Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre/Tome 1Loin d’ici la cérémonie
LOIN D’ICI LA CÉRÉMONIE…[1]
Loin d’ici la cérémonie
Avec la morne dignité.
Que les plaisirs et la folie
Accourent avec la gaieté.
Aux jeux de cette fête aimable
Aucun profane n’est admis ;
Mes yeux autour de cette table
Ne voient qu’une troupe d’amis
Vainement un Crésus stupide
Me donne un superbe festin :
À sa table l’ennui préside,
L’ennui plus cruel que la faim.
Toutefois sa magnificence
À nos yeux ne déplairoit pas
Si son importune présence
Ne gatoit ses meilleurs repas.
Ici tout conspire à nous plaire,
L’aimable amitié, le bon vin,
La liberté, la bonne chère;
Surtout le maitre du festin.
Son humeur, sa mine fleurie
Sçavent inspirer la gaieté
Mieux que cette liqueur chérie
Qu’on nous verse à coup répété.
Ô mes amis que notre zèle
Par le doux Champagne excité
Pour cet ami cher et fidèle
Éclate en buvant sa santé,
Qu’une mousse vive et brillante
Lançant vingt bouchons vers les cieux
De notre allégresse éclatante
Soudain aille informer les dieux.
- ↑ Pièce publiée par M. Lucien Peise, Quelques vers de Maximilien Robespierre, p. 27.