Élégies/Élégie septième

Le Deuil des primevères : 1898-1900Mercure de France (p. 44-46).

ÉLÉGIE SEPTIÈME


Dis-moi, dis-moi, guérirai-je
de ce qui est dans mon cœur ?

— Ami, ami, la neige
ne guérit pas de sa blancheur.

Amie qui, dans les larmes, souris
comme un arc-en-ciel dans la pluie,

dis-moi, dis-moi, ô Mamore,
s’il me faudra mourir encore ?

— Es-tu fou moD petit ami ?
Tu le sais… Nous irons en Paradis.

— Ô Mamore, dans le ciel bleu,
dis ? Que diras-tu au Bon-Dieu ?

— Je lui dirai que, sur la terre,
il y a de grandes misères.

— Ô Mamore tant aimée… Dis ?…
Comment sera le Paradis ?

— Il y aura des harpes
d’azur et des écharpes.


— Qu’y aura-t-il encore, Mamore,
au Paradis ? Encore… Encore…

— Ô ami je suis ta Mamore.
Au Paradis il y a notre amour.