Évangiles des Dimanches

ÉVANGILES.


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ÉVANGILE
DU JOUR DE NOËL.


Il y avait dans le pays des Juifs une jeune femme qui s’appelait Marie ; elle était arrière-petite-fille de David, de ce fameux roi David qui devait être le grand-père de Jésus-Christ. La mère et le père de Marie, qui s’appelaient Anne et Joachim, lui avaient fait épouser à l’âge de quinze ans un homme nommé Joseph ; ce Joseph n’était pas riche et il gagnait sa vie en étant charpentier.

Joseph et Marie vivaient tranquillement à Nazareth lorsqu’ils apprirent que l’empereur de Rome, Auguste, ordonnait que tous les hommes fissent écrire leur nom dans la ville ou dans le village où ils étaient nés, parce qu’il voulait savoir combien chaque ville avait d’habitants. Joseph, qui était né assez loin de là dans une ville appelée Bethléem, fut obligé d’y aller, et il emmena avec lui sa femme Marie. Quand ils arrivèrent à Bethléem, ils ne trouvèrent plus de place pour se loger, tant il y avait de monde dans la ville. Mais comme Marie était très-fatiguée, Joseph continua à chercher un logement, et il parvint à trouver une étable où on lui permit de demeurer. C’est dans cette misérable étable, n’ayant d’autre lit que la paille, et au milieu des vaches, que la Sainte-Vierge accoucha d’un petit garçon qui était Notre-Seigneur Jésus-Christ. Elle l’enveloppa de langes, et comme elle n’avait pas de berceau et qu’elle craignait qu’il ne fût écrasé par les animaux si elle le laissait par terre sur la paille, elle le coucha dans une mangeoire qu’on appelle une crèche, qui était vide. C’est à minuit que le petit Enfant Jésus vint au monde. Au moment où il naquit, il y avait dans les champs des bergers qui gardaient leurs troupeaux, parce que, dans ce pays, qui est très-chaud, on laisse les moutons coucher dans les champs. À minuit, les bergers virent tout à coup une grande clarté, et au milieu de cette lumière, ils aperçurent un Ange. Ils furent fort effrayés, mais l’Ange leur dit : — « Ne craignez rien ; je ne suis pas venu pour vous faire du mal, mais seulement pour vous annoncer que votre Sauveur Jésus, le Fils de Dieu, vient de naître dans une étable ; allez dans cette étable, vous y verrez Joseph et Marie, et un petit enfant couché dans une crèche : c’est ce petit enfant qui est Jésus, votre Seigneur et votre Dieu, et vous l’adorerez. » — Quand l’Ange eut fini de parler, les bergers virent une quantité d’autres Anges qui venaient se joindre au premier, et qui se mirent tous à chanter les louanges du Seigneur. Ils chantaient si bien que les bergers étaient ravis ; mais tout d’un coup les Anges disparurent, la musique cessa, la clarté s’éteignit et les bergers restèrent dans l’obscurité. Alors ils se dirent : Allons à Bethléem pour voir l’Enfant Jésus. Ils se mirent en route ; ils arrivèrent bientôt, et ils n’eurent pas de peine à trouver l’étable que leur avaient indiquée les Anges. Ils entrèrent, adorèrent l’Enfant Jésus, et ils racontèrent à tout le monde ce qui leur était arrivé. Quelques personnes les crurent ; mais d’autres se moquèrent d’eux et les traitèrent de fous ou de menteurs.


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CIRCONCISION


DE NOTRE-SEIGNEUR.


Les Juifs avaient l’habitude de porter au Temple les petits garçons quand ils avaient huit jours ; le grand-prêtre prenait l’enfant, le bénissait, disait les prières, et puis, avec un couteau, lui coupait un petit morceau de chair, parce que c’était la marque à laquelle on reconnaissait les Juifs. Saint Joseph porta donc l’Enfant Jésus au Temple de Bethléem, et après la cérémonie, qu’on appelait la circoncision, un bon et sage vieillard, nommé Siméon, qui reconnut, par le secours du Seigneur, que Jésus était Dieu, prit l’Enfant dans ses bras et s’écria en le montrant à tout le monde : — « Maintenant je mourrai content, car j’ai vu le Sauveur du monde ; le voici. » — Tout le monde fut étonné, car on avait grande confiance en la sagesse du vieux Siméon ; mais, au lieu de croire à sa parole, tous ces Juifs se mirent à ricaner et à dire : — « Ce pauvre Siméon ! il est si vieux qu’il ne sait plus ce qu’il dit ; comment est-il possible que ce petit enfant, qui est pauvre, dont les parents sont ouvriers, soit le Sauveur que nous attendons ? » — Et ils s’en allèrent en haussant les épaules. Ainsi, une première fois ils ne voulurent pas croire les bergers, et une seconde fois ils ne crurent pas le sage Siméon ! Plus tard vous verrez qu’ils ne crurent pas à Jésus lui-même, malgré tous les miracles qu’il fit devant eux.


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DIMANCHE


entre la


CIRCONCISION et L’ÉPIPHANIE.


Peu de temps après la naissance de l’Enfant Jésus, le bon saint Joseph dormait une nuit profondément, lorsque tout d’un coup il fut éveillé par une voix qui l’appelait ; il ouvrit les yeux et il vit un Ange éclatant de lumière, qui lui dit : — « Joseph, lève-toi, prends l’Enfant Jésus et ta femme Marie, et sauve-toi tout de suite ; tu iras dans un pays qu’on appelle l’Égypte ; tu y resteras jusqu’à ce que le Seigneur t’envoie dire que tu peux revenir. Je te dis cela, parce que le roi de Judée, le méchant Hérode, cherche partout l’Enfant Jésus pour le faire mourir. Il a su par des rois Mages qu’il y avait un enfant qui était né dans ce pays-ci, que cet enfant était le Roi des hommes ; ce méchant Hérode, qui craint que l’Enfant Jésus ne le chasse de son trône quand il sera grand, veut le faire mourir ; et comme les Mages ne sont pas revenus lui dire comment s’appelaient ses parents ni où ils demeuraient, le roi Hérode a ordonné qu’on tuât tous les petits enfants âgés de moins de deux ans, pour être bien sûr qu’on tuerait le petit Jésus. Ainsi, dépêchez-vous de partir sans que personne le sache et pendant qu’il fait nuit. » — Quand saint Joseph eut entendu l’Ange, il s’habilla bien vite et courut éveiller la Sainte-Vierge Marie pour lui raconter ce que venait de lui dire l’Ange. La Sainte-Vierge enveloppa bien l’Enfant Jésus pour qu’il n’eût pas froid, le prit dans ses bras et monta sur un âne que saint Joseph avait amené et sur lequel il avait attaché tout ce qu’ils avaient de linge et d’effets. Ils se mirent en route la nuit, sans être vus de personne, et quand le jour parut, ils étaient déjà loin de Bethléem et hors de tout danger. Si saint Joseph n’avait pas obéi tout de suite au commandement de l’Ange, l’Enfant Jésus eût été massacré, car dès que le jour parut, les méchants soldats du roi Hérode se précipitèrent dans toutes les maisons et tuèrent tous les pauvres petits enfants qui n’avaient pas encore trois ans, malgré les cris, les pleurs, les prières des parents de ces pauvres petits enfants, qu’on appelle les Saints Innocents. Voilà comment Dieu empêcha ce méchant Hérode de réussir dans son affreux projet de tuer le pauvre petit Jésus, et comment le bon Dieu montra qu’il aimait Jésus, la Sainte-Vierge et saint Joseph, et s’occupait d’eux sans cesse. Quant aux pauvres enfants qui furent tués à la place de l’Enfant Jésus, les Anges les emportèrent tous dans le ciel, où ils sont encore et seront toujours très-heureux.


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LA VEILLE


DE L’ÉPIPHANIE.


Quelques années après que la Sainte-Vierge et saint Joseph se furent sauvés de Bethléem, le méchant roi Hérode, qui avait voulu faire mourir le pauvre petit Jésus, mourut lui-même, et un Ange apparut à saint Joseph pendant qu’il dormait et lui dit : « Maintenant, Joseph, tu peux retourner dans ton pays, car Hérode qui voulait faire mourir Jésus est mort, et il n’y a plus aucun danger pour l’enfant. » — Le lendemain matin, saint Joseph raconta à la Sainte-Vierge ce que lui avait dit l’Ange, et ils repartirent bien vite pour retourner dans leur pays d’Israël qu’ils avaient quitté depuis si longtemps. Mais en chemin, saint Joseph apprit que le fils du roi Hérode, Archélaüs, qui était roi à son tour, était aussi méchant que son père, et il eut peur qu’Archélaüs ne voulût faire du mal à Jésus. L’Ange lui apparut encore et lui dit qu’il était plus sage de rester en Galilée qui est un pays tout près de la Judée, et il s’établit dans une ville appelée Nazareth. C’est là où fut élevé Jésus, et c’est pour cela que les Juifs l’appelaient toujours Nazaréen, quoiqu’il fût juif comme eux ; mais ils ne savaient pas cela et ils croyaient qu’il était né dans la ville de Nazareth où il avait été élevé.


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JOUR


DE L’ÉPIPHANIE.


Le méchant roi Hérode, qui régnait dans le royaume de Juda quand Jésus naquit, vit un jour arriver trois rois Mages (ce qui voulait dire Savants), qui venaient de bien loin, d’un pays qui est en Afrique plus loin encore de la Judée que ne l’était l’Égypte. Surpris de voir arriver des rois de si loin, il leur fit demander ce qui leur avait fait entreprendre un si grand voyage : « Nous sommes venus, répondirent les Mages, pour adorer le Roi des Rois ; mais nous ne savons pas au juste dans quelle ville il demeure ; c’est par ordre du Seigneur que nous le cherchons ; nous étions tranquillement chez nous, lorsque nous vîmes tout d’un coup une grosse étoile briller devant nous, et une voix nous dit : Mages, suivez cette étoile, elle vous conduira dans un pays où vous trouverez un enfant dans une crèche ; adorez-le, car c’est le Seigneur, le Fils de Dieu, le Roi des Rois. La voix cessa de parler, mais l’étoile brillait toujours. Nous avons bien vu que cette voix était la voix de Dieu, et nous nous sommes mis tout de suite en route pour lui obéir ; l’étoile a toujours marché devant nous et nous l’avons suivie : elle s’est arrêtée ici ; savez-vous où est le Roi des Rois pour que nous l’adorions ? » — Quand on vint redire cela au roi Hérode, il fut très-surpris et très-troublé de ce discours : « Comment, se dit-il, cet enfant serait-il vraiment Roi, et serais-je donc obligé de lui céder mon royaume et de lui obéir ? Non, je veux rester seul maître de mes sujets, je ne veux obéir à personne et je ferai tuer cet enfant. Mais il faut que je sache où il demeure, et pour le trouver il faut que je sois adroit avec les Mages, et que je fasse semblant de vouloir l’adorer aussi. Peut-être cet enfant est-il le Christ, le Messie que tous les Juifs attendent. » — Tourmenté de cette pensée, il fit venir les gens les plus savants de la ville et leur demanda où devait naître le Messie. « Seigneur, répondirent-ils, le Christ, le Messie, doit naître à Bethléem, en Judée. — Et quand doit-il naître ? — Seigneur, c’est dans ce temps-ci qu’on l’attend. » Le roi Hérode ordonna alors qu’on lui amenât les Rois Mages, et il leur dit : « Celui que vous cherchez doit être dans la petite ville de Bethléem ; allez le voir et quand vous l’aurez adoré ; vous reviendrez en passant me dire dans quelle maison il demeure et comment s’appellent ses parents, afin que je puisse moi-même aller l’adorer. » Les Mages le promirent en remerciant le roi, et au moment où ils allaient se remettre en route, l’étoile leur apparut de nouveau et les mena jusqu’à Bethléem. Elle s’arrêta sur l’étable où était l’Enfant Jésus, et disparut. Alors les Mages entrèrent, virent l’Enfant et sa Mère, l’adorèrent et lui offrirent les présents qu’ils lui avaient apportés ; c’était de l’or, de l’encens et de la myrrhe qui était un parfum très-précieux. Ils partirent ensuite pour s’en retourner chez eux, mais ils ne repassèrent pas par Jérusalem où était le roi Hérode, parce qu’ils virent en songe tous les trois que Dieu leur ordonnait de prendre un autre chemin. C’est ainsi que Dieu empêcha le méchant Hérode de faire mourir Jésus. C’était par orgueil qu’Hérode voulait faire cette méchante action, car il craignait que la puissance de Jésus ne fût plus forte que la sienne, et lui qui voulait commander ne pouvait pas supporter la pensée d’obéir ou même de se soumettre à un roi plus puissant et surtout plus juste, meilleur, et par conséquent plus aimé qu’il ne l’était lui-même.


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DIMANCHE


dans


L’OCTAVE DE L’ÉPIPHANIE.


L’Enfant Jésus grandissait et surprenait tout le monde par sa sagesse et par son esprit ; il était très-doux et très-obéissant avec la Sainte-Vierge et avec saint Joseph qui l’aimaient bien tendrement. Il y avait tous les ans à Jérusalem, qui est la capitale de la Judée, une grande fête qu’on appelait la Pâque, qui durait plusieurs jours. Tous les Juifs étaient dans l’usage d’y aller ; la Sainte-Vierge et saint Joseph y allaient tous les ans. Quand l’Enfant Jésus eut douze ans, ils l’emmenèrent avec eux ; ils restèrent à Jérusalem pendant la fête, et puis s’en retournèrent avec une quantité d’autres personnes à Nazareth. Il y avait tant de monde qu’ils ne s’aperçurent pas que Jésus n’était point avec eux, et ils marchèrent toute la journée croyant que Jésus était avec les autres enfants de son âge. Ce ne fut que le soir que, cherchant leur enfant et ne le trouvant pas, ils eurent peur et retournèrent bien vite à Jérusalem où ils le cherchèrent deux jours sans pouvoir le trouver. La Sainte-Vierge était dans un grand chagrin, lorsque enfin le troisième jour, entrant dans le Temple (qui était l’église des Juifs), ils trouvèrent l’Enfant Jésus parlant à plusieurs vieillards et savants qui étaient étonnés et enchantés de la sagesse, de l’esprit et de l’instruction d’un si jeune enfant. Quand la Sainte-Vierge l’aperçut, elle l’appela, et l’embrassant tendrement, elle lui dit : « Mon fils, mon cher fils, pourquoi nous as-tu fait un si grand chagrin ? Dans quelle inquiétude tu nous as mis ! » Jésus, qui était inspiré par Dieu son Père pour prêcher les vieillards comme il l’avait fait, répondit : « Et pourquoi, ma Mère, vous tourmentiez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois obéir à mon Père qui est dans le ciel et que je dois le servir en cherchant à rendre les hommes meilleurs qu’ils ne le sont et en leur disant ce qu’ils doivent faire pour plaire à Dieu ? » La Sainte-Vierge comprit que la réponse de Jésus lui avait été inspirée par Dieu et elle ne dit plus rien ; mais Jésus la suivit, et depuis ce jour jusqu’à l’âge de trente ans il ne les quitta plus. Il travaillait avec saint Joseph qui était charpentier et il était soumis à sa Mère. C’est ainsi qu’il nous a donné à tous, mes enfants, l’exemple du travail et de l’obéissance. Travailler et obéir pendant trente ans, c’est bien long ! aussi on ne vous demande pas de faire aussi bien que Notre-Seigneur Jésus-Christ ; travaillez et obéissez seulement pendant votre enfance, et plus tard vous verrez que travailler est un plaisir, et obéir à Dieu est un bonheur.


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OCTAVE


DE L’ÉPIPHANIE.


Jésus, qu’on appelle ordinairement Jésus-Christ, avait un cousin nommé Jean-Baptiste, qui était du même âge que Jésus. Lorsque Jean eut trente ans, Dieu lui ordonna d’aller prêcher, c’est-à-dire d’aller annoncer à tout le monde que le Christ, le Messie, le Sauveur du monde allait venir, et comme il parlait très-bien et donnait de très-bons conseils, il avait beaucoup de disciples, c’est-à-dire de gens qui le suivaient partout pour écouter ce qu’il disait et le répéter aux autres. Un jour que Jean était assis dehors avec ses disciples, il aperçut de loin Jésus qui venait à lui, et il leur dit : « Voilà l’Agneau de Dieu, voilà celui qui ôte les péchés du monde. C’est celui dont je vous ai si souvent parlé et dont je vous ai dit : Il viendra après moi un homme qui est au-dessus de moi, plus puissant et meilleur que moi, parce qu’il est Fils de Dieu. Moi, je ne savais pas qu’il fût Fils de Dieu et Dieu lui-même, mais un jour que je baptisais, c’est-à-dire que je versais de l’eau sur la tête de ceux qui voulaient devenir bons, pour laver leur âme de leurs péchés, je vis venir à moi mon cousin Jésus, que je connais depuis mon enfance et dont j’ai toujours admiré la bonté et la sagesse ; il me pria de le baptiser, et pendant que je versais l’eau sur sa tête, je vis le ciel s’entr’ouvrir : le Saint-Esprit en sortit sous la forme d’une colombe, il vint se poser sur la tête de Jésus, et une voix éclatante et douce s’écria : Voilà mon Fils bien-aimé ; c’est sur lui que j’ai reposé toutes mes affections. Alors je connus que Jésus était Dieu, car lorsque le Seigneur m’ordonna d’aller annoncer le Sauveur du monde, il me dit que celui sur lequel je verrais descendre le Saint-Esprit serait le Sauveur. J’ai vu, et je vous raconte ce que j’ai vu, afin que vous sachiez que Jésus qui vient à nous est le Seigneur, Fils de Dieu. »


Les disciples de saint Jean le crurent. Et nous aussi, mes chers enfants, nous devons le croire, sans quoi Dieu ne nous aimerait pas et nous punirait de notre incrédulité ; d’ailleurs, quand vous serez grands, vous verrez dans des livres qui vous ennuieraient maintenant, mais qui plus tard vous paraîtront bien intéressants, qu’il est impossible de ne pas croire que Jésus soit Fils de Dieu, à moins d’être ignorant ou d’être méchant comme étaient le roi Hérode et d’autres Juifs savants jaloux de ce bon Jésus.


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DEUXIÈME DIMANCHE


APRÈS L’ÉPIPHANIE.


