Librairie de L. Hachette et Cie (p. 110-113).

XXXIX

JÉSUS PARLE DE JEAN-BAPTISTE.



Lorsque les envoyés de Jean-Baptiste furent repartis, Notre-Seigneur commença à parler de Jean au peuple et leur dit :

« Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un Prophète ? — Oui, je vous le dis, et plus qu’un Prophète. C’est de lui qu’il est écrit : J’envoie mon Ange devant ta face pour préparer le chemin devant toi. »

Armand. Comment ? La face de qui ? Et le chemin devant qui ?

Grand’mère. La face ou la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et saint Jean-Baptiste, l’Ange, c’est-à-dire l’Envoyé, pour annoncer la venue de Notre-Seigneur et préparer ainsi le chemin devant lui, préparer les esprits à croire en lui, en sa Divinité.

Jésus reprocha ensuite aux Pharisiens et aux Docteurs de la loi d’avoir méprisé ses paroles, d’avoir nié ses miracles, de n’avoir pas voulu reconnaître sa Divinité, et de repousser tout ce qui est vérité.

« Car, dit-il, Jean est venu, ne mangeant point de pain, et ne buvant pas de vin, et vous avez dit : Il est possédé du démon. »

Henriette. De quoi vivait-il donc ?

Grand’mère. Il vivait, comme je vous l’ai dit, ce me semble, de miel sauvage et de sauterelles ; il était vêtu d’étoffe de poil de chameau très-rude et grossière ; il dormait sur la terre ou sur les pierres, il marchait pieds nus ; enfin il menait une vie très-dure et très-mortifiée. C’est pourquoi Notre-Seigneur dit aux Juifs qui l’entouraient : que lorsqu’ils eurent vu saint Jean mener une vie si austère, si rude, ils le crurent possédé du démon.

« Le Fils de l’Homme, continua Jésus, est venu mangeant et buvant, et vous dites : C’est un homme qui aime le vin et la bonne chère, et qui est un ami des Publicains et des pécheurs. »

Notre-Seigneur faisait voir ainsi aux Juifs et aux Pharisiens qu’ils blâmaient tout ce qui était bien, de quelque côté que cela vînt, aussi bien les leçons de douceur et d’indulgence qui venaient de lui, que les exemples de sévérité qui venaient de saint jean-Baptiste. Et il dit encore :

« Je vous bénis, ô mon Père, Seigneur du Ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces mystères aux sages et aux savants, tandis que vous les avez fait connaître aux simples et aux petits. Oui, je vous bénis, ô mon Père, de ce que telle a été votre volonté. »

Madeleine. De quels mystères parle Notre-Seigneur, et qui appelle-t-il les simples et les petits ?

Grand’mère. Les mystères dont parle Notre-Seigneur sont ceux de sa Divinité et de sa venue sur la terre pour racheter les hommes. Les simples et les petits sont ses Apôtres, ses disciples, gens pauvres et ignorants, qui étaient pourtant plus réellement éclairés et instruits que les sages et les savants orgueilleux. Notre-Seigneur ajoute :

« Venez tous à moi, vous qui souffrez et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. »

Louis. Comment chargés ? de quoi chargés ?

Grand’mère. Chargés de peines, de souffrance, de tristesse, et aussi chargés de péchés dont le souvenir donne le repentir et le remords, et rend malheureux. Alors, quand on a recours à Notre-Seigneur, quand on le prie, quand on lui demande du soulagement, il soulage, il console ; il donne de la force, de la patience, de la résignation ; voilà comment il soulage et comment il nous décharge du poids de nos peines, de nos misères qui nous écraseraient et nous rendraient malheureux. Aussi Notre-Seigneur dit encore : « Soumettez-vous à mon joug, c’est-à-dire à ma volonté, à ma puissance ; apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; et votre âme trouvera la paix. Car mon joug est doux et mon fardeau est léger. »

Élisabeth. Comment l’âme trouvera-t-elle la paix si on souffre, si on est malheureux ?

Grand’mère. L’âme trouvera la paix et le bonheur en obéissant au bon Dieu, en se soumettant à sa volonté, et en acceptant les malheurs comme des choses bonnes et utiles, puisque lorsqu’on souffre avec Jésus et pour Jésus, on se prépare un grand bonheur dans le Ciel. Notre-Seigneur, qui nous aime, permet pour notre bien que nous soyons affligés, puisque les souffrances de cette vie expient les péchés que nous avons commis.