Épilogue (Verlaine, posthume)
ÉPILOGUE
Ainsi donc, adieu, cher moi-même,
Que d’honnêtes gens m’ont blâmé,
Les pauvres ! d’avoir trop aimé,
Trop flatté (dame, quand on aime !).
Adieu, cher moi, chagrin et joie
Dont j’ai, paraît-il, tant parlé
Qu’on n’en veut plus, que c’est réglé !
Désormais faut que je me noie
Au sein — comment dit-on cela ? —
De l’Art Impersonnel, et, digne,
Que j’assume un sang-froid insigne
Pour te chanter, ô Walhalla,
Pour, Bouddha, célébrer tes rites
Et vos coutumes, tous pays !
Et, le mien de pays, ô hisse !
Dire tes torts et tes mérites,
Et dans des drames palpitants,
Parmi des romans synthétiques
Ou bien, alors, analytiques,
M’étendre en tropes embêtants !
Adieu, cher moi-même en retraite :
C’est un peu déjà du tombeau
Qui nous guigne à travers ce beau
Projet vers l’art de seule tête,
Adieu, le Cœur ! Il n’en faut plus :
C’est un peu déjà de la terre
Sur la Tête… et son art… austère,
Que ces « adieux irrésolus.
Mars 1895.