Il y avait en Galilée une ville qui s’appelait Cana et qui était près de Nazareth où demeurait encore Jésus. Un des parents de Jésus se maria à Cana ; on fit une belle noce, et Jésus fut invité à y aller avec saint Joseph, sa Mère et tous ses parents. Ils y allèrent, et on servit un grand repas. Au milieu du repas, la Sainte-Vierge alla dire à Jésus : « Mon Fils, il n’y a plus de vin, et le maître de la maison est fort embarrassé. » Jésus lui répondit : « Pourquoi venez-vous me parler de cela ? mon temps de faire des miracles n’est pas encore venu. » Malgré cette réponse, Marie, qui savait combien son Fils l’aimait et qu’il pouvait tout ce qu’il voulait, dit aux domestiques : « Faites tout ce qu’il vous dira de faire. » Il y avait là six grands vases de pierre dans lesquels on mettait l’eau. Ces vases étaient vides et si grands que chacun d’eux tenait trois cruches. Jésus dit aux domestiques : « Allez puiser de l’eau et remplissez-en ces vases. » Les domestiques puisèrent de l’eau et remplirent les vases jusqu’en haut. « Maintenant, dit Jésus, puisez dans ces vases et allez porter ce que vous en aurez retiré au maître d’hôtel. » Les domestiques puisèrent dans les vases et portèrent ce qu’ils avaient puisé au maître d’hôtel qui en goûta et s’écria : « Le bon vin ! Comment, mon maître, vous avez gardé le meilleur vin pour la fin du repas ! » Le maître ni le maître d’hôtel ne savaient d’où venait ce vin, mais les domestiques qui avaient puisé l’eau le savaient bien ; ils virent que Jésus avait fait le miracle de changer l’eau en vin et ils le racontèrent partout.


Ce fut le premier miracle de Jésus-Christ. Et remarquez, mes enfants, que Jésus fit ce miracle à la prière de sa Mère, quoiqu’il ne dût commencer que plus tard à se faire connaître, et remarquez aussi avec quelle confiance la Sainte-Vierge vient demander un miracle à son Fils et comme même, après la réponse qu’il lui fait et qui semble annoncer un refus, elle continue à ne pas douter que son Fils ne veuille lui complaire, et elle ordonne aux domestiques d’obéir à Jésus. Sa confiance dans la tendresse et le respect de Jésus fut récompensée, car au même instant Jésus fit son premier miracle en faveur de sa Mère. Vous, mes chers enfants, vous ne pouvez pas faire de miracles pour complaire à vos parents, mais quand ils vous témoignent de la confiance dans votre sagesse, montrez-vous-en dignes en

étant aussi sages que possible.


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TROISIÈME DIMANCHE


APRÈS L’ÉPIPHANIE.


Jésus passait tout son temps à aller de ville en ville avec ses disciples, pour dire à tous les hommes ce qu’ils devaient faire, pour engager les méchants à devenir bons, et puis pour faire du bien à tous les malades et les affligés. Un jour donc qu’il parlait devant une grande foule d’hommes, de femmes et d’enfants, un malheureux lépreux s’approcha de lui et le supplia à genoux de le guérir. La lèpre était une horrible maladie qui couvrait tout le corps de plaies dégoûtantes et puantes ; les chairs finissaient par être rongées, et le pauvre lépreux mourait dans des souffrances affreuses, abandonné de tout le monde, parce que cette maladie se gagnait en touchant le malade, ou même en touchant à ses habits, de sorte que tout le monde fuyait les lépreux, et qu’il leur était même défendu de demeurer dans les maisons et de vivre avec d’autres hommes. Jésus eut pitié de ce pauvre lépreux qui avait confiance en son pouvoir et qui lui disait : « Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir ! » Jésus étendit la main, toucha cet horrible lépreux et dit : « Je le veux, soyez guéri ! » Au même instant l’homme fut guéri ; ses plaies disparurent et sa peau devint unie et blanche comme s’il n’avait jamais été malade. Et Jésus lui dit encore : « Allez vous montrer aux prêtres pour qu’ils voient bien que vous êtes guéri et que vous pouvez retourner dans votre maison et vivre avec vos parents et vos amis ; et en reconnaissance de votre guérison, allez faire une offrande au Temple, c’est-à-dire allez donner ce que vous pourrez aux pauvres, comme l’a ordonné le grand pontife Moïse. » Le lépreux, plein de joie, fit ce que Jésus lui avait commandé.


Un autre jour, en entrant dans la ville de Capharnaüm, un officier riche, qui avait le titre de centenier, parce qu’il commandait une troupe de cent soldats, s’approcha de Jésus et lui dit : « Seigneur, j’ai dans ma maison un domestique qui est paralysé de tous ses membres, qui ne peut ni marcher ni même remuer une jambe ou un bras. » Jésus lui dit : « J’irai et je le guérirai. » Le centenier répondit : « Ah ! Seigneur, c’est trop d’honneur que vous voulez me faire d’entrer dans ma maison, je n’en suis pas digne ! D’ailleurs, pourquoi vous donner la peine de venir jusque chez moi : dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. Moi qui n’ai pas beaucoup de puissance, je n’ai qu’à dire à un de mes domestiques : Faites cela, et il le fait ; à un autre : Allez là, et il y va. Si donc moi qui ne suis rien, on m’obéit, combien plus grand est votre pouvoir sur tous les hommes et sur toutes les choses ! Jésus entendant cela, dit à ceux qui le suivaient : « En vérité, je n’ai jamais vu dans le royaume d’Israël un homme qui eût tant de foi en moi ; aussi je vous dis que les hommes auxquels j’ai parlé, auxquels j’ai donné de bons conseils, auxquels j’ai fait du bien, et qui n’ont pas écouté mes paroles ni suivi mes conseils, qui n’ont pas cru en ma puissance, que ces hommes iront en enfer où ils seront dans l’obscurité ; où ils souffriront des tourments qui les feront pleurer et grincer des dents, tandis que beaucoup d’hommes qui ne m’auront jamais vu ni entendu, mais qui croiront en moi, iront dans le ciel avec les anges. » Ensuite Jésus se retourna vers le centenier, et lui dit : — « Allez, votre foi sera récompensée ; votre serviteur est guéri comme vous l’avez désiré. » — Le centenier se prosterna devant Jésus pour le remercier, et s’en retourna chez lui où il trouva ses serviteurs très-étonnés de la guérison subite de leur camarade. Le centenier demanda à quelle heure il avait été guéri, et d’après la réponse de ses domestiques, il vit que c’était justement au moment où Jésus lui avait dit : « Allez, votre serviteur est guéri. »


Vous voyez, mes chers enfants, combien Jésus est bon pour ceux qui ont confiance en lui et qui lui demandent de les guérir de leurs maux. Quand nous avons besoin de quelque chose, demandons-le-lui et il nous l’accordera ; mais il faut que ce soit une chose utile et bonne, comme de nous aider à ne pas être paresseux, ni désobéissants, ni jaloux ou fiers. Car si nous lui demandons des niaiseries, comme des gâteaux ou des joujoux, il ne nous l’accordera pas, parce que les gâteaux sont une gourmandise, et que l’argent que coûtent les joujoux serait bien mieux employé en le donnant aux pauvres. Il y a tant de pauvres gens qui n’ont ni pain ni habits ! Ainsi donc, ne demandons que la force d’être bons, et Jésus, si bon lui-même, nous exaucera.


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QUATRIÈME DIMANCHE


APRÈS L’ÉPIPHANIE.


Jésus changeait souvent de demeure pour pouvoir faire du bien dans beaucoup d’endroits différents. Un jour qu’il voulait aller dans une autre ville, il se trouva qu’il fallait traverser un lac : il y avait des bateaux pour passer à l’autre bord. Jésus monta avec ses disciples dans un de ces bateaux, et comme il faisait très-chaud et qu’il avait beaucoup marché, il s’endormit. Pendant qu’il dormait, il vint un orage et une grande tempête ; les vagues devenaient énormes ; tout le monde eut peur que le bateau ne s’enfonçât dans les vagues. Les disciples de Jésus, voyant le danger, allèrent l’éveiller et lui dirent : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. » Jésus, les voyant tous si pâles et si effrayés, leur dit : « Hommes de peu de foi, pourquoi avez-vous peur quand je suis avec vous ? Ne croyez-vous donc pas encore ma puissance, après tous les miracles que vous m’avez vu faire ? » Alors il se leva et ordonna au vent de s’apaiser et à la mer de devenir calme. Au même instant le vent cessa et la mer devint unie comme une glace. Et tous les étrangers qui étaient sur le bateau furent saisis d’étonnement et ils se demandaient entre eux : « Quel est cet homme auquel les vents et la mer obéissent ? »


Vous voyez, mes enfants, que Jésus gronde un peu les disciples de leur frayeur. En effet, ils devaient savoir qu’avec Jésus ils ne couraient aucun danger, puisqu’il n’avait qu’à dire un mot ou même vouloir dans sa pensée, pour les sauver de tous les dangers possibles. Si nous avions le bonheur d’avoir Jésus avec nous, nous aurions certainement plus de confiance et nous serions bien heureux de l’écouter et de lui être agréables en suivant ses bons conseils. Eh bien, mes chers enfants, nous pouvons le faire puisqu’il est toujours avec nous, qu’il nous voit et nous entend toujours, et qu’il nous a laissé des livres qui nous disent ce que nous devons faire pour le contenter, c’est-à-dire pour être bons.


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CINQUIÈME DIMANCHE


APRÈS L’ÉPIPHANIE.


Jésus cherchait toujours à dire de bonnes choses à tous les hommes qui venaient en foule près de lui pour l’entendre ; et pour les amuser en les instruisant, il leur racontait souvent des histoires ou paraboles qui leur donnaient de bonnes pensées. Un jour il leur dit : « Vous me demandez à quoi ressemble le royaume du ciel ou le paradis. Je vais vous raconter une histoire et vous tâcherez de la comprendre :

— Il y avait une fois un homme riche qui avait des champs superbes. Au printemps il sema dans ces champs du beau et bon blé. Cet homme avait un ennemi qui fut très en colère que ces champs fussent semés, parce que, disait-il, quand ce blé sera poussé, il y en aura pour beaucoup d’argent, et cet homme que je déteste sera plus riche encore qu’auparavant. Alors il chercha un moyen de gâter ce blé, et pendant une nuit où tout le monde dormait, il prit un grand sac de mauvaise graine qu’on appelle ivraie, et il alla tout doucement semer cette ivraie au milieu du blé sans que personne le vît.

Quelques jours après, les serviteurs de l’homme riche se promenaient dans les champs pour voir si le blé poussait bien, et ils virent que le blé était entremêlé d’ivraie.

Ils coururent bien vite chez leur maître et lui dirent : « Seigneur, est-ce que vous n’avez pas semé du beau blé dans vos champs ? — Certainement, mes amis, du plus beau blé qu’on ait jamais vu. — Mais, seigneur, comment se fait-il alors qu’il y ait énormément d’ivraie qui pousse avec le blé ? — De l’ivraie ! je vois ce que c’est, c’est mon ennemi qui aura fait cette méchanceté pour gâter mon blé ! — Eh bien, seigneur, voulez-vous que nous allions arracher cette mauvaise herbe pendant qu’elle est toute petite ? — Non, non, mes amis, je vous remercie de votre bonne volonté ; mais j’aime mieux laisser pousser l’ivraie en même temps que le blé, parce qu’à présent le blé est très-jeune et mince, et en arrachant l’ivraie, vous pourriez sans le vouloir arracher aussi mon bon blé ! Quand le blé sera mûr et que la moisson sera faite, alors je dirai aux ouvriers de séparer le blé d’avec l’ivraie ; je ferai mettre le blé dans mes greniers et je ferai jeter la mauvaise herbe dans le feu. »


Quand Jésus eut fini sa parabole, ceux qui l’avaient écouté, se mirent à causer entre eux sur ce que Jésus avait voulu dire. L’un disait : « Je crois que Jésus a voulu nous montrer par là, que nous devons toujours veiller sur nous-mêmes et ne jamais nous endormir sur nos défauts, parce que si nous nous laissons aller un moment, notre ennemi qui est le démon, arrivera bien vite et sans que nous nous en apercevions, il sèmera dans nos cœurs de la mauvaise graine, c’est-à-dire, la paresse, la désobéissance, le mensonge, la gourmandise, la jalousie, l’orgueil, la méchanceté ; et ces mauvaises qualités pourront étouffer les bonnes. — Moi, disait un autre, je crois que Jésus a voulu nous montrer combien Dieu était bon et patient ; le blé, ce sont les hommes bons ; le mauvais grain, l’ivraie, ce sont les méchants. Il ne veut pas ôter ces méchants de dessus la terre dans leur jeunesse de peur d’arracher une herbe qui aurait pu être bonne si on l’avait laissée vivre plus longtemps. Et puis aussi il montre avec quelle patience Dieu attend jusqu’à la fin, c’est-à-dire, jusqu’au moment de notre mort, pour nous punir de notre méchanceté et nous jeter au feu de l’enfer. » C’est ainsi que parlait le peuple qui entourait Jésus, et nous pouvons croire qu’ils avaient tous raison et que Jésus avait voulu en effet nous montrer par sa parabole, et la bonté de Dieu et la nécessité de toujours veiller sur nous-mêmes, c’est ce que nous ferons pour bien attraper ce méchant démon qui cherche toujours à nous souffler de mauvaises pensées, à nous rendre pauvres de bonnes actions, et qui se désole quand nous nous enrichissons de vertus.


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SIXIÈME DIMANCHE


APRÈS L’ÉPIPHANIE.


Jésus voyant beaucoup de monde autour de lui, leur dit : « Pour entrer dans le royaume des Cieux, il faut être comme un grain de sénevé qu’on sème dans la terre ; c’est un tout petit grain, le plus petit de tous les grains ; mais quand on le sème, il en sort une plante qui grandit jusqu’à ce qu’elle devienne plus haute que toutes les autres plantes ; et elle donne tant de branches et de feuilles, que les oiseaux viennent s’y mettre à l’ombre et s’y reposer. Ou bien encore, il faut faire comme le levain que prend une femme quand elle veut pétrir du pain ; elle met ce morceau de pâte aigrie dans sa pâte fraîche, et bientôt après toute la pâte se gonfle et fait du pain léger et excellent. » Tous ceux qui écoutaient Jésus, comprirent ce qu’il avait voulu dire. Le tout petit grain est un tout petit désir de bien faire, que le bon Dieu sème dans notre cœur. Ce petit désir augmente, il nous fait faire une bonne action ; alors nous sommes contents de nous-mêmes et nous voulons faire mieux encore ; nous faisons d’autres bonnes actions jusqu’à ce que nous en ayons une aussi grande quantité que le sénevé a de branches et de feuilles.

Le levain veut dire la même chose ; c’est une bonne pensée que le bon Dieu met dans notre cœur et qui le rend gonflé de bonté et de vertus. — Ainsi, mes chers enfants, ayez bien soin de ne pas rejeter ces bonnes pensées qui vous viennent, de peur que le bon Dieu n’en veuille plus semer dans votre cœur ; mais aussitôt que nous avons le désir de bien faire, d’être bien doux, bien obéissants, de donner quelque chose aux pauvres, faisons-le tout de suite. Le bon Dieu nous en récompensera en nous rendant facile et agréable ce qui nous paraissait avant si difficile et si ennuyeux.


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LE DIMANCHE


DE LA SEPTUAGÉSIME.


Jésus raconta un jour à ses disciples cette parabole (ou histoire) :


« Il y avait une fois un homme qui avait de très-belles vignes ; il lui fallait des ouvriers pour les bêcher, les tailler et les attacher ; il sortit donc de grand matin pour chercher des ouvriers, et il en trouva qui consentirent à aller travailler chez lui toute la journée pour une pièce d’argent. Trois heures après, il sortit encore et il trouva des ouvriers qui étaient sur la place à ne rien faire. Il leur dit : Allez, mes amis, travailler à ma vigne ; je vous payerai votre journée. Ils y allèrent tout de suite. À midi, le maître sortit encore et il vit encore des ouvriers sans ouvrage. Il leur proposa comme aux autres d’aller travailler à sa vigne, et ils y allèrent. Enfin, étant sorti le soir, presque à la fin de la journée, il trouva encore des ouvriers sur la place et il leur dit : Pourquoi êtes-vous restés ici toute la journée sans rien faire ? — Seigneur, répondirent-ils, c’est parce que personne n’a voulu nous donner de l’ouvrage. — Puisqu’il en est ainsi, dit le maître, et que ce n’est pas de votre faute, allez-vous-en aussi travailler à ma vigne. Ils furent très-contents et ils y allèrent tout de suite. Une heure après, quand la journée fut finie, le maître dit à son intendant : Appelez tous les ouvriers pour les payer et commencez par les derniers arrivés. L’intendant ayant fait ranger tous les ouvriers, appela ceux qui n’avaient travaillé qu’une heure et leur donna à chacun une pièce d’argent. Les autres, voyant cela, se dirent entre eux : — Nous allons avoir beaucoup d’argent, puisque nous avons travaillé bien plus longtemps que ceux-ci : il est juste qu’on nous paye davantage. Mais quand leur tour vint, le maître ne leur fit donner qu’une pièce d’argent comme aux autres. Quand ils virent cela, ils furent en colère, et ils se mirent à murmurer et à dire : — Pourquoi donc donne-t-on autant à ceux qui ont travaillé seulement une heure, qu’à nous qui avons supporté toute la chaleur du jour et qui nous sommes fatigués toute la journée ? C’est injuste cela ; on devrait nous donner plus. — De quoi vous plaignez-vous ? leur dit le maître. Est-ce que je ne vous donne pas ce que je vous ai promis ? N’êtes-vous pas convenus avec moi que je vous donnerais une pièce d’argent pour votre journée ? Ne suis-je pas le maître de donner ce qui me plaît à ceux qui sont venus après vous ? Et parce que je suis bon, faut-il que vous soyez jaloux ? Je ne veux pas que ces pauvres ouvriers souffrent de ce que personne n’est venu leur donner de l’ouvrage ; et quoique je ne les aie fait travailler que la dernière heure du jour, je veux qu’ils soient payés les premiers et autant que les premiers. »


Les disciples comprirent que Jésus avait voulu dans cette parabole leur donner une leçon sur la jalousie et l’envie. Et nous aussi profitons de cette leçon. Quand nous entendrons donner des louanges à nos amis, ne disons pas : Moi, j’ai fait plus ou mieux que celui-là et on ne me loue pas ; je mérite pourtant plus que lui d’être loué. Quand nous verrons un de nos camarades avoir un grand plaisir, ou être plus heureux que nous, ne disons pas : Pourquoi donc mon camarade s’amuse-t-il pendant que je m’ennuie ? Pourquoi est-il plus heureux que moi qui suis tout aussi sage et peut-être plus sage que lui ? C’est injuste cela ! — Non, mes enfants, ce n’est pas injuste, car le bon Dieu fait tout pour notre bien, et si nous n’avons pas tout le bonheur ni tous les plaisirs qu’ont nos camarades, nous avons d’autres choses qui leur manquent et qu’ils voudraient bien avoir, comme, de bons parents, une bonne santé, de bons frères et de bonnes sœurs, une grande fortune, etc. Le bon Dieu qui est juste, ne veut pas donner tout aux uns, rien aux autres, et s’il donne moins aux uns dans ce monde, il leur donnera plus dans l’autre monde où nous irons après notre mort. Là, nous serons heureux si nous avons supporté avec douceur les peines que Dieu nous a envoyées et si nous avons travaillé avec bonne volonté à sa vigne, c’est-à-dire à notre cœur dont nous devons arracher les mauvaises pensées, détruire les mauvais sentiments, afin de n’y garder que ce qui est bon.


