Épigrammes (Martial)/1841/Préface 2

Traduction par Constant Dubos.
Chapelle (p. 51).

LIVRE SECOND.



ÉPITRE A DÉCIANUS.


Je crois t’entendre me dire : Que me veux-tu avec ton épître ? N’est-ce donc point assez que j’aie la complaisance de lire tes épigrammes ? Et d’ailleurs, que peux-tu me dire ici que tu ne puisses aussi bien me dire dans tes vers ? Que les poètes tragiques mettent des prologues en tête de leurs pièces, on le conçoit, puisqu’ils ne parlent pas en leur nom ; mais des épigrammes n’ont pas besoin d’un interprète, et savent très-bien s’expliquer elles-mêmes dans leur langage satirique. Chaque page, à la volonté de l’auteur, devient une épître. Épargne-toi donc, je te le conseille, un ridicule ; et ne jette point un manteau sur les épaules d’un danseur. Enfin, vois s’il est à propos pour toi de te mesurer, armé seulement d’une épée de bois, contre le trident du rétiaire. Pour moi, je me range parmi ceux qui déclarent le combat inégal.

— Par Hercule, Décianus, tu dis vrai ! tu ne sais pas avec quelle longue et terrible épître tu allais avoir affaire ! Ainsi donc, soit fait comme tu le désires ! Ceux entre les mains de qui tombera ce livre, t’auront l’obligation de ne point arriver fatigués à la première page.