À travers l’Europe/Volume 1/Deux écoles

P.-G. Delisle (1p. 309-322).

XI

DEUX ÉCOLES.



VOUS retenir plus longtemps dans l’église, lecteurs, serait peut-être faire violence à votre dévotion. Nous irons donc, si vous le voulez bien, prêter l’oreille à d’autres voix de la grande ville, et nous dirigerons tout d’abord nos pas vers le boulevard des Capucines.

Il y a là un cercle renommé et très fréquenté dont les portes s’ouvrent trois fois la semaine. Vous jugerez facilement de l’esprit qui anime ce cercle par les conférences et les conférenciers dont je vais vous parler.

Il est huit heures du soir, et déjà la salle est remplie d’auditeurs des deux sexes qui attendent, et qui ne paraissent pas avoir la vertu dont vous avez besoin pour me lire, la patience.

Le sujet de la conférence annoncée est : Dieu dans l’histoire, et le conférencier c’est M. C..

Vous ne le connaissez pas sans doute, et je ne le connaissais pas non plus quand je l’ai entendu. Mais je l’ai trop connu ce soir là.

Il est auteur de plusieurs ouvrages de linguistique et de philosophie, et ses derniers écrits sont vantés par les journaux de la libre-pensée.

Il y a quinze jours qu’il devait donner cette conférence. Mais au moment où il allait commencer il est soudainement tombé de son siège comme foudroyé. On l’a transporté chez lui, et les médecins n’ont pas bien connu sa maladie. Enfin, il est mieux, et le voilà qui apparaît sur l’estrade.

C’est un grand vieillard, un peu voûté, anguleux et sec. Il est très nerveux, et dans ses premières phrases il hésite et tremble comme un homme qui n’a pas l’habitude de parler en public. Peu à peu cependant il s’affermit, et il s’aventure dans des démonstrations qui exigent de l’audace.

Après avoir affirmé qu’il est grand temps de parler de Dieu parce que dans vingt ans la France sera athée si l’on ne se hâte de lui inculquer cette connaissance salutaire, il déclare que l’histoire seule peut nous enseigner Dieu, parce qu’elle est la seule science certaine. Toutes les autres branches de l’enseignement humain sont plus ou mois hypothétiques. Mais l’histoire qui se compose de faits est certaine.

J’avais toujours pensé que la théologie est la science de Dieu. Mais M. C. relègue cette science au rang des hypothèses. J’avais toujours cru que l’homme a connu Dieu par la révélation. Mais M. C. affirme qu’il est de science historique certaine qu’il n’y a jamais eu de révélation, que les livres de Moïse sont peu antérieurs à Jésus-Christ, et ont été fabriqués par des prêtres juifs pour les besoins de leur autorité ébranlée.

Toute la Bible d’ailleurs est une imitation habile, ou plutôt une copie des livres de Zoroastre et la majeure partie est de date récente.

Mais s’il n’y a pas eu de révélation, et si la Bible est un conte de fée, comment l’homme en est-il venu à croire en Dieu ? M. C. trouve la chose toute simple, et l’histoire — c’est-à-dire son histoire à la main — il raconte ainsi l’origine de Dieu.

L’homme venu sur la terre, on ne sait pas bien comment, il y a quelque cent mille ans, s’est aperçu un jour que c’était le soleil qui faisant croître les fleurs et les plantes, et tout naturellement il en a conclu que ce grand astre devait être le créateur de tout ce qu’il voyait, et que l’homme lui-même s’était formé et développé sous un rayon de soleil. Il a voulu manifester sa reconnaissance, et il a divinisé le soleil.

C’est pourquoi le premier nom de la Divinité fut… je ne sais plus quel mot baroque d’une langue sémitique qui veut dire soleil. Non seulement M. C… nous a prononcé ce mot là — sans doute avec l’accent qu’y mettaient les races sémitiques il y a quarante à cinquante mille ans — mais il nous l’a écrit sur un tableau et nous a montré les transformations que ce mot avait subies pour devenir Théos puis Deus et enfin Dieu.