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DIMANCHE


DE LA SEXAGÉSIME.


Tout le monde parlait de Jésus et des miracles qu’il faisait, de sorte que beaucoup de personnes accouraient de très-loin pour le voir et l’entendre. Jésus voyant une multitude de gens qui attendaient, leur raconta cette parabole : « Un homme alla un jour semer du blé dans ses terres, et en semant, il en laissa tomber une partie le long du chemin. Il passait beaucoup de monde sur ce chemin ; le blé fut écrasé, et ce qui resta fut mangé par les petits oiseaux. Une autre partie du blé tomba dans un mauvais terrain plein de pierres ; il commença par pousser, mais cette terre était si sèche, que bientôt le blé mourut. Une autre partie tomba dans de la terre, mais cette terre était pleine d’épines, et les épines en grandissant étouffèrent le blé. La dernière partie tomba enfin dans de la bonne terre ; le blé y poussa parfaitement ; chaque grain devint un épi, et chaque épi donna cent grains. Que ceux qui ont des oreilles entendent ce que je dis. »

Quand Jésus eut fini de parler, ses disciples s’approchèrent de lui et lui dirent : — Seigneur, nous ne comprenons pas ce que signifie cette parabole ; voulez-vous nous l’expliquer ? — Et Jésus leur dit : — Pour vous qui cherchez à être bons, et qui faites tous vos efforts pour le devenir, je veux bien vous expliquer cette parabole ; mais quant à ces hommes qui nous entourent, ils ne viennent me voir que par curiosité ; ils ne suivent pas mes conseils ; ils offensent sans cesse Dieu, mon Père. À eux je ne veux rien expliquer, car ils ont des yeux avec lesquels ils ne regardent que ce qui est mauvais, et ils ont des oreilles avec lesquelles ils n’écoutent que ce qui est mal. Mais pour vous, mes chers disciples, écoutez ! La semence, le blé, c’est la parole de Dieu, les bons conseils. Ce qui tombe sur le bord du chemin, marque ceux qui écoutent les bons conseils, mais qui n’y pensent plus un instant après et ne deviennent pas meilleurs. Ce qui tombe sur une terre pleine de pierres, marque ceux qui écoutent les bons conseils, qui veulent les suivre, mais qui, à la première occasion d’être gourmands, paresseux, désobéissants, colères, trouvent trop difficile de résister et laissent sécher dans leurs cœurs cette envie d’être bons. Ce qui tombe dans les épines, marquent ceux qui ont entendu les bons conseils, mais qui sont tellement occupés à s’amuser, à faire de la toilette, à manger, à jouer avec leurs amis, que leurs bonnes résolutions sont étouffées en naissant. Enfin, ce qui tombe dans la bonne terre, marque ceux qui entendent la parole de Dieu, qui l’écoutent, qui la suivent, et deviennent en grandissant pleins de vertus, comme les épis sont pleins de grains. — Je suis bien sûre, mes enfants, que vous voudrez être la bonne terre, que vous écouterez et suivrez toujours les bons conseils qu’on vous donnera, pour devenir le superbe épi plein de vertus.


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DIMANCHE


DE LA QUINQUAGÉSIME.


Jésus appela un jour près de lui ses douze disciples et leur dit : « Mes chers disciples, nous allons à présent prendre le chemin de Jérusalem, parce qu’il faut que tout ce que les prophètes ont prédit s’accomplisse. Ils ont dit que le Fils de l’homme sera livré aux Gentils, que tout le monde se moquera de lui, qu’on lui attachera les mains avec des cordes, qu’on lui crachera au visage, qu’on le fouettera jusqu’à ce qu’il soit couvert de sang, qu’on le fera mourir sur une croix et qu’après tout cela il ressuscitera le troisième jour. » Les disciples ne comprirent pas du tout ce que Jésus voulait leur dire, parce qu’ils ne savaient pas que c’était lui-même qu’il appelait le Fils de l’homme et parce que Dieu n’avait pas encore ouvert leur esprit pour qu’ils pussent tout comprendre et tout savoir. Ils suivirent pourtant Jésus, et comme ils approchaient d’une ville nommée Jéricho, un pauvre aveugle qui était assis sur le bord du chemin pour demander la charité aux passants et qui entendait approcher une foule de peuple, demanda ce que c’était ; on lui dit que c’était Jésus qui passait. Aussitôt le pauvre aveugle se mit à crier : « Jésus, fils de David, ayez pitié de moi. » Ceux qui marchaient en avant lui disaient de se taire ; mais lui, criait encore plus fort : « Jésus, fils de David, ayez pitié de moi. » Alors Jésus qui l’entendit crier, s’arrêta et dit : « Amenez-moi cet homme. » Les disciples allèrent chercher l’aveugle et le lui amenèrent. « Que voulez-vous que je vous fasse ? » lui demanda Jésus. « Seigneur, répondit l’aveugle, faites que je voie. » Jésus lui dit : « Voyez, votre foi vous a sauvé. » Et au même instant l’aveugle vit clair ; il se prosterna aux pieds de Jésus pour le remercier, et il voulut le suivre par reconnaissance. Et tout le peuple fut très-surpris de ce miracle, et se mit à glorifier Jésus. Vous voyez, mes enfants, que si l’aveugle n’avait pas crié et appelé Jésus pour le guérir, il serait resté aveugle. Jésus l’a guéri pour le récompenser de la confiance qu’il avait eue en sa bonté et en sa puissance. Quand nous aurons besoin de secours pour nous guérir de quelque mal, c’est-à-dire de quelque défaut, appelons aussi le bon Jésus à notre secours et il viendra tout de suite à notre aide. Et puis après, suivons-le, c’est-à-dire continuons à imiter sa bonté et sa charité.


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MERCREDI


DES CENDRES.


Jésus dit à ses disciples : « Vous savez qu’il y a des jours où l’on jeûne, c’est-à-dire où l’on fait pénitence de ses péchés en se privant de choses bonnes à manger et de différents amusements. Quand vous jeûnerez, ne faites pas comme les hypocrites qui, pendant les jours de jeûne, prennent un visage triste, s’habillent mal et se donnent un air malheureux pour que tout le monde voie qu’ils jeûnent, et pour qu’on dise : « Oh ! le saint homme, comme il jeûne sévèrement ; comme il se prive de tout, on le voit à sa figure pâle et fatiguée ! » Je vous dis que ces hypocrites qui ne recherchent que les louanges des hommes, ne seront pas récompensés par Dieu de leurs jeûnes ; les louanges des hommes leur suffiront. Mais vous, au contraire, quand vous jeûnerez, ne vous vantez pas de ce que vous faites, prenez un visage gai et heureux, habillez-vous proprement et ne cherchez pas à faire dire du bien de vous parce que vous jeûnez. Le bon Dieu qui sait tout ce que vous faites, vous récompensera des bonnes actions que vous aurez accomplies pour lui plaire. Ne vous tourmentez pas non plus à amasser des richesses dans ce monde. À quoi vous servira, après votre mort, d’avoir eu de beaux habits, beaucoup d’argent, de belles maisons ? Occupez-vous, au lieu de cela, à amasser un grand trésor de bonnes actions. Ce trésor-là vous restera toujours ; les voleurs ne pourront pas vous le prendre ; la pluie, le tonnerre, ne pourront pas vous le gâter. Et quand après votre mort vous présenterez ce trésor à Dieu, il vous en récompensera en vous rendant heureux pour toujours.


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PREMIER DIMANCHE


DE CARÊME.


Jésus voulut montrer aux hommes par son exemple qu’il faut jeûner pour faire pénitence des fautes qu’on commet. Et quoique lui-même n’eût jamais commis aucune faute puisqu’il est Dieu et que Dieu ne peut pas pécher, il se retira dans un désert, ce qui veut dire un endroit où il n’y a pas d’hommes et où personne ne peut vivre tant la terre y est sèche, mauvaise et pleine de rochers ou de sable. Jésus resta quarante jours dans ce désert, sans boire ni manger. Au bout de ces quarante jours il eut faim, et le diable, qui avait bien envie de lui faire commettre un péché, se présenta devant lui et lui dit : « Si vous êtes vraiment Fils de Dieu, commandez que ces pierres deviennent du pain. » Le démon espérait que Jésus voudrait montrer sa puissance et qu’il ferait un péché d’orgueil. Mais Jésus lui répondit : « L’homme a besoin d’autre chose que de pain pour vivre ; il faut encore qu’il écoute les ordres de Dieu et qu’il ne pèche pas. »

Le démon, voyant que ce moyen n’avait pas réussi, prit Jésus et le transporta sur le toit du Temple de Jérusalem qui était très-élevé, et il lui dit : « Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas du Temple, car les anges vous prendront dans leurs bras et vous empêcheront de vous blesser. » Jésus lui répondit : « On lit dans les livres saints : Vous ne tenterez pas le Seigneur votre Dieu. »

Alors le diable, qui vit que Jésus avait encore deviné sa méchante intention, prit un autre moyen et le transporta sur une très-haute montagne, de laquelle on voyait un grand nombre de royaumes. « Vous voyez bien tous ces royaumes, dit-il, eh bien, je vous les donnerai tous, si vous vous prosternez devant moi et si vous m’adorez. » Mais Jésus, indigné que le diable voulût se faire adorer comme Dieu, lui dit : « Retire-toi, Satan, car Dieu a dit : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous n’adorerez que lui seul. » Alors le diable disparut et n’osa plus approcher de Jésus.

Jésus nous fait voir par là comment nous devons chasser le démon quand il nous souffle quelque mauvaise pensée. Disons-lui comme Jésus : « Retire-toi, Satan, je veux être bon, obéir au bon Dieu et ne jamais t’écouter. »


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DEUXIÈME DIMANCHE


DE CARÊME.


Jésus prit un jour avec lui trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean, et il alla avec eux sur une haute montagne, qui s’appelle le mont Thabor. Quand il fut tout en haut de la montagne, son visage devint tout à coup brillant comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. En même temps ses disciples virent, à côté de lui, deux vieillards qui étaient Moïse et Élie et qui causaient avec lui. Les disciples furent surpris et effrayés de cette merveille, mais en même temps ils éprouvaient un tel bonheur à regarder leur maître dans toute sa beauté, que Pierre s’approcha de Jésus et lui dit : « Seigneur, nous sommes très-heureux ici. Restez toujours comme vous êtes pour que nous vous regardions toujours, et nous arrangerons trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Élie. » Pendant qu’il parlait, un nuage lumineux apparut et il en sortit une voix qui dit : « C’est là mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes affections, écoutez-le. » En entendant cette voix, les disciples furent saisis de frayeur et ils tombèrent le visage contre terre. Jésus, ayant pitié de leur terreur, s’approcha d’eux, leur toucha les mains et dit : « Levez-vous, ne craignez rien. » Ils ouvrirent les yeux et regardèrent craintivement Jésus, dont le visage et les habits étaient redevenus comme à l’ordinaire. Moïse et Élie avaient disparu et les disciples étaient encore plus étonnés de ne rien voir de ce qui les avait tant effrayés quelques instants auparavant. Ils suivirent pourtant Jésus sans rien dire ; mais pendant qu’ils descendaient la montagne Jésus leur dit : « Ne parlez à personne de ce que vous venez de voir, jusqu’à ce que je sois mort et ressuscité. »


C’est une leçon de modestie et d’humilité que nous donne Jésus, en défendant à ses disciples de raconter une chose qui lui aurait fait tant d’honneur. Il a voulu nous montrer par son exemple qu’il faut être humble et fuir les honneurs, les éloges. Faisons comme lui et au lieu de nous vanter des biens que nous avons et du bien que nous faisons, cherchons à le cacher pour que Dieu seul le sache et nous en récompense.


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TROISIÈME DIMANCHE


DE CARÊME.


Un jour, on amena à Jésus un homme qui était muet, c’est-à-dire qui ne pouvait pas parler, et on pria Jésus de guérir cet homme. Jésus voyant que c’était un démon qui était entré dans le corps de cet homme et qui le rendait muet, commanda au démon de sortir. Le démon obéit tout de suite et sortit du corps de cet homme qui se mit aussitôt à parler comme ceux qui étaient avec lui. Tous les Juifs furent dans l’admiration ; mais comme ils ne voulaient pas reconnaître que Jésus était Dieu, ils disaient : « C’est par Belzébuth, prince des démons, qu’il chasse les démons. » Jésus sachant leur pensée leur dit : « Vous croyez que c’est par Belzébuth, prince des démons, que je chasse les démons. Comment Belzébuth pourrait-il m’aider à chasser ses propres sujets ? Quand avez-vous vu un roi détruire lui-même son royaume ? Vous-mêmes, quand vous chassez les démons par vos prières, par quel pouvoir les chassez-vous ? N’est-ce pas par le secours de Dieu ? Et puisque Dieu vous aide à chasser les démons, pourquoi ne les chasserais-je pas, moi qui suis son Fils ? Le démon est comme un homme très-fort qui prend les armes pour garder sa maison contre l’ennemi. Si l’ennemi est plus puissant, il chassera l’homme fort avec tous ses serviteurs. C’est moi qui suis cet ennemi qui chasse le démon et ses serviteurs. Celui qui ne me croit pas est mon ennemi et celui qui ne profite pas des conseils que je donne, perd toutes les grâces que Dieu veut bien lui accorder et il sera plus mauvais qu’avant. Si, par exemple, un homme a dans sa maison un très-méchant esprit et qu’il parvienne à le chasser, il se dépêche de nettoyer sa maison et de la rendre propre et agréable. Mais il oublie de fermer sa maison, alors le méchant esprit va chercher sept autres esprits, encore plus méchants que lui, et il les fait tous entrer avec lui dans la maison de cet homme qui est beaucoup plus malheureux qu’auparavant. Prenez garde qu’il ne vous arrive la même chose. Après avoir eu le désir de devenir bon, de chasser le démon, si vous laissez rentrer dans votre cœur de mauvaises pensées, vous deviendrez beaucoup plus méchant qu’auparavant. »

Pendant que Jésus parlait ainsi, une femme qui l’écoutait s’écria : « Heureuse est la mère d’un homme si sage, si bon ! » Jésus répondit : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et qui en profitent ! »


Tâchons d’être plus heureux et meilleurs que les Juifs qui écoutaient Jésus sans le comprendre. Croyons que Jésus est Dieu ; croyons tout ce qu’il nous dit ; suivons tous ses conseils ; ne laissons pas entrer dans notre cœur les démons d’orgueil, de paresse, de désobéissance, de gourmandise, de jalousie, et nous serons heureux et aimés de Dieu et des hommes.


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QUATRIÈME DIMANCHE


DE CARÊME.


Jésus s’en allait un jour avec ses disciples de l’autre côté d’un grand lac qui s’appelait le lac de Tibériade ; il était suivi d’une grande foule de peuple qui voulait le voir et l’entendre, parce qu’il faisait souvent des miracles et que toutes les fois qu’il s’arrêtait, il parlait très-bien. Jésus arriva avec toute cette foule sur une montagne. Là, il s’assit, car il était fatigué, et voyant cette grande quantité d’hommes, de femmes et d’enfants, il dit à ses disciples : « Où pourrons-nous trouver à acheter du pain pour ces pauvres gens ; ils sont tous fatigués et ils ont faim ? » Un des disciples qui s’appelait Philippe, répondit à Jésus : « Seigneur, quand même nous aurions deux cents pains, il n’y aurait pas de quoi donner un petit morceau à chacun. » Un autre disciple nommé André, dit : « Seigneur, il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » Jésus répondit : « C’est égal, faites-les tous asseoir. » Les disciples les firent tous asseoir sur l’herbe, et quand tout le monde fut assis, on vit qu’il y avait environ cinq mille personnes. Alors Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et les ayant bénis, il se mit à distribuer le pain et les poissons à tous ceux qui étaient là. Chacun en eut autant qu’il en voulut, et quand tous eurent fini de manger, Jésus dit à ses disciples : « Ramassez tous les morceaux qui restent. » Et les disciples ramassèrent douze paniers pleins des restes de ces cinq pains et de ces deux poissons. Et tout le peuple voyant cela, se mit à dire. — Cet homme qui fait des miracles si étonnants, doit être le Fils de Dieu que nous attendons depuis si longtemps. Nommons-le notre roi et obéissons-lui. — Jésus savait ce que pensaient et ce que disaient ces gens-là, et comme il ne voulait pas être roi, il se cacha et s’en alla avec ses disciples sans que le peuple le vît partir. — Certainement que Jésus aurait pu être roi et avoir tous les royaumes de la terre, mais il a voulu nous donner l’exemple de la modération, c’est-à-dire nous montrer qu’il fallait nous contenter de peu de chose et ne pas désirer les richesses et les honneurs.


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DIMANCHE


DE LA PASSION.


Un jour, Jésus disait aux Juifs : « Personne de vous ne pourra me convaincre d’avoir jamais fait un seul péché, ni d’avoir fait du mal à quelqu’un. Si je n’ai jamais fait de mal, je ne suis donc pas un menteur et je ne dis que la vérité. Alors, pourquoi ne me croyez-vous pas quand je vous dis que je suis le Fils de Dieu et que je viens vous sauver du démon ? Ce qui fait que vous ne me croyez pas, c’est que vous n’êtes pas les enfants de Dieu, et que vous êtes des méchants. » Les Juifs, qui étaient en colère de ce que leur disait Jésus, lui dirent : « N’avons-nous pas raison de dire que vous êtes un méchant samaritain, et un possédé du démon ? » Jésus leur répondit : « Je ne suis pas un possédé du démon, car j’honore mon père qui est Dieu. C’est vous qui êtes des méchants, parce que vous ne m’honorez pas, moi qui suis le Fils de Dieu. Ce n’est pas pour me glorifier que je dis cela. Je n’ai pas besoin de gloire. Mon Père me fera rendre justice plus tard. Mais je vous dis pour votre bien, que celui qui croit en mes paroles et qui les garde en son cœur, celui-là ne mourra jamais. » Les Juifs de plus en plus en colère lui dirent : « Nous voyons bien maintenant que vous êtes un fou, un possédé. Abraham est mort, tous les plus grands prophètes sont morts, et vous, vous prétendez empêcher de mourir ceux qui vous croiront. Est-ce que vous prétendez être plus grand qu’Abraham et les prophètes ? Qui êtes-vous donc ? Qui prétendez-vous être ? » Jésus leur répondit : « Si je dis de moi-même ce que je suis, vous ne me croirez pas. Celui qui me glorifie, c’est mon Père qui est votre Dieu, mais vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais ; si je disais que je ne le connais pas, je serais un menteur comme vous. Abraham a désiré avec ardeur me voir ; il m’a vu et il a été comblé de joie. » Les Juifs se mirent à crier : « Vous n’avez pas encore cinquante ans et vous prétendez avoir vu Abraham ! » Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, j’étais bien longtemps avant qu’Abraham fût né. » Les Juifs entendant cela ramassèrent des pierres pour les lui jeter, mais Jésus disparut à leurs yeux et se transporta loin de là. — Jésus avait bien raison de dire aux Juifs qu’ils étaient des méchants, car c’était par méchanceté qu’ils n’écoutaient pas Jésus et qu’ils faisaient semblant de ne pas croire qu’il était Dieu. S’ils avaient avoué qu’il fût réellement Dieu, ils auraient été obligés de lui obéir et de ne plus être menteurs, jaloux, colères, gourmands, paresseux, désobéissants, avares et orgueilleux, ce qui les aurait beaucoup gênés et ennuyés. Faisons le contraire de ce qu’ont fait les Juifs ; croyons Jésus et soyons aussi bons que les Juifs étaient méchants.


