Épaves (Prudhomme)/Deuil de Cœur
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DEUIL DE CŒUR
Quand je saurai qu’on vous marie,
Que vous n’avez pour vos amis
Qu’un entretien sans rêverie,
Où le soupir n’est plus permis ;
Qu’après un oui réglé d’avance
Il ne nous restera de vous
Ni la fraîcheur de l’ignorance
Ni votre petit nom si doux ;
Qu’il faudra vous dire : Madame,
Tandis que le maître et seigneur
Vous dira sans façons : Ma femme,
Comme un Orgon de belle humeur ;
Mû de pitié plus que d’envie,
Sur votre tombeau nuptial
Je prendrai pour toute ma vie
Le deuil de mon jeune idéal.
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