Librairie de L. Hachette et Cie (p. 35-37).

XI

SAINT JEAN-BAPTISTE.



Vous vous rappelez, mes enfants, qu’Élisabeth, la mère de Jean-Baptiste, l’avait mené et caché dans le désert, pour que le méchant Roi Hérode, et, plus tard, le méchant Archélaüs, fils d’Hérode, ne pussent pas le trouver et le faire mourir.

Jacques. Mais le pauvre petit Jean-Baptiste ne leur avait rien fait ? Pourquoi l’auraient-ils fait mourir ?

Grand’Mère. Parce qu’Hérode et Archélaüs avaient toujours peur que le Roi dont leur avaient parlé les Mages n’eût pas été tué dans le Massacre des Innocents ; et comme saint Jean-Baptiste était au-dessus de tous les enfants par son intelligence, sa sagesse, et par les miracles qui avaient accompagné sa naissance, Élisabeth et Zacharie avaient peur qu’Hérode ne le prît pour ce Christ-Roi qu’il craignait, et qu’il ne le fît mourir. C’est pourquoi Élisabeth le laissa dans le désert, dans une grotte où elle lui portait tout ce qui lui était nécessaire.

À mesure qu’il grandissait, il devenait de plus en plus saint et il faisait de grandes pénitences. Il priait continuellement, et il ne vivait que de sauterelles et de miel sauvage. Devenu homme et âgé de près de trente ans, il sortit du désert et il commença à parcourir le pays, pour annoncer la venue de Jésus. Il parlait admirablement du bon Dieu, du Paradis, de l’Enfer, de la nécessité de faire pénitence, et il annonçait à tous les hommes le Sauveur qui allait venir ; beaucoup de gens venaient l’entendre et le voir ; il les engageait à devenir bons, à se repentir de leurs péchés, et il baptisait dans l’eau du Jourdain tous ceux qui le lui demandaient.

Louis. Qu’est-ce que c’est, le Jourdain ? Et comment Jean-Baptiste baptisait-il ?

Grand’mère. Le Jourdain est un fleuve qui coule à quelques lieues de Jérusalem. Jean-Baptiste faisait entrer dans le Jourdain ceux qui voulaient être baptisés, et il leur versait sur la tête de l’eau du fleuve, en signe de la pureté de cœur qu’ils devaient avoir.

Valentine. Mais ils pouvaient se noyer dans le Jourdain ?

Grand’mère. Non, parce qu’il y avait peu d’eau au bord ; on en avait jusqu’aux genoux à peine.

Le peuple qui entourait Jean-Baptiste lui demandait des conseils pour devenir bon, et Jean disait aux riches :

« Que celui qui a plusieurs habits en donne un à celui qui n’en a pas ; et que celui qui a trop, donne à celui qui a faim. »

Et aux Publicains qui venaient lui demander conseil, il disait : « Ne faites pas payer plus d’argent qu’on ne doit vous en payer. »

Henriette. Je ne comprends pas bien, Grand’mère. Qu’est-que c’est, des Publicains ? et qu’est-ce qu’ils faisaient payer ?

Grand’mère. Les Publicains étaient des gens chargés par les Romains, maîtres de la Judée et des Juifs, de faire payer les impôts, c’est-à-dire l’argent que chacun devait donner au gouverneur pour l’entretien de routes, des ponts, pour maintenir l’ordre, et pour en envoyer à Rome, à l’Empereur. Très-souvent, les Publicains faisaient payer plus qu’on ne devait, et personne ne pouvait les souffrir à cause de cela : les Juifs les appelaient des voleurs. Voilà pourquoi Jean-Baptiste leur disait de ne pas faire payer plus qu’on ne leur devait. Les soldats lui demandaient aussi ce qu’ils devaient faire.

« N’employez pas les coups ni la violence pour vous faire donner ce qu’il vous faut, et ne demandez pas plus qu’il ne vous faut, » leur répondait Jean.

Le peuple trouvait Jean-Baptiste si bon, si vertueux, si admirable, qu’il croyait voir en lui le Christ ; le Messie promis qu’on attendait alors, d’après ce qu’avaient annoncé les Prophètes. Mais Jean leur dit :

« Moi, je baptise seulement dans l’eau ; mais vous allez en voir un autre plus puissant que moi, qui vous baptisera dans le Saint-Esprit. Et moi, je ne suis rien auprès de lui ; je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure. »

Le Roi Hérode, fils de l’ancien Hérode et successeur de son frère Archélaüs, voulut le connaître ; Jean-Baptiste, bien loin de le flatter et de le complimenter, lui fit souvent des reproches de la vie méchante qu’il menait. Hérode se fâchait ; il n’osait pourtant lui faire de mal, parce qu’il le craignait à cause de sa vertu et de la grande réputation qu’il avait parmi le peuple.