Épitres (Horace, Leconte de Lisle)/I/4

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Épitre IV. — À ALBIUS TIBULLUS.


Albius, juge sincère de mes œuvres, que fais-tu maintenant du côté de Pédum ? Veux-tu surpasser les opuscules de Cassius de Parma ? ou bien erres-tu en silence dans les bois salubres, méditant des pensées dignes du sage et de l’homme de bien ? Tu n’as pas seulement le corps sans l’âme. Les Dieux t’ont donné la beauté, les richesses et l’art d’en jouir. Que peut souhaiter de plus une nourrice à son cher nourrisson que d’être sage, de bien exprimer ce qu’il pense, d’avoir la faveur, la réputation, la santé, une vie délicate et suffisamment d’argent ? Entre l’espérance et le souci, la crainte et la colère, crois que chacun de tes jours est le dernier. L’heure qui viendra par surcroît, et qui n’est pas espérée, sera la bienvenue. Quand tu voudras rire, viens me voir gras, fleuri, la peau soignée, un vrai pourceau du troupeau d’Épicurus.