Évangile d’une grand’mère/118
CXVIII
JÉSUS CHEZ CAÏPHE.
Le Fils de Dieu resta peu de temps chez Anne. Caïphe, contrairement à la loi, avait rassemblé au milieu de la nuit le Conseil des Princes des Prêtres, au nombre de vingt-trois. Il fit avertir Anne, et Jésus fut conduit devant le Conseil pour être jugé.
Ces juges impies, qui ne cherchaient pas du tout à savoir la vérité, mais qui voulaient seulement avoir un prétexte pour condamner celui qu’ils haïssaient, avaient payé de faux témoins ; ils se présentèrent et accusèrent Notre-Seigneur ; mais leurs témoignages se contredisaient trop grossièrement pour avoir quelque apparence de vérité.
« Tu ne réponds rien à ceux qui t’accusent ? » lui demanda le Grand Prêtre impatienté du calme et du silence de Jésus.
Mais Notre-Seigneur gardait le silence.
« Je t’adjure au nom de Dieu, de nous dire si tu es le Christ, Fils du Dieu très-saint. »
Notre-Seigneur, qui n’avait pas parlé jusqu’alors, répondit à la demande que lui adressait Caïphe au nom de Dieu.
« Oui, tu l’as dit, je le suis. Et vous verrez le Fils de l’Homme à la droite de la majesté de Dieu, apparaître dans les nuées du Ciel.
— Qu’avons-nous besoin d’autres témoignages contre lui ? s’écria alors le Grand Prêtre en déchirant ses vêtements. Vous venez d’entendre son blasphème.
Louis. Pourquoi ce méchant Caïphe a-t-il déchiré ses vêtements ?
Grand’mère. Parce que, chez les Juifs, c’était la manière d’exprimer une grande indignation ou une grande désolation. En cette occasion, c’était seulement de l’hypocrisie.
« Il mérite la mort ! » crièrent-ils tous à la fois.
Et se jetant sur le Sauveur avec les soldats et les valets, ils se mirent à le frapper, à lui cracher ou visage.
On le traîna tout garrotté dans une des prisons du palais ; le visage adorable de Jésus meurtri et souillé, fut couvert d’un linge sale comme d’un voile, et les misérables qui le frappaient se moquaient de lui en disant : Christ, prophétise-nous, et devine qui t’a frappé. »
Jésus fut insulté de la sorte pendant plusieurs heures.