La conclusion qui découlait de ses prémisses, la voici : ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme, mais c’est l’homme qui a créé Dieu. Dieu est une notion essentiellement progressive qui depuis son apparition dans le monde a pris d’immenses développements, et se perfectionne sans cesse. Ainsi, disait M. C…, il est de science certaine en histoire — c’était la formule qu’il employait toujours pour affirmer les plus flagrants mensonges historiques — il est de science certaine que le Dieu auquel croyait Jésus n’est pas le Dieu auquel nous croyons, à cause de toutes les modifications que dix-huit siècles de progrès ont fait subir à cette croyance.

Ici M. C… s’anima, et je vis des auditeurs nombreux et même des femmes applaudir avec enthousiasme. De dégoût, je pris mon chapeau et je sortis, de sorte que je n’ai pas entendu la conclusion finale de cette savante conférence.

Le lendemain, un de mes amis, professeur à L’Université catholique m’apprit que M. C. était un prêtre apostat. Le pauvre malheureux est mort depuis, laissant une femme et des enfants, hélas ! je dis simplement une femme parce que je ne puis pas appeler veuve celle qui ne pouvait pas être épouse.

C’était la première fois que j’allais au cercle des conférences du boulevard des Capucines, mais j’y retournai la semaine suivante pour entendre M. Francisque Sarcey, rédacteur du XIXe siècle. Cet illustre y donnait une conférence sur la Légende des siècles de Victor Hugo. Le nom du conférencier, sa réputation — car il en a vraiment — et le sujet qu’il allait aborder m’attiraient puissamment ; je connaissais peu M. Sarcey, mais je vous avouerai que malgré moi j’ai toujours eu un faible pour le génie poétique de Victor Hugo, qui me parait merveilleux.

Pour la seconde fois je me dirigeai donc vers le Boulevard des Capucines, et je pris place au Cercle au milieu d’un auditoire assez nombreux.

M. Francisque Sarcey entra. C’est un robuste gaillard, un peu grisonnant, à la mine un peu nonchalante, et même paresseuse. Il a de l’esprit, de la verve, et surtout de la gaieté.

Je remarquai, lorsqu’il entra, qu’il avait un petit volume à demi caché seulement dans la poche de son gilet ; en s’asseyant, il prit ce petit volume, format un peu plus grand qu’in 32°, et nous le montra en disant : « Messieurs, j’ai apporté ce petit volume pour vous le montrer. Ce sont les œuvres d’Alfred de Musset dont M. Lemerre vient de faire une édition elzévirienne. L’idée est sublime, car tout le monde aujourd’hui veut avoir son Musset dans sa poche. Eh bien, ce format, voyez-vous, est fait exprès ; vous mettez cela dans votre gousset ; cela ne vous pèse pas, ni ne vous embarrasse, et vous allez où vous voulez, au bord de la mer, au fond d’un bois, dans un parc solitaire, sur une place publique, dans un omnibus ou en chemin de fer et vous êtes sûr de ne pas vous ennuyer. Pressez-vous MM., de vous le procurer ; car l’édition s’épuise rapidement. »

M. Sarcey sourit avec amabilité, remet le livre dans la poche de son gilet et commence sa conférence.

Voilà comment on fait de la réclame à Paris. Je ne vous dirai pas, parce que je le sais pas, combien l’éditeur Lemerre avait payé à M. Sarcey pour ces quelques paroles.

La conférence — si je puis employer ce mot — m’a désappointé. Au lieu de faire une étude sur l’œuvre de Victor Hugo, le conférencier s’est mis tout uniment à nous en lire des passages qu’il entremêlait de quelques observations élogieuses.

Il y a certainement dans la Légende des Siècles des pages splendides, où Victor Hugo a déployé toutes les ressources de son puissant génie poétique. La Conscience, Puissance égale Bonté, les Lions, le Petit Roi de Galice, Pauvres Gens et plusieurs autres pièces contiennent des vers admirables.

Mais au milieu de ces beautés, que de taches, que de laideurs morales, que de défauts, même littéraires ! Il va sans dire que les ombres littéraires dans l’œuvre d’un tel poête sont presque toujours volontaires ; mais elles n’en choquent que plus le lecteur sans préjugés.