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DIMANCHE


DES RAMEAUX.



PASSION


DE N.-S. JÉSUS-CHRIST.


Les Juifs avaient tous les ans une grande fête qu’on appelait la Pâque, ce qui signifie passage. C’était en souvenir de leur sortie d’Égypte et de leur passage dans la mer Rouge. Ce jour-là, chaque famille faisait un grand repas, et on y mangeait un agneau rôti qui s’appelait l’Agneau paschal, Jésus dit donc à ses disciples : « Nous n’avons pas de maison pour faire la Pâque, mais allez dans la ville qui est près d’ici, entrez dans la première maison qui vous paraîtra bonne pour faire notre repas, et dites au maître : « Le Seigneur Jésus nous envoie chez vous pour y préparer la Pâque ; prêtez-lui votre maison et donnez-lui ce qu’il lui faut pour son repas. » Quelques-uns des disciples partirent, et pendant leur absence Jésus resta dans la ville de Béthanie, chez un homme qu’on appelait Simon le lépreux. Pendant que Jésus était là, il vint une femme pour le voir ; elle avait apporté un vase d’albâtre plein de parfums excellents, et quand elle vit Jésus, elle se mit à genoux devant lui, baisa ses pieds et lui versa sur la tête et sur les pieds tout son vase de parfums. Les disciples voyant cela, se disaient entre eux : « Quelle folie fait cette femme de verser ces excellents parfums sur notre maître, comme s’il en avait besoin ; elle aurait mieux fait de les vendre et d’en donner l’argent aux pauvres. » Jésus qui les entendait, leur dit : « Pourquoi faites-vous de la peine à cette pauvre femme, en lui reprochant d’avoir répandu ses parfums sur moi ; elle l’a fait pour m’honorer, pour me témoigner son respect, et elle a très-bien fait ; car, vous aurez toujours des pauvres parmi vous, et moi, vous ne m’aurez pas toujours. Je vous assure que tous ceux à qui on racontera ce qu’a fait cette femme, trouveront qu’elle a bien fait. » Un des disciples appelé Judas Iscariote, qui était avare et orgueilleux, fut mécontent de voir que Jésus approuvait cette femme. Il aurait bien voulu avoir l’argent qu’avaient coûté les parfums, et tout en regrettant cet argent, il pensa qu’il pourrait s’en faire donner beaucoup par les Princes des Prêtres en les aidant à prendre Jésus pour le mettre en prison. Précisément les Princes des Prêtres étaient tous assemblés chez le Grand-Prêtre Caïphe, pour tâcher de trouver le moyen de faire périr Jésus, et ils disaient : « Nous ne pouvons pas le saisir au milieu du peuple, parce que tout le monde l’aime et que le peuple se révolterait. Et nous ne savons pas malheureusement dans quel endroit et à quelle heure nous pourrions le trouver seul. » Ils étaient donc fort embarrassés, lorsque le méchant Judas Iscariote entra et leur dit : Voulez-vous que je vous livre Jésus ? — Oui, nous le voulons, répondirent les Prêtres, parce que nous le détestons ; il nous fait beaucoup de mal, en disant au peuple les mauvaises actions que nous faisons, et en donnant de bons conseils. Ce qui fait que le peuple l’écoute, l’aime, et nous, nous perdons notre pouvoir et on ne nous aime plus. — Eh bien, dit Judas, si vous voulez me donner trente pièces d’argent, je vous aiderai à le prendre ; je vous avertirai quand il sera seul ; je vous indiquerai dans quel endroit il se trouve, et vous n’aurez qu’à me donner des soldats, je les mènerai vers lui. — Mais, dirent les Prêtres, comment les soldats sauront-ils lequel est Jésus, car ils ne le connaissent pas et il a toujours quelques disciples avec lui ; les soldats pourraient se tromper et arrêter un des disciples pendant que Jésus se sauverait ? — Celui que j’embrasserai, ce sera Jésus, dit Judas. Les Princes des Prêtres lui promirent alors les trente pièces d’argent et des soldats pour arrêter Jésus, et Judas les quitta pour aller rejoindre les disciples. Le même soir, Jésus alla avec tous ses disciples faire la Pâque dans la maison où on l’avait préparée pour eux. Et ils se mirent à table. Pendant qu’ils mangeaient, Jésus leur dit : « L’un de vous me trahira ce soir. Je plains cet homme ; il vaudrait mieux pour lui qu’il ne fût pas né. Celui qui me trahira est celui qui met la main dans le plat avec moi. » Judas qui prenait quelque chose dans le plat pendant que Jésus parlait, lui dit : « Est-ce moi, mon Maître ? — Oui, répondit Jésus, c’est vous-même. » Judas comprit ce que voulait dire Jésus, mais il ne répondit rien. Les autres disciples ne comprirent pas, mais ils n’osèrent pas questionner leur maître. À la fin du repas, Jésus prit du pain, le bénit, en rompit des morceaux et les donna à manger à ses disciples, en disant : « Prenez et mangez, ceci est mon corps. » Ensuite il prit du vin, le bénit, le versa dans un calice et en fit boire à tous ses disciples, en disant : « Ceci est mon sang. » C’est ce même sang qui sera répandu pour vous tous, pour racheter vos péchés, pour que Dieu vous les pardonne. Je vous déclare maintenant que je ne boirai plus de vin avec vous. » Jésus disait cela parce qu’il savait que les Juifs allaient le prendre et le faire mourir. Après avoir fini le repas de la Pâque, il s’en alla avec ses disciples sur une montagne qui était tout près de Jérusalem et qui s’appelait la Montagne des Oliviers ; et Jésus leur dit : « Il m’arrivera cette nuit des choses qui vous étonneront beaucoup et vous m’abandonnerez tous au milieu de mes ennemis, car Dieu a dit : Je frapperai le pasteur, et le troupeau s’enfuira. Mais vous me reverrez, car lorsqu’on m’aura fait mourir, je ressusciterai et j’irai en Galilée. » Pierre lui dit : « Seigneur, quand tous les autres vous abandonneraient, moi, je ne vous abandonnerai jamais. » Jésus lui répondit : « Je vous dis, Pierre, que cette nuit même, avant que le coq chante vous m’aurez renoncé trois fois. — Jamais, Seigneur, jamais, répliqua Pierre, quand je devrais périr, je ne vous renoncerai pas. » Tous les autres disciples dirent la même chose. Jésus ne répondit rien, mais il les emmena avec lui dans un endroit de la montagne qui s’appelait Gethsémani, et il leur dit : « Restez ici, pendant que j’irai prier. » Et il alla plus loin, n’emmenant avec lui que trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean, fils de Zébédée. Et se sentant triste et abattu, il leur dit : « Mon âme est triste à la mort ; restez ici et veillez avec moi. » Et s’éloignant un peu d’eux, il se mit à prier Dieu, son Père, de lui donner le courage de supporter le poids de tous les péchés des hommes et les souffrances qu’il allait endurer en expiation de tous ces péchés. Ayant prié longtemps, il se sentit faible et fatigué, et il alla rejoindre ses disciples qui dormaient profondément. Jésus les éveilla. « Comment, leur dit-il, vous n’avez pu veiller une heure avec moi, pour me consoler, m’aider à supporter les tourments que mon cœur endure ? À présent du moins priez avec moi. » Et il les quitta encore pour prier. Il revint près d’eux une seconde fois et il les trouva de nouveau endormis. Alors, il s’en alla continuer à prier, et il disait en pleurant et en gémissant : « Ô mon Père ! si c’est possible, faites que ces souffrances s’éloignent de moi ! Que du moins elles profitent ainsi que ma mort à tous les hommes, que je n’aie pas l’horrible pensée que les hommes continueront à vous offenser, et que ma mort ne les sauvera pas tous, ne les préservera pas tous du démon et de l’enfer. Ô mon Père ! faites que ce calice s’éloigne de moi ! Mais pourtant que votre volonté soit faite et non la mienne. » Ensuite il tomba dans un tel état de douleur et de faiblesse, qu’il eut une sueur de sang et que Dieu lui envoya des anges pour le soutenir et le consoler. Quand il fut remis de son angoisse, il alla rejoindre ses disciples qui dormaient encore. Il les réveilla et leur dit : « Dormez maintenant si vous ne m’aimez pas, car voici l’heure à laquelle je vais être livré aux Juifs. L’homme qui me trahit approche ; le voici qui vient. Allons, levez-vous. » À peine avait-il fini de parler que Judas parut, suivi d’une troupe d’hommes armés, et s’étant approché de Jésus il le baisa en disant : « Je vous salue, mon Maître. » Jésus lui répondit : « Mon ami, qui cherchez-vous ici ? » Les soldats se mirent à crier : « Jésus de Nazareth. — C’est moi », dit Jésus. Au même moment, tous les soldats tombèrent à la renverse ; mais au lieu d’être changés par ce miracle, ils se relevèrent et se précipitèrent sur Jésus pour lui lier les mains avec des cordes. Alors, Pierre se jeta sur un des hommes qui tenaient Jésus et qui s’appelait Malchus, et il lui coupa l’oreille avec son épée. Mais Jésus se retournant vers Pierre, lui dit : « Remettez votre épée dans le fourreau. Croyez-vous que si je voulais, mon Père ne m’enverrait pas une multitude d’anges armés pour me délivrer ? Mais je ne le veux pas, car il faut que je souffre et que je meure pour expier les crimes des hommes. » Ensuite il toucha l’oreille de Malchus, qui fut guéri au même moment. Ce second miracle ne toucha pas davantage les méchants Juifs qui se mirent à l’emmener en l’injuriant. Alors les disciples s’enfuirent. Il n’y eut que Pierre qui le suivit de loin et qui vit qu’on le menait chez Caïphe, le Grand-Prêtre. Caïphe était entouré des Princes des Prêtres, et tous voulaient faire mourir Jésus, mais il ne savaient comment le condamner à mort en se donnant l’air d’être justes, car ils ne pouvaient trouver personne qui voulût accuser Jésus d’une mauvaise action. Enfin un homme sortit de la foule et dit : « J’ai entendu Jésus dire un jour qu’il détruirait notre temple et qu’il le rebâtirait en trois jours. — Avez-vous réellement dit ce dont on vous accuse ? » demanda Caïphe à Jésus. Mais Jésus, qui savait qu’il était inutile de se défendre contre des gens qui voulaient le faire mourir, ne répondit rien à toutes les questions qu’on lui faisait. Enfin Caïphe lui dit avec colère : « Je vous commande au nom du Dieu vivant de me dire si vous êtes le Fils de Dieu, le Messie que nous attendons. — Vous le dites, je le suis, répondit Jésus, et je vous dis qu’un jour vous me verrez dans le Ciel, assis à la droite de Dieu mon Père. » Alors Caïphe, déchirant son habit, se mit à crier : « Qu’avons-nous besoin de témoins de ses crimes ? Il vient de blasphémer, de dire une chose horrible ! Il faut qu’il meure pour expier son crime. Qu’en dites-vous ? » Et tous les Princes des Prêtres dirent : « Il a mérité la mort ; il faut qu’on le fasse mourir. » Alors tous ceux qui étaient là se mirent à lui dire des injures, à lui donner des coups, des soufflets, à lui cracher au visage en lui disant avec moquerie : « Puisque tu es Dieu, devine qui t’a frappé ? » Pendant ce temps, Pierre, qui avait suivi Jésus de loin et qui était entré dans la cour de Caïphe, tâchait de savoir ce qu’on avait décidé au sujet de Jésus. Une servante s’approchant, lui demanda s’il n’était pas un de ceux qui accompagnaient toujours Jésus. Pierre eut peur, et répondit : « Je ne sais pas seulement ce que vous voulez dire, ni ce que c’est que Jésus. » Un instant après, une autre servante le regardant attentivement, lui dit : « Mais, certainement, vous êtes un des hommes qui suivaient Jésus ; je vous reconnais. » Pierre eut encore plus peur et jura qu’il ne connaissait pas ce Jésus, qu’il ne l’avait jamais vu. Une troisième fois, des hommes qui parlaient de cela, crurent le reconnaître pour un des disciples. Alors Pierre assura avec serment qu’il ne connaissait pas Jésus, et il se mit à jurer et à protester avec une telle assurance qu’on le crut. Dans ce même moment le coq chanta, et Jésus se tournant vers Pierre, celui-ci se rappela ce que lui avait dit son bon maître ; il sortit de chez Caïphe, et pleura amèrement en demandant pardon à Dieu de sa faute. Il expia sa faiblesse par sa douleur et ses larmes, et, plus tard, par son courage en mourant pour Jésus.

Jésus passa toute la nuit dans le vestibule de Caïphe, insulté et battu par tous ceux qui entraient et sortaient ; et quand il fit jour, les Princes des Prêtres résolurent d’envoyer Jésus à Ponce-Pilate qui était gouverneur de Jérusalem et qui seul avait droit de faire mourir les criminels. Judas, voyant Jésus condamné à mort et emmené chez Pilate, se repentit amèrement de ce qu’il avait fait, et entrant chez Caïphe, il dit aux Princes des Prêtres : « Je viens vous dire que je suis un méchant. Je vous ai livré Jésus qui est innocent et je viens vous rendre vos trente pièces d’argent pour que vous rendiez la liberté à Jésus. » Mais les Princes des Prêtres, qui ne voulaient pas laisser aller Jésus, répondirent : « Cela ne nous regarde pas, c’est votre affaire ; si vous avez livré un innocent, tant pis pour vous. » Judas voyant cela, jeta les trente pièces d’argent par terre et pensant que Dieu ne lui pardonnerait jamais ce péché, il se pendit à un arbre et mourut. Les Princes des Prêtres ramassèrent les trente pièces d’argent et se dirent : « Que ferons-nous de cet argent ? Nous ne pouvons pas le dépenser pour le Temple, car c’est le prix du sang : achetons un morceau de terre pour enterrer les étrangers. »

En effet, ils achetèrent le champ d’un potier, c’est-à-dire d’un homme qui faisait des pots et des vases de terre, et ce champ s’appela Haceldama, ce qui veut dire champ du sang. Tous cela avait été prédit bien des années auparavant par des prophètes, et entre autres par le prophète Jérémie.

Pendant que Judas allait chez les Princes des Prêtres, les soldats menèrent Jésus chez Pilate, le gouverneur de Jérusalem. Pilate le fit entrer et lui dit : « Ces gens vous reprochent beaucoup de choses ; êtes-vous le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « Vous le dites, je le suis. » Ceux qui l’avaient amené se mirent à l’accuser de différents crimes, mais Jésus ne répondait rien et Pilate lui dit : « N’entendez-vous pas tout ce dont ces gens vous accusent ? Pourquoi ne répondez-vous pas ? Justifiez-vous. » Mais Jésus continuait à ne pas répondre, ce qui étonna beaucoup Pilate, car il voyait bien que c’était par envie que les Princes des Prêtres accusaient Jésus, et il désirait le justifier, le croyant innocent.

