Œuvres complètes de Lamartine (1860)/Tome 2/Le dernier chant du Pèlerinage d’Harold/Note cinquième

Œuvres complètes de LamartineChez l’auteur (p. 162-163).
NOTE CINQUIÈME

(Page 115)


Elle a donné son nom au cap qu’elle couronne.
Harold, qui voit blanchir l’éternelle colonne,
Reconnaît Sunium.


Autrefois Sunium, aujourd’hui le cap Colonna. Si l’on en excepte Athènes et Marathon, il n’y a point, dans toute l’Attique, de site qui mérite plus d’intérêt. Seize colonnes sont une source inépuisable d’études pour l’artiste et pour l’antiquaire.

Le philosophe salue avec respect le lieu où Platon enseignait ses doctrines en conversant avec ses élèves ; le voyageur est enchanté de la beauté d’un paysage d’où l’on voit toutes les îles qui couvrent la mer Égée. Le temple de Minerve se voit d’une grande distance en mer.

Je suis allé deux fois par terre et une fois par mer au cap Colonna. Du côté de la terre, la vue est moins belle que quand on s’en approche en venant des îles.

La seconde fois que nous allâmes par terre, nous fûmes surpris par un parti de Maïnotes qui étaient cachés dans les cavernes. Nous avons su, dans la suite, par un prisonnier qu’ils avaient rendu après avoir reçu sa rançon, qu’ils avaient été détournés de nous attaquer par la vue de deux Albanais qui m’accompagnaient. S’étant imaginé, heureusement pour nous, que nous avions une bonne escorte de ces mêmes Arnautes, ils ne s’avancèrent pas, et laissèrent ainsi passer saine et sauve notre caravane, trop peu nombreuse pour opposer aucune résistance.

Colonna n’est pas moins fréquentée par les peintres que par les pirates.


C’est là que l’artiste plante son pupitre, et cherche le pittoresque dans les ruines.

(Lhodgson, lady Jane Grey.)