Le Parnasse contemporain/1866/À ma fenêtre
A MA FENÊTRE
Accoudé quelquefois derrière ma persienne,
Que le soleil discret visite obliquement,
Je regarde passer une parisienne
Qui s’éloigne d’un leste et gai sautillement.
Avec son air mutin, son bonnet de dentelle
Posé sur ses cheveux comme un blanc papillon,
Sa robe à chaque pas soulevée autour d’elle,
Elle fuit, elle fuit, gracieux tourbillon,
Et coupe d’un éclair mon loisir monotone.
Et c’est alors qu’au fond de mon cœur qui s’étonne,
Malgré le froid d’enfer que l’étude répand,
Les écrits, les calculs, les veilles et les rides,
Et tous les nénufars des sciences arides,
Le désir irrité se tord comme un serpent.