Élégies et Sonnets/Predit me fut, que deuois fermement…

XX


Prédit me fut, que deuoit fermement
Un iour aymer celui dont la figure
Me fut descrite : et sans autre peinture
Le reconnu quand vy premierement :

Puis le voyant aymer fatalement,
Pitié ie pris de sa triste auenture :
Et tellement ie forçay ma nature,
Qu’autant que lui aymay ardentement.

Qui n’ust pensé qu’en faueur deuoit croitre
Ce que le Ciel et destins firent naitre ?
Mais quand ie voy si nubileus aprets,

Vents si cruels et tant horrible orage :
Ie croy qu’estoient les infernaus arrets,
Qui de si loin m’ourdissoient ce naufrage.