Œuvres complètes de Béranger/La Mort subite
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LA MORT SUBITE
Mes amis, j’accours au plus vite,
Car vous ne pardonneriez pas,
À moins, dit-on, de mort subite,
De manquer à ce gai repas.
En vain l’amour qui me lutine
Pour m’arrêter tente un effort ;
Avec vous il faut que je dîne :
Mes amis, je ne suis pas mort.
Mais bien souvent, quoique heureux d’être,
On meurt sans s’en apercevoir.
Ah ! mon dieu ! je suis mort peut-être ;
C’est ce qu’il est urgent de voir.
Je me tâte comme Sosie ;
Je ris, je mange, et je bois fort.
Ah ! je me connais à la vie :
Mes amis, je ne suis pas mort.
Si j’allais, couronné de lierre,
Ici fermer les yeux soudain ;
En chantant, remplissez mon verre,
Et de vos mains pressez ma main.
Si Bacchus, dont je suis l’apôtre,
Ne m’inspire un joyeux transport,
Si ma main ne serre la vôtre,
Adieu, mes amis, je suis mort !
Air noté dans Musique des chansons de Béranger :
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