Que Momus, dieu des bons couplets,
Soit l’ami d’Épicure.
Je veux porter ses chapelets
Pendus à ma ceinture.
Payant tribut
À l’attribut
De sa gaîté falote,
De main en main,
Jusqu’à demain,
Passons-nous la marotte.
La marotte au sceptre des rois
Oppose sa puissance :
Momus en donne sur les doigts
Du grand que l’on encense.
Gaîment frappons
Sots et fripons
En casque, en mitre, en cotte.
De main en main,
Jusqu’à demain,
Passons-nous la marotte.
Qu’un fat soit l’aigle des salons ;
Qu’un docteur sente l’ambre ;
Qu’un valet change ses galons
Sans changer d’antichambre ;
Paris, enclin
Au trait malin,
Grâce à nous les ballotte.
De main en main,
Jusqu’à demain,
Passons-nous la marotte.
Mais de la marotte, à sa cour,
La beauté veut qu’on use ;
C’est un des hochets de l’Amour,
Et Vénus s’en amuse.
Son joyeux bruit
Souvent séduit
L’actrice et la dévote.
De main en main,
Jusqu’à demain,
Passons-nous la marotte.
Elle s’allie au tambourin
Du dieu de la vendange,
Quand pour guérir le noir chagrin
Coule un vin sans mélange.
Oui, ses grelots
Font à grands flots
Jaillir cet antidote.
De main en main,
Jusqu’à demain,
Passons-nous la marotte.
Point de convives paresseux,
Amis, car il me semble
Que l’amitié bénit tous ceux
Que la marotte assemble ;
Jeunes d’esprit
Ensemble on rit,
Puis ensemble on radote.
De main en main,
Jusqu’à demain,
Passons-nous la marotte.
Au bruit des grelots, dans ce lieu,
Chantez donc votre messe.
L’assistant, le prêtre et le dieu
Inspirent l’allégresse.
D’un gai refrain
À ce lutrin,
Pour qu’on suive la note,
De main en main,
Jusqu’à demain,
Passons-nous la marotte.
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