Œuvres complètes de Démosthène et Eschine (Traduction de Joseph Planche)/Volume III/Sommaire de la harangue sur le Traité d'Alexandre

ŒUVRES


DE DÉMOSTHÈNE.


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SOMMAIRE


DE LA HARANGUE


sur


LE TRAITÉ D’ALEXANDRE.


Je n’ai vu nulle part dans l’histoire d’Alexandre, qu’il soit fait mention d’un traité de ce prince avec les Grecs. Il est constant, néanmoins, par ce discours, que ce traité existait. Je ne pourrai donner que des conjectures sur le tems où le traité a été conclu et le discours prononcé. La bataille de Chéronée avait rendu Philippe maître de la Grèce ; il avait été nommé généralissime des Grecs contre les Perses : mais, lorsqu’il mourut, sa nouvelle domination était en core mal affermie. Le jeune Alexandre monta sur le trône de Macédoine. Il n’était assuré ni des Barbares, ni des Grecs, ni de ses propres sujets. Il les concilia tous par la crainte ou par la douceur, par la force ou par les caresses, par son courage ou par sa prudence. Il fit assembler aux Thermopyles le conseil des Amphictyons, et se fit confirmer, par la voix générale, le titre de chef de la Grèce, qu’on avait donné à son père. Il ne se contenta point de cela ; il fit convoquer à Corinthe une grande assemblée, où se rendirent tous les députés de la Grèce. Je pense que ce fut dans cette dernière assemblée, où il engagea les peuples à le nommer généralissime des Grecs contre les Perses, que fut conclu le traité dont il est ici question. Ce traité renfermait, sans doute, un grand nombre d’articles ; entre autres, que les villes grecques seraient libres et indépendantes ; qu’on ne pourrait pas y faire d’innovation, y rétablir les tyrans, y rappeler les exilés ; que la mer serait libre ; qu’on ne pourrait saisir et emmener les vaisseaux d’aucune des villes confédérées, etc. Avant qu’Alexandre partît pour l’Asie, il y eut encore quelques mouvemens dans la Grèce, qui l’obligèrent vraisemblablement à prendre des partis qui n’étaient pas tout-à-fait conformes aux dispositions du traité. Après son départ, il est probable que les Macédoniens firent quelques entreprises et se portèrent à quelques démarches un peu irrégulières. La Grèce voulant profiter de l’éloignement du prince, remua de nouveau pour secouer le joug.

Ce fut probablement dans cette circonstance que l’orateur d’Athènes prononça son discours pour engager les Athéniens à prendre les armes contre les Macédoniens, à les poursuivre comme infracteurs des traités, et violateurs des sermens. Quoique ce discours se trouve dans les œuvres de Démosthène, tous les critiques s’accordent à dire qu’il n’est pas de Démosthène. Je suis très-fort de leur avis. Je n’y trouve point cette véhémence et cette rapidité de style, cette netteté, cette clarté lumineuse, cette profondeur dans les idées, qui caractérisent Démosthène.

L’auteur du discours, quel qu’il soit, y reproche aux Macédoniens et à leur prince plusieurs infractions du traité : il fait, en quelques endroits, des sorties contre les ministres partisans de la Macédoine, et après avoir tâché d’animer les Athéniens contre les uns et les autres, il conclut en disant que s’ils l’ordonnent, il proposera en forme de poursuivre les infracteurs les armes à la main.

Je suis bien aise d’avertir que je n’ai point trouvé dans l’histoire la confirmation des faits particuliers qui sont cités dans ce discours, et qui sans doute étaient trop peu importans pour qu’elle s’en occupât.




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