Le bel instituteur de filles
Que ce monsieur de Fénelon !
Il parle de messe et d’aiguilles :
Maman, c’est un sot tout du long.
Concerts, bals et pièces nouvelles
Nous instruisent mieux que cela.
Tra la la la, les demoiselles,
Tra la la la, se forment là.
Qu’à broder une autre s’applique ;
Maman, je veux au piano,
Avec mon maître de musique,
D’Armide chanter le duo.
Je crois sentir les étincelles
De l’amour dont Renaud brûla.
Tra la la la, les demoiselles,
Tra la la la, se forment là.
Qu’une autre écrive la dépense ;
Maman, pendant une heure ou deux,
Je veux que mon maître de danse
M’enseigne un pas voluptueux.
Ma robe rend mes pieds rebelles :
Un peu plus haut relevons-la.
Tra la la la, les demoiselles,
Tra la la la, se forment là.
Que sur ma sœur une autre veille ;
Maman, je veux mettre au salon.
Déjà je dessine à merveille
Les contours de cet Apollon.
Grand Dieu ! que ses formes sont belles !
Sur-tout les beaux nus que voilà !
Tra la la la, les demoiselles,
Tra la la la, se forment là.
Maman, il faut qu’on me marie,
La coutume ainsi l’exigeant.
Je t’avoûrai, ma chère amie,
Que même le cas est urgent.
Le monde sait de mes nouvelles,
Mais on y rit de tout cela.
Tra la la la, les demoiselles,
Tra la la la, se forment là.
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