Œuvres complètes (Tolstoï)/Tome XXIV/Appendice

Traduction par J.-Wladimir Bienstock.
Stock (Œuvres complètes, volume 24p. 331-333).

APPENDICE



I

L’œuvre de Tolstoï Quelle est ma foi ? écrite au cours de l’année 1883, termine le cycle de ses œuvres religieuses de la première période.

En 1884, Tolstoï essaya de faire paraître cet ouvrage en Russie, à Moscou. Connaissant la sévérité de la censure de cette époque, il le fit tirer à deux cents exemplaires seulement et fixa à 25 roubles le prix de l’exemplaire, afin de bien montrer par là que cet ouvrage n’était publié que pour un nombre très restreint de lecteurs. Néanmoins, sur l’ordre de Pobiedonotzef, procureur du Saint-Synode, le livre fut saisi. Selon la loi en vigueur à cette époque, tout ouvrage saisi devait être brûlé ; mais l’intérêt suscité par l’œuvre de Tolstoï était si grand dans les hautes sphères, que presque tous les exemplaires saisis furent réclamés à Pétersbourg, et, une fois là, les hauts fonctionnaires se les partagèrent.

Cette œuvre n’ayant pu paraître ouvertement, on en commença aussitôt la publication clandestine, en lithographie et en manuscrits, et elle fut ainsi répandue en un très grand nombre d’exemplaires, dans les classes intellectuelles et dans le peuple.

À quelque temps de là Quelle est ma foi ? fut édité en langue russe, à l’étranger : à Genève, chez Elpidine, et, peu après, parurent presque simultanément deux traductions de cet ouvrage : une traduction française due à un ami de Tolstoï, L. Ouroussoff, publiée sous le titre Ma Religion, chez Fichbacher, et une traduction anglaise faite par Tchertkoff.

Maintenant, cet ouvrage est traduit dans toutes les langues européennes, et enfin, après le manifeste du 17 octobre 1909, il a été publié en Russie où maintenant il se vend librement[1].

La traduction que nous donnons ici est celle de la version la plus complète.


II


L’Église et l’État, qui accompagne dans ce volume Quelle est ma foi ? a paru, en 1905, dans la traduction de J.-W. Bienstock, dans les Cahiers de la quinzaine (treizième cahier de la sixième série). Je n’ai rien à ajouter dans cet appendice à la petite notice que j’écrivis alors pour présenter cet article aux lecteurs des Cahiers, et que nous donnons ci-dessous :

« Au cours d’une de mes visites à L. N. Tolstoï, à Iasnaia Poliana, en 1885 ou 1886, je remarquai dans son cabinet, sur le rayon d’une bibliothèque ouverte, une liasse de papiers jetés négligemment. J’avais déjà le respect de chaque ligne de Tolstoï, et j’exprimai le désir de compulser cette liasse, pensant y trouver quelque page précieuse que je demanderais à l’auteur, en souvenir. Parmi des papiers sans importance, j’avisai un petit cahier sur lequel était inscrit : l’Église et l’État. L’ayant parcouru, je demandai à en prendre une copie. Tolstoï acquiesça ajoutant que ce manuscrit n’était pas destiné à la publicité, que c’était un fragment de son grand ouvrage : La Critique de la Théologie dogmatique, qu’il en avait retranché en en faisant la révision au cours des années 1879-1881.

J’emportai l’opuscule à Pétersbourg. Je le montrai à des amis qui le recopièrent et bientôt même il était lithographié par des étudiants de l’Université.

Comme L. N. Tolstoï ne destinait pas cet article à l’impression, nous, ses amis, longtemps nous nous sommes fait scrupule de le publier ; nous nous le permettons maintenant que nous faisons paraître ses œuvres complètes. Jusqu’aujourd’hui cet article n’a été inséré nulle part, sauf dans une éphémère revue anglaise, The New Order. J’ai raconté ceci pour ôter à Tolstoï la responsabilité de la forme de ces pages. »


P. Birukov.
  1. Par un ordre récent de la censure on a fait dans cette œuvre seize coupures, de sorte que de nouveau elle est interdite en Russie dans son intégralité.