Du reste, on sait que les doctrines religieuses éparses dans la Légende des Siècles sont à peu près tout ce l’on voudra. Le catholicisme, le matérialisme, le panthéisme, le mahométisme, la métempsycose y sont tour-à-tour prêchés dans des poèmes plus ou moins fantastiques ; et le tout est mêlé de déclamations révolutionnaires, de théories creuses, d’utopies nuageuses et d’antithèses impossibles.

Or, M. Francisque Sarcey admire tout cela sans aucune restriction. Il place Victor Hugo sur un piédestal, comme une Pythie antique sur son trépied, et chaque parole qui tombe de ses lèvres lui parait un oracle. Deus, ecce deus semble-t-il s’écrier, et il frémit d’admiration.

Il ne songe pas même à critiquer Sultan Mourad, Plein ciel, la Trompette du Jugement et autres pages de la plus étrange fantaisie ; ce serait un acte d’impiété.

Au reste M. Sarcey n’est pas le seul thuriféraire du grand pontife de la poésie libre penseuse. Ils sont des douzaines qui l’entourent, et qui finiront par lui faire croire que Jésus était moins dieu que lui.

Je n’ai besoin de rien ajouter, lecteurs, sur le Cercle du Boulevard, et vous savez maintenant quelle espèce d’école il est. Malheureusement, ce n’est pas la seule école de ce genre dans Paris. Quelle ne serait pas votre stupéfaction, si vous entendiez tous les enseignements que propagent certaines chaires universitaires !

L’autre jour je suis entré au Collège de France, pour entendre M. Ad. Frank. Autour de sa chaire se groupaient une jeunesse nombreuse, et beaucoup de femmes qui applaudissaient énergiquement le vieux philosophe. C’est un savant et habile conférencier, qui prêche la libre pensée avec certains ménagements qui la font mieux accepter.

Il parlait de M. de Lamennais, et voici en résumé le jugement qu’il portait sur cette intelligence d’élite et sur ses œuvres.

Lamennais était un génie hors ligne que la lecture des œuvres de DeMaistre et de Bonald avait égaré, et jeté dans la théocratie absolue. Mais son esprit s’était insensiblement affranchi de cette influence malsaine et avait reconnu les droits de la pensée et du peuple.

Il avait alors prêché une théocratie mitigée ou contrôlée ; puis, il s’était jeté dans une espèce d’éclectisme, par ce qu’il n’osait pas encore se soustraire à l’influence et aux conseils de la Papauté. Cependant l’évolution de ce grand esprit, et son affranchissement de la servitude cléricale s’accomplissaient peu à peu. Son génie brisait les unes après les autres les entraves dont l’Église l’entourait. Enfin paraissaient les Paroles d’un Croyant, qui étaient le cri de la conscience libre. D’autres œuvres succédaient et consommaient son émancipation, jusqu’à ce qu’il y mit le couronnement par son immortelle Introduction à l’Enfer de Dante.

C’était alors seulement que Lamennais avait enfin vu briller à son regard d’aigle la libre pensée, c’est-à-dire la vérité sans voile.

Quant à Joseph DeMaistre, son maître, M. Frank rendait justice à la noblesse de son caractère et à la distinction de son esprit, mais il l’accusait d’avoir répandu dans le monde des doctrines malsaines qui ont perverti bien des intelligences et causé bien du mal.

Voilà comment on enseigne l’histoire de la philosophie à la jeunesse de France ; et l’on s’étonne après cela qu’elle ait des idées subversives.

Le lendemain, la curiosité m’a fait assister au cours de M. Renan. Au physique, le fameux auteur de la Vie de Jésus ressemble beaucoup à un excellent épicier de Québec. Gros, gras, de taille moyenne, cheveux grisonnants et rares, large visage, nez très proéminent, lèvres épaisses, joues un peu pendantes, menton double et peut-être triple, sans barbe, il eut été un type parfait de ces moines légendaires que leurs ennemis ont représentés comme de si gais viveurs.

