1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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VII. — AU PEUPLE ROMAIN.


Impies, où courez-vous ? Pourquoi avez-vous en main ces épées rengainées naguère ? Trop peu de sang Latin a-t-il été versé dans les plaines et sur la mer ? Non pour que le Romain brûlât les superbes citadelles de l’envieuse Carthago, pour que le Breton, inattaqué jusque-là, descendît, enchaîné, la Voie Sacrée ; mais pour que cette Ville, selon le vœu des Parthes, pérît de sa propre main ! Telle n’a jamais été la coutume des loups et des lions entre eux. Est-ce fureur aveugle, violence irrésistible, expiation ? Répondez. — Ils se taisent, et la pâleur livide couvre leurs visages, et leur esprit est frappé de stupéfaction. La chose est telle : d’affreuses destinées contraignent les Romains. C’est l’expiation du meurtre fraternel, depuis que, fatal à ses descendants, le sang de Rémus innocent a coulé sur cette terre.