Œuvres complètes de Lamartine (1860)/Tome 1/La Solitude/Commentaire
Cette Méditation de mes meilleurs jours est un cri d’admiration longtemps contenu qui m’échappa en apercevant le bassin du lac Léman et l’amphithéâtre des Alpes, en y plongeant pour la centième fois mon regard du sommet du mont Jura.
J’étais seul ; je voyageais à pied dans ces montagnes. Je m’arrêtai dans un chalet, et j’y passai trois jours dans une famille de bergers : j’aurai voulu y passer trois ans. Plus je montais, plus je voyais Dieu. La nature est, surtout pour moi, un temple dont le sanctuaire a besoin de silence et de solitude. L’homme offusque l’homme ; il se place entre notre œil et Dieu. Je comprends les solitaires. Ce sont des âmes qui ont l’oreille plus fine que les autres, qui entendent Dieu à travers ses œuvres, et qui ne veulent pas être interrompues dans leur entretien.
Aussi voyez ! tous les poëtes se font une solitude dans leur âme, pour écouter Dieu.