Œuvres complètes de Béranger/La Nature
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LA NATURE
Combien la nature est féconde
En plaisirs ainsi qu’en douleurs !
De noirs fléaux couvrent le monde
De débris, de sang et de pleurs. (bis)
Mais à ses pieds la beauté nous attire ;
Mais des raisins le nectar est foulé.
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ; |
bis. |
Chaque pays eut son déluge ;
Hélas ! peut-être jour et nuit
Une arche est encor le refuge
De mortels que l’onde poursuit.
Sitôt qu’Iris brille sur leur navire,
Et que vers eux la colombe a volé,
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Quel autre champ de funérailles !
L’Etna s’agite, et, furieux,
Semble, du fond de ses entrailles,
Vomir l’enfer contre les cieux.
Mais pour renaître enfin sa rage expire :
Il se rasseoit sur le monde ébranlé.
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Dieu ! que de souffrances nouvelles !
L’affreux vautour de l’Orient,
La peste a déployé ses ailes
Sur l’homme qui tombe en fuyant.
Le ciel s’apaise, et la pitié respire ;
On tend la main au malade exilé.
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Mars enfin comble nos misères :
Des rois nous payons les défis.
Humide encor du sang des pères,
La terre boit le sang des fils.
Mais l’homme aussi se lasse de détruire,
Et la nature à son cœur a parlé.
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Ah ! loin d’accuser la nature,
Du printemps chantons le retour ;
Des roses de sa chevelure
Parfumons la joie et l’amour.
Malgré l’horreur que l’esclavage inspire,
Sur les débris d’un empire écroulé,
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Air noté dans Musique des chansons de Béranger :
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