École des arts et métiers mise à la portée de la jeunesse/Le Coffretier


Anonyme
Traduction par T. P. Bertin.
L. Duprat-Duverger, libraire (2p. Gravure-20).

Le Coffretier.


LE COFFRETIER.





Les personnes employées dans cette profession font des malles, des coffres, des caisses, des porte-manteaux, des étuis et des nécessaires pour serrer de la vaisselle plate, des couteaux, etc.

Les malles, dont il est beaucoup d’espèces, sont en général faites de planches couvertes en cuir ou avec des peaux de cheval et d’hippopotame, dont le poil est endessus ; elles sont doublées de toile ou de papier.

Il est des malles, comme celle par exemple à laquelle travaille l’ouvrier représenté dans la vignette, qui ont un certain nombre d’équerres servant à leur donner de la solidité. Celles qui sont d’un fini plus achevé sont ornées de plusieurs rangs de têtes de clous de cuivre doré ; telle est celle que l’on voit dans l’angle gauche de la vignette : celle qui se trouve dans l’angle opposé, et qui est représentée ouverte est divisée en plusieurs compartimens et doublée de drap ; elle est destinée à contenir un service complet de vaisselle plate, qui s’envoie ordinairement chez le banquier par les personnes auxquelles elle appartient, lorsqu’elles vont à la campagne : cette mesure de précaution a pour but la sûreté de l’argenterie.

Les malles que l’on voit sur des planches sont destinées à contenir du linge à la maison ou à le transporter en voyage ; elles s’attachent devant ou derrière la voiture avec des courroies de cuir et des boucles ou avec des chaînes.

Il a été pris il y a quelques années à Londres un brevet d’invention pour une nouvelle méthode d’attacher les malles et les valises derrière les chaises de poste, de manière à défier les manœuvres les plus rusées des voleurs, qui, aux approches de la capitale, épient l’arrivée ou le départ des voitures pour en enlever les malles.

Les porte-manteaux et les valises se font en cuir ; on les place dans les voitures ou sur la croupe des chevaux derrière le cavalier ; elles peuvent contenir une très-grande quantité de linge et sont d’un usage très-commode.

Les seaux qui sont suspendus au plafond sont d’un cuir bouilli très-fort ; ils servent à éteindre le feu lorsqu’il a pris à quelque édifice.

La plupart des maisons considérables à la campagne, en Angleterre, ont cinquante ou soixante de ces seaux, ainsi que des pompes à feu en cas d’accident ; mais il arrive ordinairement, par la négligence des domestiques, que, si le feu prend, ni les seaux ni les pompes à feu ne sont en état de préserver l’édifice des flammes.

On élève quelquefois l’eau des puits les plus profonds avec un certain nombre de seaux attachés à une chaîne ou à une corde, et qui, au moyen d’une roue, sont descendus dans l’eau et remontés pleins.

Les coffretiers se servent souvent, pour les ouvrages qui exigent de la propreté, de chagrin, espèce de cuir fait ordinairement d’une peau de poisson, que l’on expose à l’air après l’avoir couverte de graines de moutarde que l’on écrase dessus. Le meilleur chagrin vient de Constantinople ; il est extrêmement dur, mais lorsqu’on l’a fait tremper dans l’eau il devient très-souple et convient parfaitement aux personnes qui font des nécessaires.

Il se revêt de toutes les couleurs que l’on veut lui faire prendre, et a été souvent contrefait avec du maroquin, auquel on donne la ressemblance du chagrin ; mais il s’écaille, ce qui n’arrive jamais au chagrin.

On dit proverbialement qu’un homme s’entend à faire quelque chose comme à faire un coffre, pour dire qu’il ne s’y entend pas du tout.

On dit aussi proverbialement il raisonne comme un coffre, pour dire qu’il raisonne mal. Trousser une malle est une expression proverbiale qui signifie enlever par surprise et promptement.