Traduction par Pierre de Nolhac.
Garnier-Flammarion (p. 18-19).

IV. — Le commun des adorateurs dit ainsi pour se faire valoir ; vous savez bien qu’un discours qui leur a pris trente années de travail, ou qui n’est pas toujours leur ouvrage, ils jurent qu’ils n’ont mis que trois jours à l’écrire, en se jouant, ou même à le dicter. Quant à moi, j’ai eu toujours grand plaisir à dire tout ce qui me vient sur la langue.

Vous attendez peut-être, d’après l’usage commun de la rhétorique, que je fasse ma définition en plusieurs points. Non, je ne ferai rien de semblable. Il ne convient pas de limiter ou de diviser l’empire d’une divinité qui règne en tous lieux, et si loin que toute chose sur terre lui rend hommage. Et pourquoi me définir, me dessiner ou me peindre, puisque je suis en votre présence et que vous me contemplez de vos yeux ? Je suis, comme vous le voyez, cette véritable dispensatrice du bonheur que les Latins nomment Stultitia, les Grecs, Moria.