Ô giuventa primavera


Le Pays des rosesG. Charpentier (p. 125-126).


Ô GIUVENTA PRIMAVERA


Le pied blanc de l’aube a laissé
Des poussières d’argent sur l’herbe
Et mis un pleur vite effacé
Au cœur d’argent des lys superbes.
— Ô les beaux matins de printemps
Où le soleil, dans les rosées,
Allume des fleurs irisées
De feux légers et palpitants !

Quand elle eut sur mon cœur joyeux
Mis son pied, vivante lumière,

Des larmes mouillèrent mes yeux
Et mon cœur s’en fut en poussière.
— Ô les beaux matins de printemps,
Où l’âme, aux fleurs appareillée,
Des baisers de l’aube mouillée,
S’emplit de rayons éclatants.

Le vent a séché sur les fleurs
Ce duvet brillant d’eau céleste ;
De celle qui causa mes pleurs,
À peine un souvenir me reste.
— Ô les beaux matins de printemps !
Pour la nature et pour la vie,
Votre douceur, trop tôt ravie,
Ne dure que bien peu d’instants !