Épaves (Prudhomme)/Rien n’importe que l’Amour
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RIEN N’IMPORTE QUE L’AMOUR
Je ne sais pourquoi ma pensée
A mis dans sa lutte insensée
Avec l’âpre Inconnu, qui reste son vainqueur,
L’unique emploi, l’unique idéal de la vie,
Puisqu’il suffit qu’au monde une enfant me sourie
Pour me remplir le cœur !
Et je ne sais pourquoi j’aspire
Au stoïque et sublime empire
Que prend ta volonté, Zénon, sur la douleur ;
Me rendre invulnérable ! absurde vœu, folie !
Puisqu’il suffit, hélas ! que cette enfant m’oublie
Pour me briser le cœur…
1862.
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