États-Unis. Sociétés de tempérance


ÉTATS-UNIS.

SOCIÉTÉS DE TEMPÉRANCE.

Les États-Unis ont les premiers donné l’exemple de l’établissement de sociétés de tempérance, et il est aujourd’hui peu de villes qui n’en possède au moins une. Cet exemple vient d’être imité en Écosse et en Irlande, où l’on en compte déjà plusieurs. À Stirling, en Écosse, il a été nommé un comité, composé de cinq ecclésiastiques, d’un médecin et de plusieurs laïques, pour décider s’il ne serait pas opportun d’y fonder une société semblable. Le docteur Edgar, professeur de théologie au collége de Belfast, en Irlande, a publié récemment un traité sur l’intempérance, qui a eu pour résultat la formation de deux de ces sociétés en Irlande. Il y expose que tandis que la moitié des quakers de Londres atteignent l’âge de quarante-sept ans, le huitième des habitans meurt avant leur troisième année ; qu’un quaker sur dix arrive à quatre-vingts ans, et qu’à peine un sur quarante dans le reste de la population a le bonheur de vivre jusqu’à cet âge. L’abstinence de toute liqueur spiritueuse est, suivant M. Edgar, le seul moyen de remédier à cet état de choses. Il cite à l’appui de cette assertion, les heureux effets produits en Amérique par les sociétés de tempérance. Dans un endroit dit-il, trois propriétaires de distilleries renoncèrent à cette branche d’industrie, à leur suggestion. Dans un autre, le nombre des tavernes fut réduit de dix à deux. La consommation d’eau-de-vie qui, en 1824, était de 8,056 gallons à Reichertown, ne fut en 1828, que de 2,097, grâce aux efforts de la société de tempérance de cette ville. Le professeur recommande de substituer aux liqueurs spiritueuses, le thé, le café, le chocolat, etc. Il désirerait aussi qu’on payât les ouvriers un autre jour que le samedi. À Glasgow, la police a avisé à un moyen assez cruel de punir les ivrognes ; c’est de raser la tête à ceux qu’elle rencontre sur la voie publique dans un état d’insensibilité.

Le célèbre évêque catholique Doyle vient aussi de publier une excellente lettre sur les sociétés de tempérance. Il est jaloux, dit-il, d’encourager tout ce qui a pour but d’assurer l’empire de la raison sur les passions, et d’aider la vertu dans la guerre qu’elle fait au vice. Il approuve les motifs qui ont présidé à la formation de ces sociétés, mais il pense que sous un climat comme celui de l’Inde, et dans l’état actuel surtout, il est impossible d’abolir entièrement l’usage des liqueurs spiritueuses. On pourrait, ajoute-t-il, en modérer l’abus, si le chancelier de l’échiquier, plus désireux de conserver les bonnes mœurs que d’accroître son revenu, supprimait la taxe de la drèche et de la bière, et augmentait celle des liqueurs ardentes. Jusque là, continue M. Doyle, les membres des sociétés de tempérance auront à lutter contre les ivrognes, les cabaretiers, les épiciers, les distillateurs, les mauvais plaisans, les beaux esprits, les oisifs de toute espèce, et les ennemis des innovations, même de celles qui tendent à l’anéantissement du vice.