Œuvres complètes de Theophile (Jannet)/Pour une amante captive, sonnet

POUR UNE AMANTE CAPTIVE.

Tyrannique respect, triste et fascheux devoir,
Qui tiens si rudement mes volontez contraintes,
Dois-je mourir icy sans que je puisse avoir
Autre soulagement que celuy de mes plaintes ?

Souffriray-je, ô Thyrsis ! mon cœur gelé de craintes,
Dans le désir bruslant que j’ay de te revoir ?
Loix que ma passion devoit avoir enfraintes,
Garderez —vous tousjours ce rigoureux pouvoir ?

Je crois que le tyran qui d’éternelles flâmes
Donne le chastiment ordonné pour les âmes,
Quand je serois esclave au fonds de ses enfers,

S’il sçavoit le sujet de mon impatience,
Sentiroit, me voyant, blesser sa conscience.
S’il ne me permettoit de sortir de mes fers.