, seront revoquez des a present. » L’arrêt fut pris par le Parlement le 30 juin 1648, et vérifié le 18 juillet (Voir Mémoires d’Omer Talon, coll. Michaud et Poujoulat, p. 241 et 250).
  29. Marguerite Perier commet une erreur : les Lettres, dit le P. Guerrier, sont du 27 décembre 1645.
  30. Version du P. Guerrier : « M. Pascal le pere ayant quitté la Normandie en 1648, se retira à Paris où il mena une vie si exemplaire que le curé de Saint-Jean, dans la paroisse duquel il estoit, fit son eloge en chaire, ce qu’il n’avoit jamais fait d’aucun de ses paroissiens. » Le P. Guerrier donne le nom du curé de Saint Jean en Grève ; c’est M. Loisel, qui avait été l’un des approbateurs de la Fréquente Communion d’Arnauld (28 juillet 1643).