Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Buvons, nous, chantres de paroisse,
À qui nous tire enfin d’angoisse.
D’abord, pour ne rien oublier,
Remontons à François premier[1].
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
À Gonsalvi buvons un verre ;
Il a deux fois fait même affaire ;
Mais cette fois, de droit divin,
L’église y gagne un pot-de-vin[2].
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Des deux clés de notre bon pape
L’une du ciel ouvre la trappe ;
Et l’autre aux griffes du légat
Ouvre les coffres de l’état.
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Si de nos coqs la voix altière[3]
Troubla l’héritier de saint Pierre,
Grâce aux annates[4], aujourd’hui
Nos poules vont pondre pour lui.
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Rendons Avignon au Saint-Père[5] ;
Il le veut, et c’est là, j’espère,
Prouver aux Français dépouillés
Qu’il est un de nos alliés.
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Qu’importe qu’à Rome on détruise
Les libertés de notre église[6] ?
Nous devons à nos députés
Déjà tant d’autres libertés !
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Moines et prieurs vont revivre[7].
Il faut qu’avant peu le grand-livre,
Servant à nos pieux desseins,
Soit mis au rang des livres saints.
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Dans chaque ville, un séminaire[8]
Désormais sera nécessaire ;
C’est un hôpital érigé
Aux enfants trouvés du clergé.
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Pour les protestants, qu’on tolère[9],
Au ciel nous craignons de déplaire ;
Mais qu’il nous passe encor longtemps
Nos Suisses qui sont protestants.
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Chantres, pour nous combien d’offices !
Nous n’irons plus dans les coulisses
Brailler en chœur à l’Opéra[10] ;
Et l’église nous suffira.
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
Oui, chantres, c’est à nous de boire :
Ce Concordat fait notre gloire,
Car le bon temps revient grand train,
Où les rois chantaient au lutrin.
Gloria tibi, Domine !
Que tout chantre
Boive à plein ventre ;
Gloria tibi, Domine !
Le Concordat nous est donné.
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