C’était l’usage à Jérusalem de faire grâce à un criminel tous les ans à la fête de Pâques, et Pilate désirait que Jésus profitât de cet usage ; mais comme cela ne dépendait pas de lui seul et que c’était le peuple qui devait choisir entre plusieurs criminels, Pilate se présenta devant les Juifs et leur dit : « Je vais délivrer un criminel ; lequel voulez-vous que ce soit, Jésus ou Barrabas ? » Barrabas était un voleur et un assassin qui avait été condamné à mort. Tout le peuple se mit à crier : « Barrabas, Barrabas, délivrez Barrabas ! » Pilate rentra fort embarrassé de ce qu’il avait à faire, et désirant toujours sauver Jésus. Pendant qu’il réfléchissait, sa femme lui fit dire de ne pas faire mourir Jésus, parce qu’elle avait appris en songe qu’il était innocent et bon, et que Dieu punirait tous ceux qui auraient aidé à le faire mourir. Pilate effrayé désira plus vivement encore sauver Jésus, et pour cela il le fit prendre et le fit fouetter jusqu’à ce qu’il fût tout couvert de sang. Alors il le prit par la main et le montra au peuple en disant : « Voilà l’homme dont vous vouliez la mort ! N’est-il pas assez puni s’il est coupable ! Et maintenant je vais le délivrer pour la fête de Pâques. » Mais tout le peuple se mit à crier : « Crucifiez-le, crucifiez-le ! nous voulons qu’il soit crucifié ! » Comme Pilate hésitait, le peuple se mit à murmurer, à crier, et Pilate, craignant une révolte, fit apporter de l’eau et se lava les mains devant tout le peuple en disant : « Je me lave les mains du sang de ce juste. Puisque vous voulez le faire mourir, que son sang retombe sur vous et sur vos enfants. — Oui, oui, crièrent tous les Juifs, que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! Crucifiez-le, crucifiez-le ! » Ils acceptaient par là la punition que Dieu devait leur envoyer pour venger la mort de Jésus. Pilate leur dit encore : « Mais quel mal a-t-il donc fait pour que vous soyez si acharnés contre lui ? Vous aimez mieux faire grâce à un voleur, un assassin comme Barrabas, qu’à Jésus qui vous a toujours fait du bien ! » Mais le peuple criait encore plus fort : « Crucifiez-le, crucifiez-le ! » Pilate voyant ce tumulte leur livra Jésus. Les soldats vinrent le prendre et, ayant rassemblé toute la ville, ils le menèrent dans un endroit qu’on appelait le Prétoire ; là, ils lui enfoncèrent sur la tête une couronne d’épines ; ils lui mirent sur les épaules un manteau écarlate comme on en mettait aux fous ; ils lui firent tenir à la main un roseau, et ils se moquaient de lui en se mettant à genoux devant lui et en disant : « Salut au roi des Juifs. » Ensuite ils lui crachaient au visage et lui donnaient des coups sur la figure avec le roseau. Quand ils l’eurent frappé et insulté pendant quelques heures, ils lui arrachèrent son manteau de dessus ses épaules toutes sanglantes et lui remirent ses habits, puis ils l’emmenèrent sur une montagne qu’on appelait le Calvaire, où il devait être crucifié, c’est-à-dire attaché à une croix. Et ils l’obligèrent à porter lui-même sa croix qui était fort lourde ; et comme Jésus tombait parce qu’il était épuisé par la souffrance, les Juifs le battaient pour le faire relever. Voyant enfin qu’il ne pouvait plus marcher avec cette croix, ils appelèrent un homme qui se nommait Simon le Cyrénéen, et le forcèrent à porter la croix avec Jésus. Quand ils furent arrivés au haut de la montagne du Calvaire, Jésus demanda à boire, car il avait une soif insupportable, n’ayant rien pris depuis la veille. Ils lui présentèrent, au lieu d’eau, du vinaigre avec du fiel de bœuf. Jésus ne put pas le boire, car le fiel est excessivement amer. Ensuite, ils couchèrent Jésus sur la croix et lui clouèrent les mains et les pieds ; puis ils relevèrent la croix et la fixèrent pour qu’elle se tînt élevée et que tout le monde pût voir Jésus. Ils attachèrent au-dessus de sa tête un écriteau sur lequel ils avaient écrit pour se moquer de lui : Celui-ci est le roi des Juifs. Ensuite ils partagèrent entre eux ses habits, puis ils s’assirent pour le garder et se moquer de lui. Ils disaient : « Eh bien ! toi qui détruis les temples de Dieu et qui les rebâtis en trois jours, pourquoi ne te sauves-tu pas ? Si tu es le Fils de Dieu comme tu l’as dit tant de fois, pourquoi ton Père ne vient-il pas te secourir ? Tu as fait tant de miracles ! pourquoi n’en fais-tu pas un pour toi-même ? Pourquoi ne descends-tu pas de la croix ? » On avait mis aux côtés de Jésus deux autres croix sur lesquelles on avait attaché des voleurs. Un de ces voleurs se moquait aussi de lui et lui disait des injures. Mais le voleur qui était à sa droite lui disait : « Seigneur, je crois en vous ; ayez pitié de moi et souvenez-vous de moi quand vous serez dans le Ciel. » Et Jésus répondit : « Je vous assure qu’aujourd’hui même vous serez avec moi dans le Paradis, car vos péchés vous sont pardonnés. » La Mère de Jésus, qui avait suivi son Fils, accompagnée de plusieurs saintes femmes, se tenait au pied de la croix, et Jean, le disciple bien-aimé de Jésus, la soutenait, car le chagrin lui ôtait ses forces. Jésus les voyant, dit à Marie sa Mère en parlant de Jean : « Femme, voilà votre fils. » Puis il dit à Jean : « Voici votre mère. » Il voulait par là recommander à Jean de ne jamais quitter sa Mère et de la soigner comme s’il était son fils. Quelques instants après, Jésus s’écria : Eli, Eli, lamma sabachtani ! Ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » Et le peuple se moqua de lui en disant : « Le voilà à présent qui appelle Élie à son secours ; voyons si Élie descendra du Ciel pour le secourir. » Alors Jésus jeta un grand cri, inclina la tête, et mourut[1].

Aussitôt il se fit une grande obscurité ; le tonnerre gronda ; le rideau du Temple se déchira en deux ; plusieurs morts ressuscitèrent. Alors ceux qui gardaient Jésus eurent peur et dirent en tremblant : « Cet homme était vraiment le Fils de Dieu. »

Le soir de ce même jour, un homme riche qui s’appelait Joseph d’Arimathie, et qui était un des disciples de Jésus, alla trouver Pilate et lui demanda la permission d’emporter le corps de Jésus. Pilate le lui ayant permis, Joseph alla avec ses gens détacher le corps de Jésus de dessus la croix. Il répandit des parfums sur son corps, l’enveloppa dans un beau linceul tout neuf, puis il le porta dans un magnifique sépulcre qu’il avait fait tailler dans un rocher. Il fit fermer l’entrée avec une lourde pierre pour que les Juifs ne pussent pas venir insulter le corps de Jésus, et puis il s’en alla. Marie-Madeleine et une autre femme qui s’appelait aussi Marie, restèrent près du sépulcre.

Le lendemain, les Princes des Prêtres allèrent chez Pilate et lui dirent : « Seigneur, nous nous souvenons que ce menteur a dit, pendant qu’il vivait, qu’il ressusciterait au bout de trois jours. Ordonnez donc que des soldats gardent le sépulcre pendant trois jours, pour que ses disciples ne puissent pas venir enlever le corps et dire à tout le monde : Vous voyez bien que Jésus est ressuscité comme il l’avait dit, puisque son corps n’y est plus. Ce serait encore pis. Tout le peuple croirait qu’il est Dieu. » Pilate leur répondit : « Prenez des gardes ; faites-le surveiller comme vous le voudrez. » Les Princes des Prêtres prirent alors des gardes, les placèrent auprès du sépulcre, attachèrent fortement la pierre qui le fermait, leur recommandèrent de bien veiller et de ne laisser approcher personne, et puis il s’en allèrent.


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JEUDI SAINT.


Jésus savait bien qu’un de ses disciples, Judas Iscariote, l’avait trahi ; celui-ci avait promis aux Princes des Prêtres de leur livrer Jésus pour trente pièces d’argent, qui devaient payer sa trahison. Jésus savait que c’était ce même soir que Judas le ferait saisir, mais il voulut faire avec ses disciples le repas de la Pâques et leur donner une dernière preuve d’affection, et un dernier exemple d’humilité. Quand le souper fut fini, Jésus se leva de table, prit un bassin plein d’eau et une serviette, puis il se mit à laver les pieds de ses disciples. Quand il fut arrivé à Pierre, Pierre retira ses pieds en disant : « Me laver les pieds, à moi, Seigneur, vous qui êtes mon Seigneur et mon Maître ! — Laissez-moi faire, repartit Jésus, vous ne comprenez pas ce que je fais, mais plus tard vous le comprendrez. — Non, Seigneur, répliqua Pierre, jamais je ne vous laisserai me laver les pieds. — Si vous ne vous laissez pas laver par moi, dit Jésus, vous ferez mal et vous me mécontenterez. — Ah ! Seigneur, s’il en est ainsi, lavez-moi non-seulement les pieds, mais encore la tête et les mains. — Ce n’est pas nécessaire, dit Jésus ; ce que je fais est pour vous montrer que je lave les taches de vos corps, comme je lave par ma présence les taches de vos âmes. Je vous ai lavés tous, et pourtant vous n’êtes pas tous purs. » Il disait cela à cause de Judas, qui avait taché son âme par la trahison. Quand il eut fini de laver les pieds de tous ses disciples, il leur dit : « Maintenant, je vais vous expliquer pourquoi j’ai fait cela. Vous m’appelez tous votre Seigneur et votre Maître, et vous avez raison. Et pourtant, moi, votre Seigneur et votre Maître, je vous ai lavé les pieds, à vous qui êtes mes serviteurs. C’est pour vous donner un exemple d’humilité et pour vous montrer qu’on ne doit jamais avoir honte de rendre des services à des gens qui sont moins que vous. Faites comme moi et soyez humbles pour m’imiter. »


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DIMANCHE


DE PÂQUES.


Le troisième jour après la mort de Jésus, trois saintes femmes, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques le disciple, et Salomé, allèrent au Sépulcre où était enfermé le corps de Jésus. Elles avaient emporté avec elles des parfums pour l’embaumer. Pendant qu’elles marchaient, elles disaient : « Le sépulcre est fermé avec une grosse pierre. Qui est-ce qui nous ôtera cette pierre, car elle est trop lourde pour que nous puissions l’ôter à nous trois ? » En arrivant au sépulcre, elles furent fort étonnées et même effrayées, de voir la pierre jetée de côté, le sépulcre ouvert, et un jeune homme tout vêtu de blanc assis à la porte du sépulcre. Il leur dit : « Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été mis dans ce tombeau, mais il n’y est plus. Il est ressuscité cette nuit comme il l’avait annoncé. Allez dire cette nouvelle à Pierre et aux autres disciples ; qu’ils aillent en Galilée, c’est là où ils le reverront. » Marie-Madeleine, qui était entrée dans le sépulcre, vit en effet que les linceuls étaient dispersés et que Jésus n’y était plus, et elle reconnut que ce jeune homme était un ange. Les saintes femmes se mirent alors à courir pour annoncer aux disciples que Jésus était ressuscité.


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PREMIER DIMANCHE


APRÈS PÂQUES.


Jésus avait déjà apparu, après sa résurrection, à Marie-Madeleine, à Pierre, et à deux ou trois autres disciples, mais tous les autres ne l’avaient pas vu, et ils ne savaient pas positivement que Jésus fût redevenu vivant, car ils avaient peur des Juifs qui poursuivaient les disciples de Jésus, et ils se tenaient enfermés tous dans une maison. Le lendemain du jour où Jésus était ressuscité, les disciples étaient tous rassemblés le soir, les portes fermées, lorsque tout d’un coup, et sans que les portes eussent été ouvertes, Jésus se présenta au milieu d’eux, et dit : « La paix soit avec vous. » Puis il souffla sur eux, et dit : « Recevez le Saint-Esprit. Maintenant, je vous donne le pouvoir de pardonner les péchés, de guérir les malades, et je vous envoie dans le monde comme mon Père m’a envoyé, pour faire connaître la vérité à tous les peuples. » Il resta encore quelque temps avec les disciples, puis il disparut. Un des disciples, qui s’appelait Thomas Dydime, était absent, pendant que Jésus avait apparu aux autres ; lorsqu’il rentra, ils lui dirent qu’ils avaient vu Jésus. Mais Thomas ne voulut pas les croire ; il secouait la tête en disant : « Si je ne mets les doigts dans les plaies de ses mains et de ses pieds, je ne croirai pas que ce soit Jésus notre Maître qui s’est présenté ici. » Huit jours après, les disciples étaient de nouveau rassemblés et Thomas avec eux ; la porte étant bien fermée comme l’autrefois, Jésus parut tout d’un coup, en disant : « La paix soit avec vous. » Et s’approchant de Thomas, il lui dit : « Mettez votre doigt dans les trous de mes mains et de mes pieds ; mettez votre main dans la plaie de mon côté, et croyez que je suis vraiment ressuscité. » Alors Thomas, se jetant à genoux, s’écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » — « Vous êtes bien heureux d’avoir cru en moi, lui répondit Jésus, mais vous n’avez cru que parce que vous avez vu par vos yeux. Heureux ceux qui ont plus de foi que vous et qui croiront sans avoir vu ! » Jésus apparut encore bien des fois à ses disciples et fit plusieurs miracles devant eux ; tous ne sont pas écrits dans ce livre qu’on appelle Évangile, car ils sont trop nombreux, mais on a écrit ceux-ci pour bien prouver que Jésus est Dieu, et pour que tout le monde croie en lui.


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DEUXIÈME DIMANCHE


APRÈS PÂQUES.


Jésus étant avec ses disciples, leur dit : « Je suis comme un pasteur qui a un troupeau ; c’est vous tous mes disciples qui êtes mes brebis. Moi, je suis le Bon Pasteur. Je dis bon, parce que j’aime mes brebis au point de donner ma vie pour les sauver. Si un loup vient attaquer ses brebis, que fait le pasteur ? Il s’enfuit, et il laisse manger ses brebis par le loup. Mais le Bon Pasteur se jette entre ses brebis et le loup, et il les défend quand même le loup le mord et le déchire. Vous, vous êtes mes brebis ; le démon c’est le loup qui vous attaque et qui vous mangerait sans moi ; mais je suis là pour vous défendre, et vous voyez que j’ai donné ma vie pour empêcher qu’il ne vous emportât dans l’enfer comme il l’aurait voulu. J’ai encore bien d’autres brebis à rassembler ; elles sont dans des pays voisins, et il faut que je me fasse connaître à elles pour qu’elles m’aiment et qu’elles se réunissent à mon troupeau. Ces autres brebis sont les hommes qui ne m’ont pas vu, qui n’ont pas encore entendu parler de moi, ceux qui ne sont pas encore nés. Et c’est vous, mes disciples, qui irez leur parler de moi et qui leur raconterez tout ce que j’ai fait et tout ce que j’ai dit, afin qu’ils croient en moi et qu’ils soient bons, justes, charitables, humbles, doux, patients comme je l’ai été. »


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TROISIÈME DIMANCHE


APRÈS PÂQUES.


Jésus causant un autre jour avec ses disciples qui étaient heureux de le voir, leur dit : « Vous me verrez encore un peu de temps, puis encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, et puis encore un peu de temps, et vous me verrez de nouveau. » Les disciples ne comprenaient pas ce qu’il voulait leur dire, et ils se demandaient entre eux : « Que veut-il dire ? Encore un peu de temps, vous ne me verrez plus, et un peu de temps après vous me reverrez ? Nous ne comprenons pas ce que cela veut dire. » Quoiqu’ils parlassent bas entre eux, Jésus devina leurs pensées et leur dit : « Vous ne comprenez pas ce que je vous ai dit, et vous vous le demandez les uns aux autres. Voilà ce que cela veut dire : Maintenant que je suis ressuscité, je resterai avec vous sur la terre un peu de temps, puis je m’en retournerai vers mon Père qui est au ciel, et vous ne me verrez plus, mais quand vous mourrez, vous viendrez me rejoindre dans le Ciel, et vous me verrez toujours sans que personne puisse l’empêcher, et vous serez alors bien heureux. »


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QUATRIÈME DIMANCHE


APRÈS PÂQUES.


Jésus dit un jour à ses disciples : « Je vous ai dit que j’allais m’en retourner vers celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande où je vais, et vous êtes tous accablés de tristesse, parce que je vous dis que je m’en vais. Mais je vous dis en vérité, qu’il est très-utile pour vous que je m’en aille, parce que si je reste sur la terre, l’Esprit-Saint qui enseigne tout et qui console de tout, ne viendra pas en vous ; mais moi, aussitôt que je serai dans le Ciel, je vous l’enverrai, et alors vous deviendrez tout autres que vous n’êtes maintenant. Vous comprendrez tout, vous saurez tout, vous parlerez toutes les langues, vous ferez des miracles, vous parlerez si bien, quand vous parlerez de moi, que tous ceux qui vous entendront vous croiront et croiront que je suis le Fils de Dieu. Ainsi, consolez-vous et attendez avec patience le jour où vous me rejoindrez dans le Ciel. »


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CINQUIÈME DIMANCHE


APRÈS PÂQUES.


Jésus dit un jour à ses disciples : « Quand vous aurez quelque chose à demander à mon Père, demandez-le en mon nom. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom, parce que vous ne saviez pas que j’étais vraiment le Fils de Dieu. Demandez et vous recevrez. Je vous ai toujours parlé en paraboles, parce qu’autrement vous ne m’auriez pas compris ; mais maintenant, je ne vous parle plus en paraboles, et je vous dis : Demandez à Dieu mon Père en mon nom, et je n’aurai même pas besoin de le prier pour qu’il vous exauce, parce qu’il vous aime et qu’il vous accordera ce que vous lui demanderez. Il vous aime parce que vous m’avez aimé et parce que vous avez cru que j’étais son Fils et Dieu moi-même. Je n’ai plus besoin à présent de rester dans ce monde ; c’est pourquoi je vais m’en aller dans le ciel, rejoindre mon Père. » Les disciples dirent à Jésus : « Maintenant, nous comprenons ce que vous dites et nous n’avons pas besoin de vous demander ce que vous avez voulu dire. Maintenant, nous voyons bien aussi que vous savez tout et que vous êtes bien réellement le Fils de Dieu. »


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L’ASCENSION


DE NOTRE-SEIGNEUR.


Jésus apparut une dernière fois à ses disciples et leur reprocha de n’avoir pas cru tout de suite à sa résurrection : « Ne vous avais-je pas annoncé que les Juifs me feraient mourir, et que trois jours après ma mort, je redeviendrais vivant ? Pourtant il a fallu que je revinsse au milieu de vous pour que vous le croyiez. Quand les saintes Femmes vous ont dit qu’elles m’avaient vu, vous n’avez pas voulu le croire. À présent que vous croyez, allez parcourir le monde et parlez le plus que vous pourrez de moi et de tout ce que j’ai fait et dit ; et tous ceux qui croiront que je suis Dieu et qui suivront mes conseils, feront des miracles comme vous en ferez vous-mêmes. Voici ce qu’ils feront : ils chasseront les démons ; ils parleront toutes les langues sans les avoir apprises ; ils avaleront les poisons les plus forts sans en être même malades ; ils prendront dans leurs mains des serpents, des vipères, sans être piqués ; ils seront dans le feu sans se brûler et dans l’eau sans se noyer ; ils toucheront les malades, et les malades seront guéris. » Après avoir dit ces paroles, Jésus s’enleva de dessus terre, et s’élevant tout doucement au ciel, il disparut aux yeux de ses disciples qui restèrent prosternés pendant quelque temps. Ensuite ils se relevèrent et ils décidèrent de se séparer au bout de quelques jours, pour aller dans différents pays annoncer la venue de Jésus-Christ, comme il le leur avait ordonné.


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DIMANCHE


dans


L’OCTAVE DE L’ASCENSION.


Jésus dit un jour à ses disciples : « Quand le Saint-Esprit, qui est le grand consolateur, sera descendu sur vous, ce sera lui qui vous enseignera ce que vous devez dire et ce que vous devez faire. C’est moi qui vous l’enverrai ; mais je vous avertis que ce que vous direz ne plaira pas aux méchants ; et ces méchants vous feront le plus de mal qu’ils pourront ; ils vous chasseront de leurs assemblées, ils vous mettront en prison, ils diront du mal de vous, ils chercheront même à vous faire mourir, et ils feront si bien croire que vous êtes des gens méchants et dangereux, que vous aurez des ennemis partout. Ceux qui vous feront du mal sont des méchants qui ne connaissent ni mon Père ni moi. Je vous dis toutes ces choses pour que vous vous rappeliez, quand elles vous arriveront, que je vous avais prévenus du danger que vous courrez, et que vous croyiez que je sais tout, parce que je suis Dieu. »




LA PENTECÔTE[2].


Dix jours après que Jésus eut quitté ses disciples pour remonter au ciel, les onze disciples étaient assemblés dans la salle où ils se tenaient habituellement. Tout d’un coup il se fit un grand bruit comme celui que fait un vent très-fort ; le plafond s’ouvrit et ils virent une multitude de petites langues de feu qui descendaient du ciel ; toutes ces langues de feu vinrent se placer sur la tête de chacun des disciples, et au même moment, ils sentirent tous que l’Esprit-Saint était en eux. Ils se sentirent une force, un courage, une sagesse qu’ils n’avaient pas avant, et ils se mirent à parler toutes les langues qu’ils ne connaissaient pas et qu’ils n’avaient jamais apprises. La nouvelle de ce miracle se répandit dans Jérusalem, et tout le monde voulut les entendre, et quand les disciples parlaient, il y avait des gens de différents pays qui les écoutaient, et tous comprenaient parfaitement, comme si les disciples avaient parlé plusieurs langues à la fois ; tous étaient dans l’étonnement et dans l’admiration, et ils se disaient entre eux : « Comment se fait-il que nous comprenions tous, quoique nous ayons chacun une manière de parler différente ? Nous les entendons parler à la fois hébreu, persan, arabe, phrygien, romain, égyptien, parthe ; c’est un miracle de Dieu. »


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DIMANCHE


DE LA SAINTE-TRINITÉ.


