Librairie de L. Hachette et Cie (p. 23-25).

VII

LA PURIFICATION DE LA SAINTE VIERGE.



Après le départ des Mages, le temps arriva où, selon la loi de Moïse, Marie dut aller à Jérusalem pour présenter l’Enfant Jésus au Temple et offrir un sacrifice. Joseph et Marie étaient pauvres ; ils n’offrirent que deux tourterelles ; les gens riches offraient un agneau.

Louis. Pourquoi offrait-on des tourterelles ou des agneaux ? À qui les offrait-on ?

Grand’Mère. On les offrait à Dieu, parce que d’après la loi juive, tous les hommes appartenaient au Seigneur ; et les parents devaient racheter l’enfant, pour pouvoir le garder et l’élever au lieu de le laisser pour le service du Temple ; c’est pourquoi on apportait aux grands prêtres des tourterelles ou un agneau ; le grand prêtre les tuait et les offrait au Seigneur comme un sacrifice qui devait lui être agréable.

Armand. Et ce n’était pas vrai, n’est-ce pas, Grand’mère !

Grand’mère. Si fait ; le bon Dieu aimait ces sacrifices parce qu’on les faisait pour obéir à la loi et que le bon Dieu aime l’obéissance.

Élisabeth. Et pourquoi le bon Dieu avait-il ordonné des sacrifices ? et comment le sang de ces pauvres bêtes pouvait-il lui être agréable ?

Grand’mère. Il ne lui était pas agréable par lui-même ; mais seulement parce qu’il figurait le sacrifice divin de la croix, par lequel Jésus son fils devait nous sauver un jour.

Le jour où la sainte Vierge et son mari Joseph apportèrent l’Enfant Jésus au temple de Jérusalem, il s’y trouvait un vieillard nommé Siméon, qui était un homme juste et obéissant à la loi de Dieu ; le Saint-Esprit lui avait promis qu’il verrait le Christ, le Messie, le Fils de Dieu, avant de mourir. Et lorsque L’Enfant fut apporté dans le Temple, le Saint-Esprit apprit à Siméon que cet enfant était le Christ, promis pour sauver les hommes de la méchanceté du démon.

Siméon prit l’Enfant Jésus dans ses bras et commença à bénir Dieu, en disant :

« À présent, Seigneur, vous me laisserez mourir en paix, car mes yeux ont vu le Seigneur que vous envoyez dans le monde pour racheter les hommes. »

Siméon continua à dire de très-belles choses sur l’Enfant Jésus et sur sa Mère. Et une vieille femme nommée Anne la prophétesse, fille de Phanuel, veuve et âgée de quatre-vingt-quatre ans, entra dans le Temple pendant que Siméon prophétisait. Elle aussi se mit à louer le Seigneur et à parler de l’Enfant Jésus comme de celui qu’attendaient les Juifs pour les délivrer du démon.

Valentine. Grand’mère, comment le Saint-Esprit a-t-il fait pour apprendre à Siméon que Jésus était le Messie ?

Grand’mère. Il le lui a fait comprendre sans parler, simplement en voulant qu’il comprît.

Jacques. Mais comment c’est-il possible ? Comment Siméon a-t-il fait pour entendre puisque le Saint-Esprit ne disait rien ?

Grand’mère. C’est tout aussi possible au Saint-Esprit, qui est Dieu tout-puissant avec le Père et le Fils, qu’il est possible à toi, de penser à une personne absente, ou de te souvenir d’une chose dont personne ne te parle. Et puis, nous autres à qui le bon Dieu n’a pas accordé des grâces pareilles, nous ne pouvons comprendre comment ces choses se passent entre Dieu et les âmes des saints.