« Ah ! s’il passait un chevalier
« Dont le cœur fût tendre et fidèle,
« Et qu’il triomphât du geôlier
« Qui me retient dans la tourelle,
« Je bénirais ce chevalier. »
Par là passait un chevalier
À l’honneur, à l’amour fidèle :
« Dame, dit-il, quel dur geôlier
« Vous retient dans cette tourelle ?
« Est-il prélat ou chevalier ? »
« C’est mon époux, bon chevalier,
« Qui veut que je lui sois fidèle,
« Et qui me laisse, en vieux geôlier,
« Coucher seule dans la tourelle.
« Délivrez-moi, bon chevalier. »
Soudain le jeune chevalier,
À qui son bon ange est fidèle,
Trompe les regards du geôlier,
Et pénètre dans la tourelle.
Honneur, honneur au chevalier !
La prisonnière au chevalier
Fait promettre un amour fidèle,
Puis se venge de son geôlier
Sur le grabat de la tourelle.
Soyez heureux, beau chevalier !
Alors et dame et chevalier,
Sautant sur un coursier fidèle,
Vont au nez du mari-geôlier
Jeter les clefs de la tourelle.
Puis, adieu dame et chevalier.
Honneur aux galants chevaliers !
Honneur à leurs dames fidèles !
Contre l’hymen et ses geôliers,
Dans les palais, dans les tourelles,
Dieu protégeait les chevaliers.