Jésus dit à ses disciples : « Allez maintenant par tout le monde, et baptisez tous ceux qui croiront en moi ; vous les baptiserez au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et vous leur apprendrez à croire toutes les choses que je vous ai enseignées, et à faire tout ce que je vous ai ordonné, et je serai toujours près de vous, pour vous aider et vous protéger ; et je ne vous abandonnerai jamais. »


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FÊTE


DU SAINT-SACREMENT.


Jésus était un jour entouré d’une foule de Juifs, et il leur dit : « Si vous voulez savoir quelle est la meilleure nourriture que vous puissiez prendre, je vous le dirai : C’est ma chair qui est la nourriture la plus excellente, et c’est mon sang qui est la meilleure de toutes les boissons. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, le fait parce qu’il m’aime, parce qu’il me connaît, et alors je demeure toujours avec lui et je le préserve de tout mal. Ma chair n’est pas une nourriture comme était la manne que vos pères mangeaient dans le désert. La manne nourrissait leur corps et ne les empêchait pas de mourir. Ma chair nourrira les âmes et les empêchera de mourir, c’est-à-dire leur fera aimer tout ce qui est bien et détester tout ce qui est mal. Et c’est alors que vous vivrez en pensant toujours à me plaire, et que je vivrai toujours en vous aimant, de même que mon Père et moi nous vivons l’un dans l’autre pour nous plaire et nous aimer. »


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DIMANCHE


dans l’octave


DU SAINT-SACREMENT.


Jésus étant un jour dans la maison d’un des principaux Pharisiens (on appelait Pharisiens des hommes savants, riches et très-orgueilleux), il raconta une parabole, c’est-à-dire une histoire utile et morale :


« Un homme riche voulut donner un grand souper auquel il invita plusieurs personnes. L’heure du souper étant arrivée, il envoya son domestique dire à tous les invités qu’ils pouvaient venir, que tout était prêt. Mais tous se mirent à s’excuser de ne pouvoir aller à ce souper ; le premier dit : « Je suis bien fâché de ne pouvoir y aller, mais je viens d’acheter une terre ; il faut absolument que je parte tout de suite pour la voir. » Un autre dit : « Je suis désolé de ne pouvoir me rendre à cette invitation, mais je suis en train d’acheter cinq paires de bœufs pour labourer mes champs, et je suis obligé de les essayer à l’instant. » Un autre dit : « Je suis bien contrarié de ne pouvoir aller à ce souper, mais je viens de me marier ; il m’est impossible de laisser ma femme. » Tous les autres donnèrent aussi des excuses, de sorte qu’il n’y avait plus personne pour manger le souper. Le domestique revint à la maison et raconta à son maître les raisons pour lesquelles les invités refusaient de venir. Alors le maître se mit en colère et dit à son domestique : « Puisque ces ingrats ne veulent pas venir manger le souper que je leur avais préparé, allez dans les rues et sur les places, et invitez de ma part tous les pauvres, les aveugles, les boiteux, les estropiés, à venir souper avec moi. » Le domestique partit et ramena avec lui tous les pauvres, les aveugles, les boiteux, les estropiés qu’il rencontra, et il les plaça à la table. Puis il revint trouver son maître et lui dit : « Maître, j’ai fait ce que vous m’avez ordonné, j’ai ramené tous ceux que j’ai rencontrés, mais il reste encore des places vides. » Le maître répondit : « Allez dans les chemins, dans les petites rues, et forcez tous les gens que vous rencontrerez à entrer chez moi. Jusqu’à ce que toutes les places soient remplies ; je ne veux pas qu’il en reste une seule pour les ingrats amis que j’avais invités d’abord et qui m’ont si grossièrement refusé. »


Les disciples de Jésus comprirent qu’en parlant des ingrats, il voulait parler des Juifs que le bon Dieu avait toujours protégés, qu’il avait choisis pour être son peuple, ses invités, et qui ne voulurent pas obéir à la voix de Jésus, Fils de Dieu, quand il vint sur la terre, les inviter à se rendre dignes d’entrer avec lui dans le ciel. Il fallait pour cela devenir bons de mauvais qu’ils étaient, et il fallait abandonner leurs plaisirs pour suivre Jésus. À défaut des Juifs, Jésus fit entrer dans le Ciel des Païens qui étaient des aveugles, privés de la lumière de Dieu, des boiteux qui marchaient de travers dans le chemin des bonnes actions qu’ils ignoraient, des pauvres qui ne possédaient pas la protection spéciale que Dieu avait accordée aux Juifs. Les Pharisiens ne comprirent pas cette parabole parce qu’ils étaient orgueilleux et méchants, et qu’ils ne voulaient rien comprendre.


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TROISIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Les publicains étaient des gens qui allaient tous les mois dans toutes les maisons faire payer l’argent qu’on devait donner à l’empereur romain ; on ne les aimait pas à cause de cela. Un jour, les publicains et les gens de mauvaise vie, c’est-à-dire des voleurs, des ivrognes, des paresseux, étaient rassemblés autour de Jésus qui leur donnait de bons conseils et qui leur montrait combien ils étaient coupables de vivre comme ils vivaient. Les pharisiens et les prêtres juifs, qu’on appelait docteurs de la loi, murmuraient entre eux et disaient : « Comment ! Cet homme, ce Jésus, cause avec d’aussi mauvais sujets, et il mange même avec eux ! » Jésus, qui voyait ce que pensaient ces pharisiens, leur dit cette parabole : « Quel est celui d’entre vous qui, ayant cent brebis, en laisse perdre une sans la chercher ? N’irez-vous pas courir de tous les côtés jusqu’à ce que vous la retrouviez ? Ne laisserez-vous pas les autres brebis sous la garde de quelqu’un, pour courir après la brebis perdue et pour l’empêcher d’être mangée par un loup ou par un lion ? Et lorsque le berger a retrouvé sa brebis perdue, il est bien content, il la met sur ses épaules, de crainte qu’elle ne se fatigue, et il la rapporte à la bergerie ; puis il appelle ses amis et leur dit : Réjouissez-vous, mes amis, j’ai retrouvé ma brebis que je croyais perdue. Et tous les amis se réjouissent avec lui. Et moi je vous dis que lorsqu’un homme mauvais, perdu pour le Ciel, redevient bon et retrouve le chemin du Ciel, il y a de grandes réjouissances parmi les anges. Ou bien encore, quand une femme qui a vingt pièces d’or, en perd une, elle la cherche dans toute sa maison, elle balaye partout, elle retourne tout, jusqu’à ce qu’elle la retrouve ; alors elle appelle ses amies et ses voisines qui l’avaient aidée à chercher sa pièce, et elle leur dit : Mes amies, réjouissez-vous avec moi, voici ma pièce d’or que j’avais perdue et que j’ai retrouvée ; et les amies se réjouissent avec elle. De même, quand un pécheur retrouve son innocence par le repentir, les anges se réjouissent dans le Ciel.

Et les méchants pharisiens n’osèrent plus rien dire, car ils virent bien que Jésus causait avec les gens de mauvaise vie, non parce qu’il approuvait leurs vices, mais parce qu’il voulait les rendre bons et leur donner le regret de tout le mal qu’ils avaient fait.


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QUATRIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Un jour, Jésus était au bord d’un lac qu’on appelait Génésareth ; il y avait autour de lui, pour l’entendre parler, une telle foule, qu’il en était étouffé, écrasé. Il vit près de lui deux barques ou bateaux ; les pêcheurs auxquels elles appartenaient, avaient pêché toute la nuit dans le lac, sans avoir pu prendre un seul poisson ; ils étaient revenus, ils avaient tiré à terre leurs filets pleins de boue, et ils les nettoyaient et les lavaient. Jésus entra dans une de ces barques qui appartenait à Simon Pierre, et il pria Simon Pierre d’éloigner un peu sa barque, afin qu’il pût parler à tous ces pauvres gens sans être étouffé par eux. Simon était très-bon, il obéit immédiatement à Jésus, qui s’assit dans la barque et parla longtemps au peuple. Quand il eût fini, il dit à Simon : « Avancez dans le lac, où l’eau est profonde, et jetez vos filets pour pêcher. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans pouvoir attraper un seul poisson ; pourtant, comme c’est vous qui le commandez, je vais vous obéir. » Et il jeta une fois de plus ses filets dans le lac. Aussitôt, les filets se trouvèrent si pleins de poissons, que Simon Pierre ne pouvait plus les tirer et qu’il fut obligé d’appeler ses camarades pour venir l’aider. Ils tirèrent le filet et y trouvèrent une si grande quantité de poissons, que les deux barques furent remplies jusqu’au bord. Simon Pierre, voyant tous ces poissons si promptement et si miraculeusement pris au même endroit où il n’avait pu en prendre un seul pendant plusieurs heures, regarda Jésus et comprit que Jésus n’était pas un homme, mais le bon Dieu lui-même. Il se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, retirez-vous, car je ne suis pas digne de me trouver près de vous, moi qui ne suis qu’un pauvre pêcheur. » Ses compagnons, Jacques et Jean, fils d’un homme qui s’appelait Zébédée, étaient aussi étonnés et tremblants que Simon Pierre. Jésus les regarda avec bonté et leur dit : « Ne craignez rien ; vous allez venir avec moi, vous serez mes disciples, et au lieu de prendre des poissons, vous prendrez des hommes ; vous leur donnerez de bons conseils comme je le fais, et vous les retirerez de leur ignorance et de leur mauvaise vie où ils sont comme dans de l’eau trouble, de même que les poissons au fond du lac. » Simon Pierre, Jacques et Jean laissèrent aussitôt leurs barques et leurs filets, et suivirent Jésus, qu’ils ne quittèrent plus.


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CINQUIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus causait souvent avec ses disciples. Un jour, il leur dit : « Mes chers amis, si vous n’êtes pas meilleurs que les pharisiens et les docteurs de la loi, vous n’entrerez jamais dans le Ciel. Les Pharisiens vous ont dit : Ne tuez pas d’autres hommes, parce que si vous tuez, vous méritez qu’on vous tue aussi. Et moi je vous dis : Non-seulement vous ne devez pas tuer les hommes qui tous doivent être vos amis, vos frères, mais vous ne devez même pas vous mettre en colère contre eux ; si vous vous mettez en colère, Dieu vous punira sévèrement. Vous ne devez même pas leur dire des injures comme raca, ce qui veut dire : vous êtes un fou ; car vous en seriez punis par le feu de l’enfer. Ayez bien soin, quand vous irez prier dans une église ou dans votre chambre, de n’avoir dans le cœur aucune colère ; et si vous vous souvenez, pendant votre prière, que vous avez fâché quelqu’un, que vous avez fait du mal à quelqu’un, allez bien vite vous réconcilier avec votre ami, allez demander pardon à ceux que vous avez fâchés. Ensuite, vous viendrez prier et offrir à Dieu votre cœur. »


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SIXIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus allait toujours d’une ville à l’autre pour donner à tous de bons conseils et pour leur apprendre à être bons et à plaire à Dieu son Père. Un jour, il était suivi d’une grande foule d’hommes, de femmes et d’enfants qui s’étaient éloignés des villes et des villages pour le suivre, et qui n’avaient rien à manger. Jésus appela ses disciples, et leur dit : « J’ai pitié de ces pauvres gens qui me suivent partout depuis trois jours et qui n’ont rien à manger. Si je les renvoie chez eux sans manger, ils tomberont de faiblesse en chemin, car il y en a qui sont venus de très-loin ; et c’est pour entendre et connaître la vérité qu’ils m’ont suivi. » Ses disciples lui répondirent : « Comment pourrait-on trouver dans ce désert assez de pain pour les rassasier ? » Jésus leur demanda : « Combien avez-vous de pains ? — Seigneur, nous en avons sept, » lui répondirent-ils. Alors Jésus commanda à tout le monde de s’asseoir par terre ; ils s’assirent par groupes de cent personnes, car ils étaient près de quatre mille. Jésus prit les pains, rendit grâce à Dieu son Père, rompit les pains et donna les morceaux à ses disciples pour les distribuer à tout le monde. Les disciples en donnèrent à chaque personne tant qu’elle en voulut. Il y avait aussi quelques petits poissons : Jésus les bénit comme il avait fait pour le pain, et commanda à ses disciples de les distribuer. Tous en mangèrent jusqu’à ce qu’ils n’eussent plus faim ; Jésus leur dit de ramasser dans des corbeilles les morceaux qui étaient restés, pour les manger en route, en retournant chez eux. Ils emportèrent sept corbeilles pleines de morceaux de pain et de poissons qui étaient restés ; après quoi Jésus les congédia, et ils retournèrent chez eux, où ils racontèrent comment Jésus avait augmenté le nombre des pains et des poissons, de manière à nourrir quatre mille personnes avec sept pains et cinq ou six petits poissons. Ce miracle s’appelle la multiplication des pains. Un Dieu seul pouvait le faire ; aussi beaucoup de personnes crurent en Jésus et l’adorèrent comme le vrai Dieu, Fils de Dieu le Père.


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SEPTIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Prenez garde aux faux prophètes, c’est-à-dire aux gens qui prétendent savoir la vérité, qui font semblant d’être bons, et qui, pour vous tromper, viennent à vous d’un air doux et aimable. Ils sont comme le loup qui, pour dévorer les moutons, se couvre d’une peau de brebis et vient au milieu du troupeau sans qu’on sache que c’est un loup ; quand le berger et les moutons sont endormis, il égorge les moutons et les dévore. Vous reconnaîtrez ces méchants à leurs actions. Une épine ne peut pas donner de bon raisin ; une ronce ne peut pas donner de bonnes figues, de même un méchant homme ne peut pas faire de bonnes actions. Un bon arbre ne peut pas donner de mauvais fruits ; un mauvais arbre pourri ne peut pas donner de bons fruits. Et quand un arbre est vieux, mauvais, pourri, qu’il ne donne pas de bons fruits, on le coupe et on le jette dans le feu. Les méchants hommes seront aussi arrachés de ce monde et jetés dans le feu de l’enfer. Tous ceux qui me prient sans penser à ce qu’ils font et qui disent : Seigneur ! Seigneur ! sans devenir meilleurs, n’entreront pas dans le Paradis, qui est mon royaume dans le Ciel. Ceux qui y entreront pour y être toujours, toujours heureux, sont ceux qui feront la volonté de Dieu mon Père qui est dans le Ciel, qui seront charitables, doux, patients, humbles et bons.


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HUITIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus dit un jour à ses disciples : « Un homme riche avait un intendant qui fut accusé de voler l’argent de son maître. Le maître l’ayant appris, chercha à connaître la vérité ; après avoir parlé à plusieurs personnes et après avoir fait lui-même ses comptes, il vit que son intendant le volait. Alors, il le fit venir et lui dit : « J’ai entendu dire que vous me voliez, j’ai examiné, et j’ai vu que vous étiez réellement un voleur ; je ne veux plus que vous dirigiez ma maison, je ne veux plus que vous restiez chez moi ; apprêtez vos comptes pour que je vous paye ce que je vous dois, et que je vous renvoie. » L’intendant ne répondit pas, car il ne pouvait rien dire pour se justifier, mais il se dit en lui-même : « Que vais-je devenir, maintenant que mon maître me renvoie ? Je ne sais pas travailler à la terre, et j’ai honte de mendier ; si on me rencontre demandant la charité, on se moquera de moi. Je sais bien ce que je ferai, je vais m’arranger de manière à me faire des amis qui me recevront chez eux par reconnaissance. » Alors il rassembla toutes les personnes qui avaient acheté différentes choses à son maître et qui ne l’avaient pas encore payé. Il dit au premier : « Combien devez-vous à mon maître ? — Hélas ! dit l’homme, je dois cent barils d’huile que je n’ai pas payés. » L’intendant lui dit : «  Reprenez le papier que vous avez signé et dans lequel vous avez écrit que vous deviez cent barils d’huile ; asseyez-vous et écrivez vite un autre papier où vous mettrez que vous n’en devez plus que cinquante. » Puis il dit à un autre : « Et vous, combien devez vous à mon maître ? — Je dois cent sacs de blé. — Reprenez votre papier, et écrivez-en un autre où vous ne mettrez que quatre-vingts sacs de blé. » Et il fit de même pour tous les gens qui devaient à son maître. Et lorsque celui-ci eut appris ce qu’avait fait son serviteur, il admira son habileté, tout en blâmant son infidélité. On serait parfait si on mettait autant de soin et d’habileté à faire le bien, qu’on en met à gagner de l’argent et à contenter ses caprices. L’argent que l’on emploie si souvent à des choses mauvaises, employons-le, nous autres chrétiens, à nous préparer dans le Ciel des amis qui demanderont au bon Dieu grâce pour nos péchés. Ces amis, ce seront les pauvres, entre les mains desquels nous déposerons nos aumônes.


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NEUVIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus vint un jour près de la ville de Jérusalem ; il la regarda quelque temps, et sachant les malheurs qui arriveraient plus tard à ses habitants, il pleura de pitié pour eux et dit : « Ah ! Jérusalem, Jérusalem, si tu pouvais comprendre la vérité ; il serait encore temps à présent ! tu ne commettrais plus de crimes, tu aurais la paix et tu éviterais les punitions que Dieu mon Père t’enverra. Mais tu ne veux rien voir, ni rien comprendre maintenant. Aussi, il viendra un temps, malheureusement pour toi, où une foule d’ennemis viendront t’entourer ; ils feront des fossés autour de tes murs pour t’enfermer et pour tuer tous tes habitants ; ils tueront les hommes, les femmes et les enfants, et ils détruiront tes maisons et tes murs, pour te punir de n’avoir pas voulu me reconnaître, moi ton Dieu, qui ai daigné te visiter. » Après avoir dit cela, il entra dans le temple de Jérusalem ; il y trouva des marchands qui vendaient des pigeons, des oiseaux et toutes sortes de marchandises. Alors il prit une corde et se mit à chasser tous ces marchands en leur disant : « Est-ce ainsi que vous traitez la maison de Dieu mon Père ? Ce temple a été construit pour y prier, et vous en faites une caverne de voleurs. » Et quand il les eut tous chassés, il se mit à parler aux gens qui étaient entrés et à leur dire ce qu’ils devaient faire pour être bons et pour aller au Ciel après leur mort. Et il venait tous les jours dans le temple pour leur apprendre à prier et à bien vivre.


