Épitres
Traduction par Collectif dont C.-L.-F. Panckoucke.
Texte établi par Charles-Louis-Fleury PanckouckeC.L.F. Panckoucke (2p. 229).

ÉPITRE IV. À ALBIUS TIBULLUS.

Albius, juge toujours sincère de nos écrits, que fais-tu maintenant dans les champs de Pedum ? composes-tu quelque ouvrage qui doive effacer ceux de Cassius, que vit naître Parme ? ou bien, errant en silence au milieu de la fraîcheur salutaire des forêts, médites-tu sur les devoirs du sage et de l'homme de bien ?

Ce n'est pas toi qui fus jamais un corps sans âme. Les dieux t'ont donné la beauté; ils t'ont donné la richesse, et avec elle l’art d'en jouir. Que pourrait souhaiter de plus une tendre nourrice à son enfant chéri, que la sagesse et le talent de bien dire, l'amabilité, la gloire, la santé avec profusion, et une douce existence assurée par une fortune honnête ?

Au milieu des alternatives d'espérances et de tourments, de craintes et d'emportements, ne perds pas de vue que chaque jour qui luit peut être ton dernier jour. Ainsi te paraîtra délicieuse toute heure de la vie sur laquelle tu n'auras point compté.

Lorsque tu auras envie de rire, viens me voir ; tu me trouveras gras et brillant des soins que je donne à ma personne ; tel, en un mot, qu'un pourceau du troupeau d'Épicure.