Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des minéraux/Volfran

VOLFRAN

La plus pesante des concrétions du fer produites par l’intermède de l’eau est le volfran[NdÉ 1] : sa pesanteur provient de l’arsenic qui s’y trouve mêlé, et surpasse de beaucoup celle de toutes les ocres, et même celle des pyrites ferrugineuses et des marcassites arsenicales : la pyrite arsenicale qui en approche le plus par la densité est le mispickel, qui contient aussi plus d’arsenic que de fer. Au reste, le volfran est aussi dur que dense ; c’est un schorl mêlé d’arsenic et d’une assez grande quantité de fer ; et ce qui prouve que ce fer a été décomposé par l’eau, et que le volfran a été formé par l’intermède de ce même élément, c’est qu’il n’est point attirable à l’aimant : il se trouve en masses solides d’un noir luisant, sa texture est lamelleuse, et sa substance très compacte ; cependant il y a des volfrans plus ou moins denses et plus ou moins durs les uns que les autres ; et je pense, avec M. Romé de Lisle, qu’on doit regarder comme un volfran le minéral auquel les Suédois ont donné le nom de tungstein, quoiqu’il soit blanc, jaune ou rougeâtre, et qu’il diffère du volfran noir par sa densité, c’est-à-dire par la quantité de fer ou d’arsenic qu’il contient[1].


Notes de Buffon
  1. La pesanteur spécifique du volfran noir est de 71 195 ; celle du mispickel ou pyrite arsenicale, de 65 223 ; celle du tungstein blanc d’Alenberg, de 58 025 ; celle du tungstein de Suède, de 49 088 ; et celle du volfran doux, de 41 180. Tables de M. Brisson.
Notes de l’éditeur
  1. Le volfran est un tungstate de fer et de manganèse.