Études et Préludes (1901)/« Parle-moi, de ta voix pareille à l’eau courante »

Pour les autres éditions de ce texte, voir « Parle-moi, de ta voix pareille à l’eau courante ».

Études et PréludesAlphonse Lemerre. (p. 19-20).


SONNET


Parle-moi, de ta voix pareille à l’eau courante,
Lorsque en moi s’est lassé le souffle des aveux.
Dis-moi des mots railleurs et cruels si tu veux,
Mais enveloppe-moi de la phrase enivrante.

De ce timbre voilé qui m’attriste et m’enchante,
Lorsque mon front s’égare en tes vagues cheveux,
Exprime tes espoirs, tes regrets et tes vœux,
Ô mon harmonieuse et musicale amante !


Et je t’écouterai comme on écoute un chant,
Sans presque te comprendre et sans rêver… cherchant
Sinon le frais oubli, du moins la somnolence.

Car si tu t’arrêtais, ne fût-ce qu’un moment,
J’entendrais… : j’entendrais au profond du silence
Quelque chose d’affreux qui pleure horriblement.