Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le troupiale tacheté de Cayenne

LE TROUPIALE TACHETÉ DE CAYENNE

Les taches de ce petit troupiale[NdÉ 1] résultent de ce que presque toutes ses plumes, qui ont du brun ou du noirâtre dans leur milieu, sont bordées tout autour d’un jaune plus ou moins orangé sur les ailes, la queue et la partie inférieure du corps, et d’un jaune plus ou moins rembruni sur le dos et toute la partie supérieure du corps. La gorge est sans tache et de couleur blanche : un trait de même couleur, qui passe immédiatement sur l’œil, se prolonge en arrière entre deux traits noirs parallèles, dont l’un accompagne le trait blanc par-dessus, et l’autre embrasse l’œil par-dessous ; l’iris est d’un orangé vif et presque rouge ; tout cela donne du jeu et de l’expression à la physionomie du mâle, je dis du mâle, car la femelle n’a aucune physionomie, quoiqu’elle ait aussi l’iris orangé : à l’égard de son plumage, c’est du jaune lavé qui, se brouillant avec du blanc sale, produit la plus fade uniformité.

Ces oiseaux ont le bec épais et pointu des troupiales, et d’un cendré bleuâtre ; leurs pieds sont couleur de chair. On jugera des proportions de leur forme par la figure indiquée ci-dessus.

Le carouge tacheté de M. Brisson[1], qui a plusieurs traits de ressemblance avec le troupiale de cet article, en diffère cependant à beaucoup d’égards, non seulement parce qu’il est plus de moitié plus petit, mais parce qu’il a l’ongle postérieur plus long, l’iris noisette, le bec couleur de chair, la gorge noire ainsi que les côtés du cou ; enfin le ventre, les jambes, les couvertures du dessus et du dessous de la queue sans aucunes taches.

M. Edwards hésitait à laquelle des deux espèces il fallait le rapporter, celle de la grive ou de l’ortolan ; M. Klein[2] décide assez lestement que ce n’est ni à l’une ni à l’autre, mais à celle du pinson : malgré sa décision, la forme du bec et l’identité de climat me déterminent pour l’opinion de M. Brisson, qui en fait un carouge.


Notes de Buffon
  1. Tome II, p. 126.
  2. Page 98. Je ne sais pourquoi M. Klein caractérise cette espèce par sa queue relevée, « caudâ superbiens », si ce n’est d’après la figure de M. Edwards, planche 85 ; mais on sait qu’un dessinateur ne représente qu’un moment, qu’une attitude, et qu’il choisit ordinairement le moment le plus beau, l’attitude la plus pittoresque. D’ailleurs M. Edwards ne dit rien du port habituel de la queue de cet oiseau qu’il appelle schomburger.
Notes de l’éditeur
  1. Oriolus melancholicus Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Leistes militaris Linnæus, vulgairement sturnelle militaire ; à noter que le mâle ici décrit est un juvénile].