Études et Préludes (1901)/« L’ombre assourdit le flux et le reflux des choses »

Pour les autres éditions de ce texte, voir « L’Ombre assourdit le flux ».



SONNETS


I.


L’ombre assourdit le flux et le reflux des choses.
Parmi l’accablement des parfums et des fleurs,
Tes lèvres ont pleuré leurs rythmiques douleurs
Dans un refrain mêlé de sanglots et de pauses.

Et la langueur des lits, la paix des portes closes,
Entourent nos désirs et nos âpres pâleurs…
Dédaignant la lumière et le fard des couleurs,
Nous mêlons aux baisers le soir trempé de roses.


Tes yeux aux bleus aigus d’acier et de cristal
S’entr’ouvrent froidement, ternis comme un métal ;
Le ciel s’est recouvert d’une brume blafarde.

Effleurant ton sommeil opprimé sous le faix
Des ivresses, la lune aux longs reflets s’attarde
Sur la ruine d’or de tes cheveux défaits.