Œuvres complètes de Frédéric Ozanam, 3e édition/Volume 10/004
Je viens de recevoir avec reconnaissance et de lire avec étonnement pour votre âge et admiration pour vos sentiments et votre talent, l’ouvrage que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser. Recevez tous mes remercîments. Je suis fier qu’une pensée de moi à peine indiquée vous ait inspire un si beau commentaire. Croyez que la pensée était en vous, la mienne n’a été que l’étincelle qui a allumé votre âme.
Ce début nous promet un combattant de plus dans la sainte lutte de la philosophie religieuse et morale que ce siècle livre contre une réaction matérialiste. Comme vous j’augure bien du succès. Nous ne le tenons pas ; mais la voix de la conscience, cette prophétie infaillible du coeur de l’honnête homme, nous l’assure pour nos enfants. Confions-nous à cet instinct et vivons dans l’avenir. Agréez, monsieur, les assurances de ma plus haute considération.
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A la fin de l’année de 1831,Ozanam partit pour Paris, afin
de commencer son droit. A cette époque l’étudiant catholique
ne trouvait, en arrivant dans cette grande ville, aucun point
de ralliement. Pas de cercle, d’hôtels, de conférences de
toutes sortes, comme on les a fondés et tant multipliés de
nos jours avec une si sage prévoyance. Les parents d’Ozanam
cependant étaient trop vigilants pour ne pas s’inquiéter
du séjour de leur fils à Paris; ils avaient chargé un vieil ami
de lui choisir une pension où il ne courût aucun danger. Le
choix du vieil ami ne fut pas heureux et le jeune étudiant
ne pouvait pas plus mal tomber, ainsi qu’on le peut voir
dans la lettre suivante. Mais la Providence veillait sur lui et
ne devait pas l’y laisser longtemps.
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