Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir !
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu ! te quitter c’est mourir.
Toi que j’adoptai pour patrie,
Et d’où je crois me voir bannir,
Entends les adieux de Marie,
France, et garde son souvenir.
Le vent souffle, on quitte la plage ;
Et, peu touché de mes sanglots,
Dieu, pour me rendre à ton rivage,
Dieu n’a point soulevé les flots !
Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir !
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu ! te quitter c’est mourir.
Lorsqu’aux yeux du peuple que j’aime
Je ceignis les lis éclatants,
Il applaudit au rang suprême
Moins qu’aux charmes de mon printemps.
En vain la grandeur souveraine
M’attend chez le sombre Écossais ;
Je n’ai désiré d’être reine
Que pour régner sur des Français.
Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir !
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu ! te quitter c’est mourir.
L’amour, la gloire, le génie,
Ont trop enivré mes beaux jours ;
Dans l’inculte Calédonie
De mon sort va changer le cours.
Hélas ! un présage terrible
Doit livrer mon cœur à l’effroi :
J’ai cru voir, dans un songe horrible,
Un échafaud dressé pour moi.
Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir !
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu ! te quitter c’est mourir.
France, du milieu des alarmes,
La noble fille des Stuarts,
Comme en ce jour qui voit ses larmes,
Vers toi tournera ses regards.
Mais, Dieu ! le vaisseau trop rapide
Déjà vogue sous d’autres cieux ;
Et la nuit, dans son voile humide,
Dérobe tes bords à mes yeux !
Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir !
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu ! te quitter c’est mourir.
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