Cinq ou six élèves seulement — plus une femme — l’entouraient et prenaient note de sa leçon. Il était debout auprès d’une large planche noire, et tentait d’expliquer à ses rares auditeurs une vieille inscription chaldaïque, je crois. J’avoue que je n’ai pas très bien compris son explication ; mais je m’en suis consolé, par ce que lui-même, arrivé à certain passage de l’inscription, a dû reconnaître qu’il ne pouvait donner qu’une interprétation conjecturale. Il signala plusieurs versions possibles, et finalement déclara qu’il valait mieux mettre un point d’interrogation.

Les élèves mirent consciencieusement leur point d’interrogation, et moi, je mis mon chapeau et sortis.

Laissons M. Renan chercher dans l’étude des langues sémitiques des argumente contre le christianisme — qui saura bien se défendre — et dirigeons nos pas, lecteurs, vers une meilleure école.

Traversons le vaste jardin du Luxembourg, dont les arbres, les fleurs, les pièces d’eau et les statues vont réjouir nos yeux, et nous trouverons au-delà un cercle où nous serons accueillis avec une vive sympathie. Car s’il y a un coin de Paris où le Canada ne soit pas inconnu, c’est là ; s’il y a dans la grande ville un auditoire qui s’intéresse à notre histoire et à notre avenir, c’est le Cercle Catholique du Luxembourg.

J’en ai eu personnellement des preuves, et je n’oublierai jamais l’accueil plus que bienveillant dont j’ai été l’objet, lorsque j’y ai fait une conférence sur le Canada.

Plusieurs journaux parisiens vous l’ont appris ; je saisis cette occasion de faire hommage à mon pays de leurs éloges, et des applaudissements vraiment chaleureux que l’auditoire m’a prodigués. C’est au Canada, et non pas à moi, qu’ils s’adressaient ; je le déclare, sans fausse modestie.

Le Cercle du Luxembourg ne porte pas en vain le titre de catholique, et son but est diamétralement opposé à celui du Boulevard des Capucines.

Nous pouvons donc y entrer sans scrupule et sans crainte ; ni nos croyances, ni nos oreilles ne seront blessées par les discours que nous y entendrons. Au contraire, nous y serons consolés des tristes choses que l’on dit ailleurs, et nous nous reprendrons à espérer que la France n’est pas perdue.

M. Louis Veuillot a écrit un livre que tout le monde connaît : les Odeurs de Paris.

Il y en aurait un autre à faire, le Parfum de Paris ; et vous seriez étonnés d’y compter toutes les œuvres de rénovation religieuse et sociale, et les associations catholiques que cette grande ville possède. Le Cercle Catholique du Luxembourg est une des plus anciennes et des plus utiles aux étudiants.

Ils y trouvent une bibliothèque choisie, des cabinets d’étude, des salles de jeux ; et, deux fois la semaine, ils y peuvent entendre des conférenciers éminents qui joignent l’éloquence à une grande sûreté de doctrine.

Tous les orateurs les plus renommés parmi les catholiques, ecclésiastiques ou laïques, y sont tour à tour invités, et se font un devoir d’y apporter chacun une pierre à l’édifice de l’enseignement catholique.

C’est là qu’il m’a été donné d’entendre, pour la première fois, M. Léon Gautier, qui est un conférencier hors ligne, et l’un des plus charmants esprits de ce cercle.

M. Gautier est un savant, quoique jeune encore. Il est professeur de paléographie à l’école des Chartes, et ses cours ne l’empêchent pas de se livrer aux études littéraires, historiques et religieuses avec une ardeur incomparable.

Vous connaissez son grand ouvrage, les Épopées Françaises, qui a obtenu le grand prix Gobert à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, sa Chanson de Roland qui lui a valu le prix Guizot, ses portraits littéraires qui forment aujourd’hui quatre volumes, ses études sur le moyen-âge et ses autres ouvrages d’archéologie, de critique et d’histoire qui forment encore plusieurs volumes.

Eh bien, au milieu de ces travaux énormes, M. Gautier trouve encore le loisir de venir faire une conférence au Cercle Catholique de temps en temps.

C’est une jouissance que de l’entendre, et il me semble qu’il doit jouir lui-même de parler comme il fait. Car il a le don de remuer son auditoire, de l’émouvoir, et de lui inculquer ses idées, en échange des applaudissements qu’il en reçoit.