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DIXIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Un jour Jésus raconta à ses disciples une parabole, c’est-à-dire une histoire, pour leur faire voir qu’il ne fallait pas être orgueilleux et se croire meilleur que les autres :


« Deux hommes entrèrent un jour dans le temple pour prier ; l’un était un pharisien, c’est-à-dire un savant ; l’autre était un publicain, c’est-à-dire un fermier qui recueillait l’argent qu’on devait à l’empereur romain. Le pharisien entra d’un air fier ; il ne se mit pas à genoux pour prier, mais restant debout, il pria ainsi : « Mon Dieu, je vous remercie de m’avoir fait comme je suis et meilleur que les autres hommes qui sont des voleurs, des sots, des injustes, des méchants. Je vous remercie de ne m’avoir pas fait comme ce publicain qui est là derrière moi. Je jeûne deux fois par semaine ; je donne le dixième de mon argent aux pauvres : je ne peux pas être meilleur que je ne suis. »

Le Publicain, au contraire, était entré d’un air humble ; il n’avait pas osé avancer jusqu’au milieu du temple, il n’osait pas lever les yeux au ciel ; mais il restait à genoux, frappant sa poitrine et disant du fond de son cœur : « Mon Dieu, ayez pitié de moi, parce que je suis un pécheur, un pauvre misérable pécheur. Mon Dieu, pardonnez-moi. » — « Je vous déclare, dit Jésus, que lorsqu’ils s’en retournèrent tous les deux, Dieu avait pardonné au Publicain tous ses péchés et l’avait béni, tandis que le Pharisien resta avec tous ses péchés et maudit de Dieu à cause de son orgueil. C’est ainsi que tous ceux qui veulent s’élever au-dessus des autres seront abaissés, et ceux qui sont humbles et s’abaissent seront élevés. »


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ONZIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


En ce temps-là, Jésus quitta les environs de deux villes qui s’appelaient Tyr et Sidon, et il vint près de la mer dans le pays de Galilée. En passant au milieu du pays de la Décapole, quelques personnes vinrent lui présenter un homme qui était sourd et muet depuis sa naissance ; il n’avait jamais pu entendre ni parler. Ces gens suppliaient Jésus de guérir ce malheureux. Alors Jésus le tirant hors de la foule dont il était entouré, lui mit les doigts dans les oreilles et de sa salive sur la langue. Puis, levant les yeux au ciel, il jeta un soupir de pitié et dit : « Ephphetha, » ce qui veut dire : « Ouvre-toi. » Au même instant, le sourd-muet entendit tout ce qu’on disait et se mit à parler très-distinctement. Jésus, voulant donner à ceux qui l’entouraient une leçon d’humilité, leur défendit de parler de cette guérison miraculeuse ; mais eux, entraînés par la reconnaissance et par l’admiration, la racontaient à tous ceux qu’ils rencontraient et disaient : « Jésus est véritablement Dieu, car il a fait entendre les sourds et parler les muets. »


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DOUZIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus dit un jour à ses disciples : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Beaucoup de prophètes qui savaient que je devais venir sur la terre, et qui m’attendaient, ont souhaité vivre jusqu’à ce que je vienne, et ont désiré entendre ce que je vous dis. Mais ils sont morts avant, et ils ne m’ont ni vu ni entendu. » Il disait cela devant des Pharisiens ou savants. Un de ces Pharisiens, qui voulait voir comment il répondrait à des questions difficiles, et qui espérait l’embarrasser, se leva et lui dit : « Maître, que faut-il que je fasse pour avoir la vie éternelle, c’est-à-dire pour aller dans le Ciel près de Dieu ? » Jésus lui répondit : « Que vous ordonne votre loi, la loi de Dieu ? Qu’est-ce que vous y lisez ? » Le Pharisien répliqua : « Il est écrit dans le livre de la loi : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces, de tout votre esprit, et vous aimerez le prochain, c’est-à-dire les autres hommes, comme vous-même. » Jésus lui dit : « Vous avez fort bien répondu ; faites cela et vous aurez la vie éternelle. » Mais ce Pharisien, qui voulait faire croire qu’il désirait beaucoup être bon et faire le bien, demanda encore à Jésus : « Et qui est mon prochain ? qui dois-je regarder comme mon prochain ? » Jésus lui répondit par cette parabole ou histoire : « Un homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho, rencontra des voleurs qui lui prirent tout ce qu’il avait, son argent et même ses habits, qui lui donnèrent des coups de couteau et s’en allèrent, le laissant à demi mort. Peu de temps après, un prêtre juif descendit par le même chemin. Il vit le pauvre homme couvert de plaies, mais il était pressé d’arriver, et il continua à marcher. Peu de temps après, un lévite, c’est-à-dire un gardien du temple, passa aussi près de cet homme mourant, le vit, mais n’osa pas s’arrêter, de peur de rencontrer aussi les voleurs, et il passa comme le prêtre juif. Un Samaritain, qui voyageait et qui était, comme tous les Samaritains, ennemi des Juifs, passa près de cet homme ; l’ayant vu, il fut touché de compassion ; il s’approcha de lui, il examina ses blessures, les lava avec de l’eau, y versa un sirop d’huile et de vin, banda ses plaies avec du linge qu’il déchira de ses propres vêtements, et l’ayant mis sur son cheval, il marcha à ses côtés, tenant le cheval par la bride, et soignant cet homme pour qu’il ne tombât pas ; il le conduisit ainsi jusqu’à une auberge qui était sur la route. Il lui loua une chambre, et passa la nuit près de lui à le soigner. Le lendemain matin, il appela l’aubergiste, lui donna deux pièces d’argent et lui dit : « Ayez bien soin de cet homme ; tout ce que vous dépenserez pour lui, je vous le payerai à mon retour. » — « Eh bien, dit Jésus au Pharisien, lequel des trois hommes, qui ont passé près du pauvre blessé, vous semble avoir été son prochain ? » Le Pharisien lui répondit : « C’est celui qui a été charitable envers lui. » « Allez, lui dit Jésus, et faites de même. » Et le Pharisien s’en alla fort confus que Jésus lui eût si bien répondu.


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TREIZIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus allait un jour à Jérusalem en passant par un pays qu’on appelait Samarie et un autre qu’on appelait la Galilée. Il entra dans un village pour se reposer, et il y rencontra dix lépreux. Les lépreux étaient des gens attaqués d’une affreuse maladie qu’on appelle la lèpre et qui ronge la peau et la chair jusqu’à ce que toutes les chairs soient tombées en lambeaux. Cette maladie se gagne rien qu’en touchant un vêtement porté par un lépreux, ou même un objet quelconque touché par lui ; aussi était-il sévèrement défendu à ces malheureux de demeurer dans les villes ou des villages, ni de toucher personne. Les dix lépreux que rencontra Jésus se tenaient loin de lui et loin du chemin où tout le monde passait ; ils savaient que Jésus devait passer par là, et quand ils le virent, ils s’écrièrent : « Jésus, notre maître, ayez pitié de nous. » Lorsque Jésus les vit et les entendit, il leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » Il disait cela, parce que c’étaient les prêtres qui devaient examiner si un lépreux était vraiment guéri et s’il pouvait revenir vivre avec les hommes. Les dix lépreux, quoiqu’ils ne fussent pas encore guéris, obéirent tout de même à Jésus ; ils se disaient : « Puisque Jésus nous a ordonné de nous montrer aux prêtres, nous devons lui obéir, quoique nous ne soyons pas guéris. » Leur obéissance fut récompensée, car tout en marchant pour aller chez les prêtres, ils furent guéris. Un d’eux en éprouva tant de joie et de reconnaissance, qu’il revint vers Jésus, chantant à haute voix des cantiques en son honneur ; quand il le vit, il se jeta à ses pieds, le front touchant à la terre, et il lui rendit grâce de sa guérison. Cet homme-là était Samaritain. Jésus dit à ceux qui l’entouraient : « Les dix lépreux n’ont-ils pas été tous guéris ? Où sont les neuf autres ? Ce Samaritain est seul revenu me remercier et chanter la gloire de Dieu mon Père et la mienne. » Alors Jésus dit au Samaritain avec bonté : « Levez-vous et allez sans crainte ; votre foi vous a sauvé ; je n’avais guéri que votre corps ; maintenant je guéris votre âme en vous pardonnant tous vos péchés. » Et le lépreux se releva en adorant et en bénissant Jésus.


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QUATORZIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Un jour, Jésus dit à ses disciples : « Personne ne peut servir deux maîtres à la fois ; car l’un lui ordonnera ce que l’autre lui aura défendu ; l’un sera bon, l’autre sera mauvais. Alors le serviteur aimera l’un et haïra l’autre. Il en est de même pour Dieu et le démon. Dieu vous défend les mauvaises actions que le démon vous conseille de commettre ; si vous écoutez le démon, vous désobéissez à Dieu. C’est pourquoi je vous dis : Ne vous tourmentez pas pour votre boire et votre manger ; ne vous inquiétez pas de vos habits. Dieu saura bien vous envoyer ce qui vous est nécessaire ; Dieu vous a donné la vie, qui est bien plus que la nourriture. Il vous a donné votre corps, qui est bien plus que l’habit qui vous couvre. Voyez les oiseaux du Ciel : ils ne bêchent pas la terre, ils ne sèment pas de blé, ils ne bâtissent pas de greniers, ils ne font pas de provisions ; mais Dieu, notre Père céleste, les nourrit ; ils trouvent partout des graines et des fruits que Dieu fait pousser et mûrir. Et n’êtes-vous pas bien plus excellents que des oiseaux ? Ayez donc confiance en Dieu qui ne vous abandonnera pas. Par vous-même vous n’avez aucun pouvoir ; lequel de vous peut se faire grandir seulement d’une coudée ? vous aurez beau vouloir être plus grands, vous resterez de la taille que Dieu vous a donnée. Pourquoi aussi vous inquiétez-vous des habits que vous porterez ? Voyez comment poussent les lis ; ils ne travaillent pas, ils ne filent pas ; et pourtant ils sont plus richement vêtus et plus beaux que ne l’a jamais été le roi Salomon dans toute sa gloire. Si donc Dieu a vêtu ainsi une fleur des champs, qui aujourd’hui fleurit et qui demain sera séchée et jetée dans le feu, avec combien plus de soin ne vous donnera-t-il pas de quoi vous couvrir ? Ne vous tourmentez donc pas ; ne dites pas : Où trouverons-nous à manger, à boire ? où aurons-nous des habits ? Les païens, c’est-à-dire les gens qui ne connaissent pas Dieu, font ainsi. Mais vous, occupez-vous de faire ce qui plaît à Dieu, cherchez à devenir bons, à aimer Dieu et ses Commandements, et tout le reste vous sera donné par-dessus le marché. »


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QUINZIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus allait un jour avec ses disciples dans une ville qu’on appelait Naïm. Il était suivi d’une grande foule de peuple. Lorsqu’il était près de la porte de la ville, il rencontra une autre foule de gens qui accompagnaient le cercueil d’un jeune homme, fils unique d’une veuve ; tous les amis de cette femme, touchés par sa douleur, l’accompagnaient et cherchaient à la consoler. Le Seigneur Jésus, la voyant pleurer, en eut pitié, et il lui dit : « Ne pleurez pas. » Et s’approchant du cercueil, qui n’était pas fermé, il le toucha. Les gens qui portaient le cercueil s’arrêtèrent aussitôt. Jésus dit : « Jeune homme, levez-vous, je vous le commande. » Au même moment le mort s’assit dans son cercueil et se mit à parler pour bien faire voir à tous qu’il était vivant. Et Jésus, le prenant par la main, le remit à sa mère, qui se prosterna aux pieds de Jésus pour l’adorer. Tous ceux qui accompagnaient la veuve de Naïm et ceux qui suivaient Jésus furent saisis de crainte et d’admiration. Ils disaient en le saluant : « Dieu a visité son peuple ; il nous a envoyé un grand prophète. » Ils ne savaient pas encore que Jésus était Dieu, mais ils voyaient pourtant qu’il était plus qu’un homme, à cause des miracles qu’il faisait.


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SEIZIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


C’était un jour de sabbat. Le sabbat était chez les Juifs le jour du repos comme est le dimanche chez nous ; il leur était défendu de travailler ce jour-là, ni même de faire cuire leur manger ; on préparait tout la veille et on mangeait froid. C’est le samedi qui est pour les Juifs le jour du sabbat. Un jour de sabbat, Jésus entra dans la maison d’un des principaux Pharisiens ou savants pour y prendre son repas de l’après-midi, c’est-à-dire son dîner. Il était venu beaucoup de monde pour voir Jésus et pour regarder ce qu’il faisait, comment il mangeait, et pour écouter ce qu’il disait. Il y avait devant Jésus un homme hydropique qui était très-enflé et dont le corps était plein d’eau. Jésus, sachant que les Pharisiens étaient ses ennemis et cherchaient à blâmer tout ce qu’il faisait, leur dit : « Est-il permis de guérir les malades le jour du sabbat ? » Les Pharisiens ne répondirent rien, parce qu’ils savaient que s’ils disaient non, tout le monde crierait, le leur reprocherait, et que s’ils disaient oui, Jésus se ferait des amis de plus en guérissant cet homme. Jésus voyant qu’ils se taisaient, prit l’hydropique par la main, le guérit en un instant et le renvoya chez lui. Il dit ensuite aux Pharisiens, qui avaient l’air mécontent : « Lequel de vous, si son âne ou son bœuf vient à tomber dans un puits le jour du sabbat, ne l’en retire aussitôt ? » Les Pharisiens, ne sachant que répondre, continuèrent à se taire. Pendant ce temps, les invités se mettaient à table et choisissaient les meilleures places, les places d’honneur. Alors il leur dit : « Quand vous serez invités à une noce ou à un grand dîner, ne vous mettez pas à la première place, de crainte qu’il ne se trouve parmi les conviés une personne d’un plus haut rang que vous et qui doive avoir cette première place. Celui qui vous aura invité serait obligé de vous dire : « Mon ami, cédez cette place qui n’est pas pour vous, et allez vous mettre plus loin. » Et vous auriez la honte d’avoir été renvoyé devant tout le monde à une place éloignée. Mais, quand vous serez invité, mettez-vous à la dernière place ; alors celui qui vous a invité, ne vous voyant pas, ira vous chercher et vous dira : Mon ami, vous êtes trop modeste ; montez plus haut aux meilleures places. Alors vous serez honoré devant tous ceux qui seront à table avec vous. Car tous ceux qui s’abaissent seront élevés, et tous ceux qui s’élèvent seront humiliés. »


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DIX-SEPTIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Les Pharisiens sachant que Jésus, en parlant aux Saducéens leurs amis, les avait embarrassés et qu’ils n’avaient pas su lui répondre, cherchèrent ensemble le moyen de lui faire dire quelque chose de contraire à la loi ; et ayant cru trouver une question très-difficile, ils chargèrent l’un d’eux de lui demander : « Maître, quel est le plus grand Commandement de Dieu ? » Ils pensaient qu’il ne voudrait pas répondre ou bien qu’il répondrait de manière à fâcher les Juifs. Mais Jésus n’hésita pas et leur répondit : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre esprit ; c’est là le premier et le plus grand de tous les Commandements. Et voici le second qui est égal au premier : Vous aimerez le prochain comme vous-même. Tous les Commandements de Dieu et toute sa loi sont renfermés dans ces deux Commandements. » Les Pharisiens étant là, en grand nombre, Jésus voulut les embarrasser à son tour et leur dit : « Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il fils ? — De David, répondirent-ils. — Comment donc, dit Jésus, David dans ses Psaumes qui lui ont été dictés par Dieu, l’appelle-t-il son Seigneur, en disant : le Seigneur Dieu a dit à mon Seigneur, c’est-à-dire au Christ : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que j’aie obligé vos ennemis à vous servir de marchepied. Si David appelle le Christ son Seigneur, comment le Christ est-il son fils ? » Personne ne put lui rien répondre ; les Pharisiens se retirèrent tout honteux, et, depuis ce jour, aucun d’eux n’osa lui faire de questions.


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DIX-HUITIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus étant entré dans une barque ou bateau, traversa le lac et entra dans la ville. Il y trouva des gens qui lui apportèrent un pauvre paralytique couché sur un lit. Un paralytique est un homme qui ne peut remuer aucun de ses membres ; on appelle cette maladie la paralysie. Jésus voyant la foi de tous ces gens qui ne doutaient pas qu’il ne pût guérir le paralytique d’un seul mot, lui dit avec bonté : « Mon fils, ayez confiance, vos péchés vous sont pardonnés. » Aussitôt les savants, les Pharisiens qui étaient là, se dirent à eux-mêmes : « Cet homme blasphème, il fait comme s’il était Dieu ! De quel droit pardonne-t-il les péchés ? » Jésus, qui voyait au fond de leurs cœurs toutes leurs pensées, leur dit : « Pourquoi laissez-vous entrer dans votre cœur de mauvaises pensées ? Pourquoi ne voulez-vous pas croire que j’aie le pouvoir de remettre les péchés ? Quel est le plus facile de dire : Vos péchés vous sont pardonnés, ou bien de dire : Levez-vous et marchez ? Mais, pour que vous sachiez que moi, Fils de l’homme, j’ai le pouvoir de pardonner les péchés : Levez-vous, dit-il au paralytique, emportez votre lit et retournez dans votre maison. » Au même moment, le paralytique se leva, prit son lit et s’en alla dans sa maison. Le peuple, voyant ce miracle, fut saisi de crainte et rendit gloire à Dieu de ce qu’il avait donné un si grand pouvoir à un homme. C’est qu’ils ne savaient pas que ce Jésus, cet homme, était Dieu lui-même.


