Élégies et poésies nouvelles/Le Secret

ROMANCES.



LE SECRET.


Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre,
Sois là, mais sans parler tâche de me l’apprendre :
Ta voix a des accens qui me font tressaillir !
Ne montre pas l’amour que je ne puis te rendre,
D’autres yeux que les tiens me regardent rougir.

Se chercher, s’entrevoir, n’est-ce pas tout se dire ?
Ne me demande plus par un triste sourire,
Le bouquet qu’en dansant je garde malgré moi :

Il pèse sur mon cœur quand ton cœur le désire,
Et l’on voit dans mes yeux qu’il fut cueilli pour toi.

Lorsque je m’enfuirai, tiens-toi sur mon passage ;
Notre heure pour demain, les fleurs de mon corsage,
Je te donnerai tout avant la fin du jour :
Mais puisqu’on n’aime pas lorsque l’on est bien sage,
Prends garde à mon secret, car j’ai beaucoup d’amour !