Sa parole est pleine de vie, de véhémence et de charme. C’est lui qui connait bien les secrets du conférencier, la pointe qui réveille, l’image qui saisit, la variété qui plait, le sentiment qui émeut.

Il a de plus le courage de ses opinions, et ne recule pas devant l’erreur. Mais autant il déploie de force pour combattre l’impiété, autant il a de charité pour les personnes. C’est une âme aimante qui en parlant des rosiers voudrait vanter les roses et ne pas voir les épines.

Je voudrais bien pouvoir donner une idée de son genre d’éloquence ; mais je sens qu’il faudrait pour cela lui emprunter des citations interminables. Et puis, ses conférences sont tellement raisonnées, enchainées, serrées, que pour en bien juger une partie, il faut connaitre celles qui la précèdent et celles qui la suivent.

Je ne puis qu’en détacher une page qui donnera une idée de sa manière.

Aux savants libres penseurs qui accusent les catholiques de n’être pas libres dans leurs études scientifiques, et de raisonner a priori en s’appuyant sur L’Évangile et sur la Tradition, il fait cette première réponse pleine de franchise et de courage :

« Vous reprochez au catholique de faire de la science a priori ? Mais vous le mépriseriez, et vous auriez le droit de le mépriser, s’il ne procédait pas de la sorte. Comment, je crois de toutes les énergies de mon âme, qu’un Dieu s’est laissé tomber du ciel en terre, qu’il a pris ma chair, qu’il a ouvert ses lèvres, qu’il a professé ici-bas toute vérité. Ce Dieu nous a dit lui-même : « Voilà l’erreur et voici la vérité ; voici la lumière et voilà les ténèbres. » Et vous voudriez qu’à propos de la première découverte scientifique venue, je me demandasse si mon Dieu n’a pas été un ignorant ; s’il a connu la physique aussi bien que Galilée, et l’astronomie aussi bien que Copernic ; si son Incarnation et sa Rédemption n’ont pas été une erreur inutile de cette divinité plus qu’aveugle. Vous prétendez que ma foi soit l’humble servante de la Chimie, de la Géologie et de toutes vos sciences naturelles. Vous exigez que je dise peut-être, quand mon Jésus a dit oui : que je m’écrie à chaque instant « Analysons, étudions, constatons, si le Christ s’est trompé, et si la Bible est dans le faux ; vous voulez que vingt fois, cent fois par jour je remette toute ma foi en question, et que je transforme ma certitude en hésitation ? Non, non, mille fois non ! Si j’agissais ainsi, je n’aurais vraiment pas cette foi pleine, solide, et sûre, qui est le propre des âmes sincèrement catholiques. Si dans toutes les questions nécessaires, je ne jugeais pas à priori je serais un incrédule ou un hypocrite, je manquerais de foi ou de sincérité… J’ai le soleil dans mon intelligence : je ne puis pas l’éteindre pour m’éclairer seulement de vos petits flambeaux. »

Et après ce fier credo, M. Léon Gautier démontre que l’Église n’a pas peur de la lumière ; qu’elle la recherche au contraire, et que personne n’est plus intéressé que le catholique au progrès de la science.

Vous savez comme moi que cette démonstration n’est pas difficile à faire.

Tel est le ton de M. Gautier quand il disserte.

Mais quand il raconte une scène de famille ou quand il décrit un intérieur domestique il faut l’entendre. Il est alors plein d’onction, de naturel, de naïveté et de grâce.

Avant de sortir du Cercle Catholique du Luxembourg, je pourrais encore vous parler de M. Claudio Jannet dont la parole ardente y a fait entendre sur le Canada les accents les plus élogieux et les plus pathétiques, du P. Dulong de Rosnay, qui est un improvisateur plein de feu, et de M. Antonin Rondelet dont j’ai entendu une très belle conférence sur l’Art Épistolaire. Mais il me reste encore à vous faire connaître les Cercles Catholiques d’ouvriers ; et c’est une œuvre tellement importante que je crois devoir lui donner autant d’espace que possible.