Œuvres complètes (Crémazie)/Lettres 34

à la même.


Paris, 4 février 1877.
Ma bonne mère,

Joseph me dit que vous m’aviez écrit quelques lignes, mais qu’il a oublié de les prendre lorsqu’il est allé chez vous. Puisque vous aviez pu m’écrire, c’est la preuve que votre rhumatisme vous laissait quelque repos. Joseph m’apprend que, depuis cinq jours, vous étiez assez bien. J’en remercie Dieu de tout mon cœur et j’espère que votre prochaine m’annoncera la bonne nouvelle que ce mieux se continue.

Je suis au château de Citry depuis hier. Comme toujours, j’ai reçu le plus cordial accueil de M. et de Mme Bossange. Ils n’ont pas vieilli ni l’un ni l’autre, et ils portent gaillardement leurs quatre-vingts ans.

Je suis allé à la grand’messe, ce matin, à l’église de Citry. C’est comme une véritable glacière où j’ai pris mal à la tête. Ces douleurs-là ne durent pas longtemps, comme celles de l’intérieur du cerveau. Demain, je ne m’en sentirai plus.

Il y avait une quinzaine de vieilles femmes, des petites filles conduites par les religieuses, M. Paul Bossange et moi. C’est peu pour un village de huit cents âmes. Dans l’Est de la France, c’est presque la même chose dans tous les villages.

Sous le rapport religieux, le Midi est bien préférable. Dans les environs de Bordeaux, les églises sont toujours pleines, le dimanche, et il y a presque autant d’hommes que de femmes.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

Votre pauvre enfant.