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DIX-NEUVIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus parlait presque toujours en paraboles, c’est-à-dire en histoires, aux Pharisiens et aux Princes des Prêtres. Un jour, il leur dit : « Dieu, qui est le roi du Ciel, vous appelle pour venir dans son Paradis ; il vous envoye des prophètes, ses serviteurs, pour vous inviter à bien vivre et à mériter d’être dans le Ciel ; mais vous ne les écoutez pas, vous les chassez, vous les tuez. Vous faites comme les gens dont je vais vous raconter l’histoire : Un jour un roi faisait les noces de son fils ; il voulait donner de belles fêtes ; et il envoya ses domestiques inviter ceux qui pouvaient y venir ; mais les conviés refusèrent d’y aller. Le roi envoya d’autres serviteurs à ces invités, en leur faisant dire : J’ai préparé la fête ; j’ai fait tuer mes bœufs gras, mes volailles, tout ce que j’avais fait engraisser pour le repas de noces ; tout est prêt ; venez aux noces. Mais les invités que la noce ennuyait, ne voulurent pas écouter les serviteurs et s’en allèrent, les uns dans leurs maisons de campagne, les autres dans leurs champs, les autres dans leurs boutiques. D’autres firent encore pis ; ils se saisirent des serviteurs qui les ennuyaient, ils les battirent et les tuèrent. Le roi, l’ayant appris, entra dans une grande colère ; il rassembla des soldats, il les envoya contre ces méchants hommes, il les fit tous tuer et il fit brûler leur ville. Alors le roi dit à ses serviteurs : « Le repas des noces est tout prêt, et ceux que j’avais invités à venir le manger n’y sont pas venus. Il me faut pourtant du monde pour faire manger ce repas. Allez donc dans les rues, dans les places, et appelez, pour venir aux noces, tous ceux que vous rencontrerez. » Les serviteurs s’en allèrent par les rues, rassemblèrent tous les gens qu’ils rencontrèrent, bons et mauvais, riches et pauvres, les emmenèrent chez le roi et la salle des noces se trouva pleine. Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table et il aperçut un homme qui était sale et qui n’avait pas la robe nuptiale. C’était un habit de fête, une espèce de manteau qu’on avait donné à tous ceux qui avaient été emmenés aux noces. Le roi lui dit : « Mon ami, comment êtes-vous entré sans avoir mis la robe nuptiale ? » Cet homme ne voulut pas répondre et resta muet. Alors le roi dit à ses officiers : « Prenez cet homme, attachez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres extérieures, c’est-à-dire dans un cachot. C’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents ; car il y a beaucoup de gens appelés aux noces, c’est-à-dire à être heureux près de Dieu, mais peu de gens obéissent à sa voix et consentent à mériter ce bonheur.


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VINGTIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Il y avait dans le pays de Galilée une ville appelée Capharnaüm ; dans cette ville demeurait un officier dont le fils était très-malade. L’officier aimait tendrement son fils, et il s’affligeait beaucoup de le voir si malade. Ayant appris que Jésus arrivait du pays de la Judée, il alla très-loin à sa rencontre, et quand il le trouva, il le pria de venir dans sa maison pour guérir son fils qui était si malade qu’on craignait qu’il ne mourût. Jésus lui dit : « Vous ne croyez pourtant pas en moi ; il vous faudrait voir des miracles pour croire et pour avoir la foi. » Cet officier lui répondit : « Seigneur, venez avant que mon fils meure. » Jésus, voyant qu’il avait tant de confiance en son pouvoir, lui dit : « Allez, votre fils se porte bien ; il est guéri. » L’officier crut à la parole de Jésus, et s’en retourna bien vite chez lui. Comme il était près d’arriver, il vit ses serviteurs qui venaient au-devant de lui et qui lui dirent : « Votre fils n’est plus malade ; il s’est trouvé guéri tout d’un coup. — À quelle heure a-t-il été guéri ? demanda l’officier. — Hier, vers sept heures, la fièvre l’a quitté ; il s’est levé et il se porte bien depuis. » L’officier vit que son fils avait été guéri juste à l’heure où Jésus lui avait dit : « Allez, votre fils se porte bien. » Dans sa joie et dans sa reconnaissance, il crut en Jésus, il crut que Jésus était Dieu, et toute sa famille crut avec lui.


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VINGT-UNIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Jésus dit un jour cette parabole : « Soyez bons pour les autres, si vous voulez que Dieu soit bon pour vous. Un roi voulut un jour que ses sujets vinssent lui rendre leurs comptes et lui payer ce qu’ils lui devaient. On amena un homme qui lui devait une grosse somme d’argent, et qui n’avait pas de quoi le payer. Alors son maître dit : « Puisque cet homme est pauvre et qu’il me doit de l’argent, prenez-le, vendez-le comme esclave ainsi que sa femme et ses enfants ; de cette manière je serai payé de tout ce qu’il me doit. » Ce pauvre homme, se jetant aux pieds du roi, le conjurait d’avoir pitié de lui, et disait : « Seigneur, ayez un peu de patience ; laissez-moi travailler ; je gagnerai de l’argent et je vous rendrai tout ce que je vous dois. » Le roi eut pitié de ce malheureux ; il lui remit sa dette et le laissa aller sans qu’il payât rien de ce qu’il devait. Cet homme s’en alla tout joyeux ; à peine était-il sorti qu’il rencontra un de ses camarades qui lui devait cent deniers, c’est-à-dire à peu près cent sous. Il courut à lui, et le saisissant à la gorge, il le serrait à l’étouffer, en lui criant : « Rends-moi ce que tu me dois. » Le camarade se jetant à ses pieds, lui dit : « Ayez pitié de moi, je vous en conjure, attendez un peu, ayez un peu de patience, et je vous rendrai tout ce que je vous dois. » Mais le méchant homme ne voulut pas l’écouter ; il appela des gardes, il le fit mettre en prison et il ordonna qu’on le tînt enfermé jusqu’à ce qu’il eût payé tout ce qu’il devait. Les autres camarades, voyant cela, en furent extrêmement affligés, et ils vinrent avertir le roi de ce qui s’était passé. Alors le roi l’ayant fait venir, lui dit avec colère : « Méchant serviteur, je vous avais remis votre dette parce que vous m’en aviez prié ! Ne deviez-vous pas faire comme moi et avoir pitié de votre camarade, comme j’ai eu pitié de vous ? » Le roi en colère de la méchanceté de ce serviteur, l’envoya aux juges pour qu’ils le missent en prison jusqu’à ce qu’il eût payé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera ; il ne vous pardonnera vos péchés que si vous pardonnez de bon cœur à ceux qui vous ont offensés. »


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VINGT-DEUXIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Les Pharisiens ne pouvaient souffrir Jésus ; ils étaient jaloux de sa sagesse, de ses miracles et de ses nombreux disciples. Ils formèrent le projet de l’obliger à dire des choses qui mécontenteraient l’empereur romain Tibère, qui était le maître de la Judée ; ils espéraient que si Jésus fâchait l’empereur, il serait mis en prison et peut-être tué. Ils envoyèrent donc plusieurs d’entre eux qui lui dirent d’un air hypocrite : « Maître, nous savons que vous êtes sage et savant, que vous dites toujours la vérité et que vous enseignez les commandements de Dieu, sans avoir peur de mécontenter les hommes puissants. Dites-nous donc votre avis sur ceci : Le César Tibère (César voulait dire Empereur) nous ordonne de lui payer tous les ans un tribut en argent. Nous est-il permis de payer ce tribut à César, qui est païen ? » Jésus, connaissant leur méchanceté, leur dit : « Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi la pièce d’argent qu’il faut donner pour payer le tribut. » Les Pharisiens s’empressèrent de présenter une pièce. Jésus la regarda et leur dit : « De qui est le portrait qui est sur la pièce ? — De César, répondirent-ils. » Jésus leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Les Pharisiens s’en retournèrent tout confus, et tout le monde se moqua d’eux.


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VINGT-TROISIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


Un jour, pendant que Jésus parlait aux disciples de saint Jean-Baptiste, un chef de la Synagogue, c’est-à-dire de la réunion des savants, Pharisiens et Docteurs de la loi, un chef nommé Jaïre s’approcha de Jésus, se prosterna à ses pieds, et lui dit en pleurant : « Seigneur, ma fille vient de mourir ; mais venez chez moi, touchez-la avec vos mains et elle revivra. » Jésus se levant aussitôt, suivit Jaïre, et ses disciples suivirent avec lui. Pendant qu’il marchait, une femme qui était depuis douze ans malade d’une dyssenterie ou perte de sang, s’approcha de lui tout doucement par derrière et toucha le bord de son habit. Elle se disait en elle-même : « Si je peux seulement toucher le bord de l’habit de Jésus qui est Dieu, et qui peut tout ce qu’il veut, je serai guérie. » Jésus qui savait qui était cette femme et ce qu’elle pensait, se retourna aussitôt qu’elle l’eut touché, et lui dit avec bonté : « Ma fille, ayez toujours confiance en moi, votre foi vous a guérie. » Et au même moment, cette femme fut guérie, et au lieu de rester courbée en deux par faiblesse, elle se redressa et elle se sentit forte comme avant sa maladie. Jésus continua son chemin et arriva à la maison de Jaïre. Il y avait dans la maison une grande foule de gens qui jouaient de divers instruments et qui faisaient un bruit effroyable. C’était la coutume chez les Juifs pour faire honneur au mort. Jésus leur dit : « Retirez-vous, cette fille n’est pas morte, elle n’est qu’endormie. » Et les joueurs d’instruments ainsi que les amis et les domestiques, se moquaient de Jésus. Pourtant il fit sortir tout le monde et entra dans la chambre où la jeune fille était étendue morte sur un lit. Et Jésus, s’approchant d’elle, lui prit la main ; aussitôt elle se leva pleine de vie et de santé ; et Jésus la rendit à ses parents, qui se prosternèrent aux pieds du Sauveur et l’adorèrent. Tous les gens qui virent ce miracle le racontèrent dans tout le pays, et beaucoup de personnes crurent en Jésus.


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VINGT-QUATRIÈME DIMANCHE


APRÈS LA PENTECÔTE.


En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Quand vous verrez les prédictions du prophète Daniel s’accomplir, quand vous verrez les lieux saints méprisés, salis et pillés, que ceux qui sont dans la Judée s’enfuient bien loin dans les montagnes ; que celui qui sera au haut de sa maison ne perde pas le temps à descendre dans les chambres pour emporter ses effets, que celui qui sera dans les champs ne retourne pas dans la ville pour prendre ses trésors. Malheur aux femmes qui, en ce temps-là, seront nourrices ou qui auront de petits enfants ! Priez Dieu que votre fuite n’arrive pas pendant le froid de l’hiver, ni au jour du sabbat, où il est défendu de travailler. Parce qu’il arrivera de si grands malheurs, des souffrances si affreuses, qu’il n’y en a jamais eu de semblable depuis le commencement du monde et qu’il n’y en aura jamais d’aussi horribles. Et si les bons ne priaient pas Dieu mon Père d’avoir pitié des hommes, il ne resterait pas un seul être vivant ; mais en faveur des bons, des élus de mon Père, ces jours de malheurs et de souffrances seront diminués ; tous ne périront pas. Et si, dans ce temps, quelqu’un vous dit : « Le Christ, c’est-à-dire Jésus, est ici, il est là, il est de ce côté, allez vite le prier de vous sauver ; » ne le croyez pas, parce qu’il y aura de faux Christs, de faux prophètes qui feront, par la puissance du diable, des choses merveilleuses, des miracles pour tâcher de tromper même les bons et les faire périr. Je vous en avertis par avance. Si donc on vous dit : Voici le Christ dans le désert ! n’y allez pas. Si on vous dit : Le voici dans le lieu le plus caché de sa maison ! ne le croyez pas. Car lorsque le Fils de l’homme, qui est Dieu, reviendra sur la terre, il y apparaîtra tout d’un coup comme un éclair. Et aussitôt après ces jours terribles, le soleil s’obscurcira, la lune n’éclairera plus, les étoiles tomberont du Ciel et tout sera ébranlé et en tremblement. Le signe du Fils de l’homme, la croix, paraîtra alors dans le Ciel ; tous les peuples de la terre gémiront de leurs fautes, et ils verront le Fils de l’homme qui viendra sur les nuées du ciel dans toute sa gloire et dans toute sa majesté. Et il enverra ses Anges, qui feront entendre le son éclatant de leurs trompettes, et qui rassembleront tous les élus de Dieu, c’est-à-dire les bons, de toutes les parties du monde, d’un bout de la terre à l’autre. Vous savez que, lorsque l’arbre qu’on appelle le figuier, commence à pousser des feuilles, cela veut dire que l’été va venir ! De même, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme va venir et que la fin du monde est proche. Ce que je vous dis est véritable ; le Ciel et la terre passeront et disparaîtront, mais mes paroles ne passeront pas et resteront toujours. »


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DIMANCHE


DE LA DÉDICACE.


Jésus passait un jour par la ville de Jéricho ; il y avait un homme fort riche, nommé Zachée, chef des publicains, qui passait pour un homme sans probité, mais qui avait grande envie de voir Jésus et de le connaître. Comme Zachée était très-petit, et que la foule du peuple qui entourait Jésus l’empêchait de le voir, il monta sur un arbre qu’on appelle sycomore, et il attendit Jésus qui devait passer par là. Jésus, qui savait que Zachée avait bonne volonté de devenir bon et qu’il désirait le voir pour connaître la vérité, leva les yeux en passant devant le sycomore, et ayant vu Zachée, il lui dit : « Zachée, dépêchez-vous de descendre, car c’est chez vous que je veux loger aujourd’hui. » Zachée descendit aussitôt, et courant à Jésus, le reçut avec joie dans sa maison. Les gens qui virent cela disaient en murmurant : « Il est allé loger chez un Publicain, un homme de mauvaise vie ! » Cependant Zachée se présenta devant Jésus, l’adora et dit : « Seigneur, en reconnaissance de l’honneur que vous me faites, et pour en témoigner ma joie, je vais donner la moitié de mon bien aux pauvres, et ceux à qui j’ai fait perdre quelque chose, je leur en rendrai quatre fois autant. » Alors Jésus dit : « La maison de Zachée a reçu aujourd’hui le plus grand des biens en me recevant, car j’y apporte le salut et le pardon. Zachée est aussi enfant d’Abraham comme les autres Juifs, et le Fils de l’homme est venu dans ce monde pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus sans lui, ceux qui veulent être bons et qui croient en lui. »


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PREMIER DIMANCHE


DE L’AVENT.


L’Évangile de ce dimanche est à peu près le même que celui du vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte.


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DEUXIÈME DIMANCHE


DE L’AVENT.


Jésus avait un cousin qui s’appelait Jean-Baptiste, fils de Zacharie et d’Élisabeth. Jean était un prophète, c’est-à-dire que Dieu lui avait permis de connaître l’avenir et de l’annoncer aux hommes. Un méchant roi nommé Hérode l’avait fait mettre en prison à la prière d’une mauvaise femme nommée Hérodiade, qui détestait Jean parce qu’il lui avait reproché sa mauvaise conduite. Jean était donc en prison ; ses disciples venaient le voir souvent et lui racontaient les miracles de Jésus. Alors Jean dit à deux de ses disciples : « Allez trouver Jésus et demandez-lui de ma part s’il est le Jésus, le Sauveur, le Dieu que nous attendons et dont j’ai annoncé l’arrivée, ou bien si nous devons en attendre un autre ? » Les disciples de Jean partirent, trouvèrent Jésus et lui firent la demande dont Jean leur maître les avait chargés. Jésus leur dit de le suivre pendant quelque temps et il fit beaucoup de miracles devant eux. Alors il leur dit : « Allez raconter à Jean ce que vous avez vu et entendu ; dites-lui que les aveugles voient clair, que les boiteux marchent droit, que les lépreux se portent bien, que les sourds entendent, que les morts ressuscitent, c’est-à-dire redeviennent vivants. Les bons conseils et la vérité sont donnés aux pauvres, qui faisaient souvent mal sans le savoir, parce que personne ne leur enseignait la loi de Dieu. Bienheureux ceux qui auront confiance en mes paroles et qui ne me prendront pas pour un menteur et un trompeur ! » Les disciples de Jean étant partis pour raconter à leur maître ce qu’ils avaient vu et ce que Jésus leur avait dit, Jésus continua à parler au peuple et dit, en parlant de Jean : « Qu’avez-vous été voir dans le désert où était Jean ? Était-ce un roseau agité par le vent ? Mais ce n’est pas pour cela que vous alliez dans le désert ; qu’alliez-vous donc y voir ? Était-ce un homme vêtu richement et chaudement ? Les hommes qui sont ainsi habillés ne vivent pas dans le désert ; ils vivent dans les maisons des rois. Mais qu’êtes-vous donc allés voir ? Était-ce un Prophète ? Oui, c’est un Prophète, je vous l’assure, et plus qu’un Prophète, car c’est de lui que Dieu a dit : « J’envoie mon Ange au-devant de mon Fils, afin qu’il annonce son arrivée et qu’il lui prépare le chemin. »


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TROISIÈME DIMANCHE


DE L’AVENT.


Les Juifs, sachant que Jean annonçait la venue de Jésus, Fils de Dieu, lui envoyèrent des prêtres et des lévites pour lui dire : « Qui êtes-vous ? êtes-vous vous-même le Christ que vous annoncez ? » Jean leur répondit : « Je ne suis pas le Christ. — Êtes-vous Élie le Prophète ? — Je ne suis pas Élie. — Êtes-vous Prophète ? — Non. — Qui êtes-vous donc ? dites-le-nous pour que nous puissions faire une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dites-vous de vous-même ? Qui pouvez-vous être, si vous n’êtes ni le Christ, ni Élie, ni même un Prophète ? — Je suis, dit Jean, la voix qui annonce la venue du Christ ; je suis celui qui précède le Sauveur des hommes, celui qui vous avertit que le temps prédit par le Prophète Isaïe est venu. » Ces gens qu’on avait envoyés à Jean étaient des Pharisiens, qui ne voulaient pas croire à la venue du Christ, Sauveur des hommes et Roi du ciel. Ils dirent à Jean : « Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Élie, ni un Prophète ? » Jean répondit : « Moi, je baptise dans l’eau ; mais il y en a un, celui que j’annonce, celui que vous ne connaissez pas, celui qui viendra après moi, qui baptisera dans le Saint-Esprit, c’est-à-dire qui lavera tous les péchés des hommes. Celui-là est plus ancien que moi, car il a toujours été, car il est Dieu ; et moi je suis si petit près de lui, que je ne suis pas digne de délier les cordons de ses souliers. » Les Pharisiens s’en allèrent sans rien dire. Jean était alors dans le pays de Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, qui était une grande rivière dans laquelle Jean baptisait.


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QUATRIÈME DIMANCHE


DE L’AVENT.


La quinzième année du règne de Tibère-César, empereur des Romains, Ponce-Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode était Pétrarque ou sous-gouverneur de la Galilée, Anne et Caïphe étaient grands-prêtres des Juifs. C’est pendant cette année que Dieu parla à Jean, fils de Zacharie et d’Élisabeth, et lui commanda d’aller dans toutes les villes et dans tous les villages qui sont aux environs du Jourdain, pour prêcher le repentir des péchés commis, le pardon des péchés par le baptême et par la pénitence et pour annoncer la venue du Sauveur des hommes, de Jésus. Le Prophète Isaïe avait écrit longtemps auparavant : « On entend la voix de celui qui crie : Préparez le chemin du Seigneur, rendez-le-lui plus facile en abaissant les montagnes d’orgueil des hommes, en remplissant les vallées du mal creusées par le péché, en redressant les chemins tortus de l’entêtement et de l’obstination. Alors tous les hommes verront Dieu leur Sauveur. » Et quand Dieu dit tout cela à Jean, Jean partit tout de suite pour exécuter les ordres de Dieu, laissant son père Zacharie et sa mère Élisabeth.


  1. Ici on baise la terre.
  2. L’Évangile de ce jour étant presque le même que le précédent, nous avons mis en sa place le chapitre des Actes des Apôtres, qui fait l’Épître de ce jour.