Élégies et poésies nouvelles/À M. de Béranger

À M. DE BÉRANGER.

Bon captif, la fée Urgande
A-t-elle oublié vos chants ?
N’est-elle pas assez grande
Pour désarmer les méchans ?
Vers vous, quoique aussi petite,
Un peu tendre, un peu proscrite,
Et frêle comme un roseau,
Je volerais vite, vite,
Si j’étais petit oiseau !

Où se cache l’espérance,

Que vous attiriez des cieux ?
Long-temps elle a sur la France
Semé vos vers gracieux.
Pour la ramener au gîte
Où le puissant qu’elle irrite
Vous cache sous un réseau,
Je volerais vite, vite,
Si j’étais petit oiseau !

Que dit la belle maîtresse,
Qu’on aime à vous voir aimer ?
Pour l’objet de sa tendresse,
Oh ! qu’elle doit s’alarmer !
Comme au réduit qu’elle habite,
Votre image qui l’agite,

Tourne autour de son fuseau,
Je volerais vite, vite,
Si j’étais petit oiseau !