État des fermiers de la Grande-Bretagne

ÉTAT DES FERMIERS DE LA GRANDE-BRETAGNE.

Il n’est pas de sujet d’économie sociale plus important que celui qu’on est convenu de désigner sous le titre de question agricole. Mais, quoiqu’elle ait été agitée de mille manières et dans tous les sens, et qu’il ait été bien démontré que la prospérité des fermiers et de chaque classe de la communauté des habitans, est une et indivisible, cependant il ne paraît pas que la condition réelle des fermiers de la Grande-Bretagne soit bien connue. Le Farmer’s Magazine, pour en donner une idée, trace l’histoire de la position du fermier anglais, depuis quarante ans ; il établit qu’avant 1793, sa situation était stable et prospère, mais que les secousses causées par la révolution française et la conflagration générale qui en fut la suite, vinrent tout-à-fait changer cet état de choses, en rendant incertaines les transactions commerciales et les entreprises industrielles ; en faisant hausser le prix du blé, et par conséquent, accroître le nombre des pauvres, enfin, en augmentant continuellement, et hors de toute proportion, les taxes de tout genre. Il en est résulté que, depuis la fin de la guerre, les rentes et les taxes étant restées à un taux aussi élevé, et les produits ayant baissé de valeur, la position des fermiers a décliné graduellement, et s’est embarrassée de mille difficultés. L’auteur de l’article du Farmer’s Magazine, conclut de ces observations, qu’un dérangement s’est introduit dans l’organisation de la société en ce qui touche la valeur relative de la propriété et du travail ; et que, tandis que le commerçant peut, sans risque matériel, retirer 20 à 25 pour cent et au moins 10 sur des objets qui ne font que passer entre les mains, pendant que le manufacturier, à l’aide de ses machines, fait mouvoir tout son capital deux ou trois fois par an, le fermier, avec toutes les dépenses et tous les risques causés par les saisons fâcheuses, et sous le poids de charges locales toujours croissantes, ne peut réaliser plus de cinq pour cent de son capital.

B. M.