À madame la princesse de Conti, sur ce qu’elle s’amusoit à parler en rébus

À madame la princesse de Conti, sur ce qu’elle s’amusoit à parler en rébus
Œuvres de ChaulieuPissotTome 1 (p. 83-84).


À S. A. S. MADAME LA PRINCESSE DE CONTI, FILLE DU ROI


Sur ce qu’elle s’amusoit avec Monseigneur, pendant les voyages de Meudon, à parler en Rébus, en 1703.



Cessez d’affecter un langage
Où règne tant d’obscurité,
Vous dont l’esprit eut en partage
Les graces, la justesse et la vivacité.
Déjà le Dieu de l’Éloquence
En a porté sa plainte aux Cieux ;
Minerve et le pere des Dieux

Avec justice s’en offense,
Elle dont vous tenez la persuasion,
Qu’elle plaça sur votre bouche,
Et cet agrément qui nous touche
Dans votre conversation.
On s’en plaint au Parnasse, on murmure à Cythère ;
Les Muses, les Amours grondent également,
Et disent partout hautement
Que, lorsqu’en ses discours on a le don de plaire,
Il ne faut que parler tout naturellement :
Princesse, quittez donc Logogriphe et Rébus,
Ce sont les vains efforts des esprits de bibus.
Sachez qu’en vous la parole
Ne doit être simplement
Que le gracieux symbole
De ce que vous pensez si délicatement :
Et comme cent rares merveilles
Charmeront tous les yeux dès que l’on vous verra,
Vous enchanterez les oreilles
De quiconque vous entendra.