Ô la splendeur de notre joie

Mercure de France (p. 9-10).

I


Ô la splendeur de notre joie

Tissée en or dans l’air de soie !

Voici la maison douce et son pignon léger,
Et le jardin et le verger.

Voici le banc, sous les pommiers
D’où s’effeuille le printemps blanc,
À pétales frôlants et lents.

Voici des vols de lumineux ramiers
Planant, ainsi que des présages,

Dans le ciel clair du paysage.
Voici, pareils à des baisers tombés sur terre

De la bouche du frêle azur,
Deux bleus étangs simples et purs,
Bordés naïvement de fleurs involontaires.

Ô la splendeur de notre joie et de nous-mêmes,
En ce jardin où nous vivons de nos emblèmes.