Librairie de L. Hachette et Cie (p. 240-242).

XC

LE PHARISIEN ET LE PUBLICAIN.



Notre-Seigneur, après avoir prédit ce qui se passerait au temps de sa Passion, et avoir prophétisé les terribles événements de la fin du monde et des temps à venir, dit cette parabole à ceux qui le suivaient pour leur faire voir qu’il ne fallait pas avoir bonne opinion de soi-même et du mépris pour les autres.

« Deux hommes, dit-il, montèrent au Temple pour prier : l’un était Pharisien et l’autre Publicain. Le Pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même, disant : « Mon Dieu, je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, injustes, trompeurs ; ni comme ce Publicain. Je jeûne deux fois la semaine, et je donne aux pauvres la dixième partie de tout ce que je possède. »

« Et le Publicain, se tenant à l’écart, à la porte du Temple, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, disant : « Mon Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur. »

« Je vous le dis, celui-ci s’en alla pardonné dans sa maison, et non pas l’autre ; car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. »

Quelques-uns lui amenaient des petits enfants pour qu’il

Le Pharisien et le Publicain
Le Pharisien et le Publicain


les touchât ; ce que voyant, les disciples les renvoyaient. Mais Jésus, les appelant, leur dit :

« Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les empêchez pas ; car le Royaume de Dieu est à celui qui leur ressemble. En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque ne se fera pas semblable à un enfant n’entrera pas dans le Royaume des Cieux. »

Jacques. Mais, Grand’mère, vous, par exemple, vous ne pouvez pas devenir comme un petit enfant ; vous ne pourrez donc pas entrer dans le Ciel, ni aucune grande personne ?

Grand’mère, souriant. J’espère bien y entrer, mon enfant. Jésus veut parler de l’innocence d’un enfant, et non pas de son âge ; il veut que nous devenions purs de tout mal, innocents comme les petits enfants.

Petit-Louis. Et moi, est-ce que je suis pur de tout mal ?

Grand’mère. Oui, mon pauvre petit ; tu es un petit innocent.

— Et moi, et moi ? s’écrièrent à la fois Armand, Valentine, Louis, Jacques, Jeanne et Henriette.

Grand’mère. Les enfants sont innocents et purs de tout péché jusqu’à l’âge de raison, mes chers petits ; et on appelle âge de raison, l’état d’un enfant qui a déjà assez de raison et de force de volonté pour résister aux tentations et pour éviter le péché, au moins les péchés graves ; ainsi, ceux de vous qui ont l’âge de raison doivent se confesser du mal qu’ils ont fait, pour en recevoir l’absolution, c’est-à-dire le pardon du prêtre, et pour retrouver ainsi leur innocence. Ordinairement, c’est à l’âge de sept ans que l’on a l’âge de raison.

Notre-Seigneur ayant été interrogé par les Juifs sur ce qu’il était, et leur ayant clairement dit encore qu’il était Fils de Dieu, envoyé par son Père pour sauver ceux qui croiraient en lui et qui obéiraient à ses commandements ; que lui et son Père ne faisaient qu’un ; les Juifs, indignés de ce prétendu blasphème, prirent des pierres pour le lapider, mais il leur échappa sans qu’ils aient pu le saisir.