Poésies de Frédéric Monneron/À ma grand’mère

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XII

À MA GRAND’MÈRE.



 
Ainsi cette mère chérie
Échangea la pâle clarté
Du triste soir de cette vie
Pour l’aube de l’éternité.

Bénissons son heure dernière !
Ne la cherchons plus dans ces lieux.
Rien n’étant parfait sur la terre,
Dieu la rappela dans les cieux.

Adieu donc, tu repars pour un ciel sans nuage ;
Tu mettais ton espoir dans ce grave voyage.
Auprès des séraphins reprenant son essor,
Ton âme sur tes traits a laissé son image :
Au dernier de tes jours tu souriais encor.


Résignée à tes maux, c’était pour ceux des autres
Que tu réservais tous tes pleurs,
Et tes soupirs n’étaient que les échos des nôtres ;
Nos chagrins, tes seules douleurs.

Ah ! venez donc pleurer la plus tendre des mères,
Et rendre sur sa tombe hommage à son amour ;
Mais n’y répandez pas des larmes trop amères.
Dans ses bras, ses enfants se reverront un jour…
La vie est un exil, et la mort le retour !