Émeutes de Québec de 1918 - Second témoignage d’Émile Trudel, chef de la Police municipale

Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage d’Émile Trudel, chef de la Police municipale
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Second témoignage d’Émile Trudel, chef de la Police municipale[1]


ÉMILE TRUDEL.


ÉMILE TRUDEL, de la cité de Québec, Chef de la Police Municipale, témoin déjà assermenté en cette enquête, comparaît de nouveau et dépose ainsi qu’il suit :


Q. Interrogé par le Coroner :



Q. Voulez vous donner votre version de ces faits-la, sous le même serment que vous avez déjà prêté ?… Vous rappelez-vous de cette circonstance-là, Chef ?


R. Bien, d’après M. Scott, il doit y avoir une certaine erreur dans la transmission du téléphone comme d’habitude. Je n’ai jamais une voix qui change de ton par l’excitation, pas plus dans un temps que dans l’autre. Cela est dû à mon caractère. — Maintenant, pour expliquer la chose, quand la réunion s’est faite, — ce que veut dire M. Scott, sur la place du Pacifique, — comme j’avais été posté pour donner la direction par mon service de signalement, que j’avais au pied de chaque Côte, j’ai téléphoné, — si c’est ce téléphone auquel il veut référer, mentionnant que les troupes, — les manifestants, — étaient réunis dans cette place et, que tout ce qu’il y avait à faire, était de descendre une compagnie, par la Côte de la Montagne et une autre, par la Côte du Palais, et de les encercler comme ça. Jamais de la vie, dans aucun temps, ni là, ni ailleurs, je n’ai dit de tirer dans le monde, jamais. Alors, s’il veut référer à ce téléphone,… je téléphonais toutes les trois minutes, à toutes les phases imaginables, suivant tous les mouvements.


Interrogé par le Major Barclay :


Q. Pourtant, vous avez dit de défendre l’Auditorium, coûte que coûte ?


R. Dans l’intérieur, pour ceux qui seraient monté en haut. parce que, là, j’aurais eu affaire aux manifestants, — mais pas tirer dans la foule. J’aurais dit cela pour ceux qui étaient dans le haut de l’escalier, de les empêcher de monter, coûte que coûte, parce que, là, j’avais affaire rien qu’aux manifestants, — mais à travers la foule, je ne pouvais pas donner cet ordre-là.


Q. Et, si cette foule, parmi laquelle il y avait des femmes et des enfants, tirait sur vous ?


R. C’est rare.


Q. J’espère bien que c’est bien rare, mais, si, par hasard, vous étiez avec vos hommes et qu’on tirerait sur vous plusieurs coups, quels sont vos ordres ?


R. Si on tirait contre moi ?


R. Oui, quels sont vos ordres ?


R. J’essaierais à tirer avant qu’ils puissent tirer sur moi. Lorsque on a affaire avec une foule hostile, …


Q. C’est tout ce que je veux ?


R.…


Et le témoin ne dit rien de plus.


Je soussigné sténographe assermenté
certifie que ce qui précède est la transcription
fidèle de mes notes sténographiques.
Alexandre Bélinge
  1. Titre ajouté par Wikisource pour fin de présentation.